Par Patrice Vergès. En attendant que l'équipe de POA revienne en images animées sur la Honda e, voici quelques impressions recueillies après l'avoir conduite sur une cinquantaine de kilomètres.
En règle générale, on achète une voiture électrique justement parce qu'elle est électrique. J'imagine que parmi les 1000 acheteurs auxquels Honda France espère vendre une Honda e, cette année, un grand nombre sera d'abord tenté uniquement par son design fluide et craquant inspiré par la N600 de la fin des sixties. Ensuite, par sa fascinante planche de bord faisant songer à une immense tablette comprenant une succession de trois grandes dalles, avec en point d'orgue, ses rétroviseurs qui ont la forme d'écrans de 6 pouces alimentés par des retro-caméras. Modernité qui demande un certain temps d'adaptation et dont je n'ai pas eu le temps d'appréhender toutes les applications et fonctions manuelles et sonores en l'interpelant.
Toute ressemblance avec la N600 ne serait pas une pure coïncidence
A première vue, la Honda ne semble compter que deux portes alors qu'elle en a quatre
Confortable et facile à vivre
Même après avoir essayé 1600 voitures, il y a matière à se sentir un peu perdu en pénétrant dans l'habitacle où tout commence par une poignée extérieure qui vous tend les doigts pour mieux ouvrir la porte. Habitacle très accessible grâce à la hauteur de 1,51 m supérieure à celle des e-208 Peugeot ou Corsa pour un grand gabarit avec en prime, une meilleure visibilité périphérique interne.
Et l'électrique ? On va y venir. Habitacle étonnant dont la modernité très actuelle se heurte avec délice avec l'habillage en bois veiné très sixties et au dessin rétro du moyeu du volant toujours inspirés par la N600. Les sièges comme ceux de la nouvelle Jazz sont étonnement confortables, il y a beaucoup de volume devant de même qu'à l'arrière malgré la batterie située sous le siège. Mais pas du tout dans la boîte à gants (on pourrait l'écrire au singulier) et encore moins dans le coffre de 170 dm3, cette fois, par la faute du moteur placé à l'arrière comme celui de la Twingo.
En effet, la Honda e est une propulsion. Rassurez vous, il n'y a pas de place non plus sous le capot mais l'avantage du moteur arrière, lui permet d'offrir un rayon de étonnant braquage qui autorise à tourner sur place malgré ses 3,90 m. Soit un mètre de plus que notre fameuse 600 référence et presque trois fois son poids avec plus 1500 kilos à se coltiner. C'est le progrès !
La poignée vous tend la main dès que le contact entre elle et vous est établi
Étonnante planche de bord constituée d'une succession de dalles !
La visibilité des rétroviseurs est exceptionnelle
Des cameras de rétrovision remplacent les rétroviseurs
Petite batterie, grande puissance
Sa batterie lithium-ion refroidie par eau avoue une capacité de 35,5 kWh seulement, inférieure aux 50 kWh des ses concurrentes françaises la Zoe et la Peugeot e-208 voire Opel Corsa. Vous me voyez venir, cela signifie que la Honda e est créditée d'une autonomie inférieure avec une moyenne qui varie selon le poids du pied sur l'accélérateur, entre 170 et 220 km. Ce peut être un gros inconvénient selon l'usage qu'on fera de cette voiture et la facilité de sa recharge. Justement, le seul avantage d'une batterie moins puissante, est de se recharger plus vite (6 heures avec une Wallbox de 32A). C'est un choix assumé par la Japonais qui présente plutôt sa Honda e comme une citadine plutôt qu'une routière avec l'argument déjà souvent cité qu'on parcourt en moyenne que 70 km par jour.
154 ch quand même !
En revanche, Honda en motoriste émérite, n'a pas lésiné sur la puissance du moteur électrique qui délivre 154 chevaux et qui en fait la plus musclée des électriques (il existe une version 136 ch moins chère). Forte de ses 315 Nm, elle accélère comme une balle dans une silence de cathédrale avec une vitesse de pointe limitée à 145 km/h pour une raison qu'on comprend quand on sait qu'à cette allure, la consommation d'une voiture électrique dont ce n'est pas la vocation, devient effrayante !
La Honda e offre un bon confort de suspension auquel je ne m'attendais guère. Grace aux palettes situées au volant, j'ai pu jouer avec la e-pédale régénératrice qui permet de se passer pratiquement de freins selon le réglage choisi. Pas toujours évident à maîtriser mais sur certains parcours tourmentés, ce peut être sympathique.
Calculez vous même : 16,4 kWh aux 100 km avec une batterie de 35, 5 kWh, ça donne une autonomie de ? Marche avant et arrière, c'est tout !
L'électronique ; un faux progrès ?
Il se fait que j'ai pu essayer de conserve (j'adore ce mot) sur ce même parcours, quelques dizaines de minutes plus tard, l'Opel Corsa électrique qui fera l'objet d'une future prise en main. La Corsa est une traction, la Honda une propulsion. La conduite de ces deux voiture devrait être aux antipodes l'une des l'autre. Je n'ai pratiquement trouvé aucune différence à leur volant à assistance électrique, ce qui m'a fortement troublé surtout quand on a conduit pas mal de véhicules à moteur arrière. Certainement le miracle de l'électronique qui annihile toute différence et certainement du moteur électrique qui enlève de la personnalité qui générant les mêmes sensations autant auditives que physiques. Est ce un progrès ? Je ne sais pas.
La Honda e est proposée à un tarif élevé s'articulant de 35 060 euros pour la version 136 ch à 38 060 euros pour la 154 ch mieux équipée notamment avec les fameuses cameras de retrovision. Somme à laquelle on peut ajouter la peinture spéciale de la voiture photographiée (660 euros) chaussée en 17 pouces contre 16 de série. Option gratuite dont le vice est d'accroître la consommation électrique de 5%, réduire le confort mais lui offrir un physique encore plus craquant.
Somme à laquelle il faut soustraire le bonus porté à 7000 euros pour les voitures vendues moins de 45 000 euros. Soit en gros, 30 000 balles ! Tarifs qui se situent dans le panier haut de celui de ses concurrentes déjà citées. En pastichant la publicité moto de Honda destinée aux USA au début des années soixante : "You meet the nicest people on a Honda ", on pourrait dire que "C'est en Honda que l'on rencontre les gens les plus sympathiques. J'y penserai chaque fois que je croiserai une Honda e !
On peut choisir entre les jantes de 16 ou 17 pouces selon ses goûts
Pour ceux qui n'aiment pas les chiffres, on peut voir un décor plus bucolique sur les écrans
Le moyeu du volant rappelle celui des N600
🇯🇵La Honda e s'inspire de la N600 lancée fin 1967, modelé qui a permis au japonais de devenir un grand constructeur
L’avis des Petits Observateurs
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