Par Patrice Vergès. Il y a juste 60 ans, au salon de Genève 1961, Jaguar dévoilait la Type E qui suscita un immense intérêt de par son surprenante silhouette profilée, ses performances exceptionnelles (240 km/h) et son prix de vente compétitif.
Jaguar Type E : what else ?
Écrit par
Patrice Vergès (Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur , Petites Observations Automobiles)
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- Type de véhicule
- Coupé
- Marque
- Jaguar
- Année
- 1963
- Modèle
- Type E
- dossier
- Les Essais de Patrice
- Tags
- Les Anciennes, Royaume-Uni
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Lundi 8 mars 2021
Écrit par
Patrice Vergès Petites Observations Automobiles - Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur
Membre du Gouvernement POA.
Je vous assure que l'interminable silhouette d'une Jag E surtout en teinte "Red Carmen" aimante encore les regards envieux. Dès qu'on s'arrête, plusieurs personnes se massent autour d'elle tandis que les questions fusent. Vous imaginez en 1961 au sein des Dauphine et autres 403 Peugeot ? Pendant que Jean-Pierre, son heureux propriétaire, leur contait l'histoire de la E dévoilée au salon de Genève 1961, j'observai en détail son étonnante silhouette fuselée signée Malcom Sayer. Tout a été dit, écrit, analysé sur sa ligne fascinante et phallique avec son interminable capot, sa croupe bombée, ses hanches galbées. On peut parler de chef-d'œuvre sur lequel le temps n'a plus son mot à dire.
Une anglaise Américo-suédoise
POA vous a déjà proposé une Jaguar Série 1 4,2 l cabriolet. Cette fois, c'est un coupé en motorisation 3,8 l plus ancien. Cocasserie des règles de la collection, elle bénéficie d'une cote bien plus élevée que la 4,2 l et si c'était une 1962 à plancher plat dites "Flat-four "dans laquelle je n'aurais pas pu entrer, c'aurait été bien pire. Jean-Pierre raconte. "J'aime la marque Jaguar depuis mon enfance. Pour moi, rouler en Jaguar, c'est un rêve de gosse. Je possède déjà une Jaguar 3,8 l MK2 1963 qui était une voiture extraordinaire puisque c'était la seule berline au monde à atteindre 200 km/h. Mon épouse a vu une Jaguar E dont la silhouette toute en rondeurs l'a charmée. Comme je souhaitais partager ma passion avec elle, lors des rallyes d'anciennes auxquels nous participons, j'ai décidé d'en acheter une début 2020 ".
Par un concours de circonstances, il en déniche une en Suède provenant des USA où elle avait vendue en 1963. Entièrement restaurée bien que "Matching Numbers", la E semble être dans un état exceptionnel poussant Jean-Pierre à l'acheter sur photos. Il n'a pas été déçu puisque sa Jaguar semble être sortie récemment de l'usine de Coventry. " C'est vrai, elle est dans un état étonnant autant carrosserie que mécanique. J'ai un épais dossier complet de tout ce qui a été refait. Pour être repeinte, sa carrosserie à même été démontée pièces par pièces. On va aller faire un tour ! "
5 victoires au 24 heures du Mans
Pas question, car c'est très long, de vous raconter la saga de la E produite de 1961 à 1975 autant en 6 cylindres qu'en 12 depuis 1971. La majorité a été fabriquée en motorisation 6 cylindres 3,8 l et 4,2 en version coupé (54 700 unités). Cette dernière était propulsée par le fameux 6 cylindres en ligne double-arbre type HK d'une cylindrée de 3,8 l jusqu'en 1965 Ce moteur né en 1948 sur la XK 120 peut se targuer d'avoir remporté 5 fois les 24 Heures du mans entre 1951 et 1957. Sur ce modèle, il délivrait 268 ch SAE à 5 500 tr/mn (autour de 210 DIN), un chiffre qui faisait rêver en 1961 quand on sait qu'une 2 CV en livrait que 12.
240 km/h en 1961 !
Il lui permettait de frôler les 240 km/h et d'engloutir le 1000 mètres en 28 secondes. Des performances exploitables de par sa tenue de route exceptionnelle grâce à ses 4 roues indépendantes particulièrement à sa suspension arrière très sophistiquée. Pour s'arrêter, elle disposait de quatre disques Dunlop qui l'avaient aidée à s'imposer aux 24 heures du Mans 1953.
Grâce à sa fabrication industrielle et une recherche poussé du prix de revient imposé par Lyons, elle était offerte à un tarif hyper compétitif, moins de 40 000 francs 1961 (70/80 000 euros). Certes, c'était le montant de 8 2 CV mais il restait 40 % inférieur à celui d'une Ferrari 250 GTE ou Aston Martin DB4 offrant les mêmes performances.
"Dé-com-po-ser"
L'accès à bord n'est pas facile et il faut d'abord s'asseoir par l'arrière et se débrouiller avec ses jambes mais j'ai vu pire en ce moment. Les yeux sont éblouis par la planche de bord parsemée de cadrans ronds Smiths. Les 3,8 l se caractérisent par leur platine centrale en alu et leur siège baquet plus esthétiques mais moins confortables que ceux de la 4,2. " Elle a encore la boîte Moss dont la 1ere n'est pas synchronisée et qui fait un bruit de marche arrière. Il faut dé-com-po-ser les rapports si on veut qu'ils passent sans accrocher. Les freins ne sont que des ralentisseurs. "Certains montent des étriers à 4 pistons qui améliorent le freinage qui reste son point faible. La mienne ne chauffe pas car elle dispose d'un ventilateur électrique commandé manuellement. Tu vas voir, elle marche fort" explique son propriétaire.
Un feulement sourd
Moteur chaud, Jean Pierre fait grimper l'aiguille blanche du grand compte-tours. Tandis que l'essieu arrière se tasse sur le goudron, le bossage de capot se fait plus présent à travers l'étroit pare-brise mangé par les trois essuie-glaces. Le feulement sourd des 6 cylindres s'éclaircit tandis que la poussée se fait plus vigoureuse. " Elle marche beaucoup plus fort que ma MK2 qui n'a que deux carburateurs contre trois pour la E" m'explique son conducteur. En plus, le 3,8 l était plus sauvage que le 4,2 l développant la même puissance.
Depuis sa première Karmann Ghia, notre passionné a possédé une dizaine d'anciennes dont une Porsche 914 préparée et berline Daimler V8 2,5 l. Mais sa Type E a quelque chose en plus que les autres n'avaient pas. " Tu vois, c'est une voiture qui me fait vivre quelque chose. D'un rêve d'enfant, c'est devenu un rêve d'adulte". La différence entre les enfants et les adultes est que ces derniers rêvent réveillés alors que les enfants rêvent en dormant.
La Jaguar E 1963 de série 1 produite jusqu'en 1967 se reconnait à ses phares sous globes et petite calandre en forme de bouche
Sous cet angle, elle laisse mieux voir sa poupe râblée qui fit souvent préférer le coupé au cabriolet moins typé
Cette photo permet de mieux de se rendre compte de la longueur du capot opposée à celle de l'habitacle. La E mesure 4,44m de long contre 1,22 m en hauteur
Extraordinaire planche de bord, volant bois, instrumentation Smiths en miles sur cette version US
La 3,8 L était équipée de baquets au dossier non réglables qui seront remplacés par des sièges plus moelleux sur la 4,2 l
Le magnifique 6 cylindres en ligne HK de 3781 cm3 coté échappement. En compétition, il délivra jusqu' à 300 ch
Le double-arbre longue course coté admission confiée à trois carburateurs SU
L'ouverture du coffre de dimension assez réduite se faisait par ce hayon à ouverture latérale. Remarquez les deux échappements type moto
Boite Moss commandée par un court levier s'opposant à la longueur du frein à main
Les manomètres centraux étaient montés sur une superbe platine en aluminium guilloché sur les 3,8 l
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