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Saga des voitures moches (12) : Ferrari Dino 246 GT, inamicalement votre

Dans un océan de voitures sublimes, Ferrari a produit un ilot de modèles techniquement loupés ou esthétiquement moches. Il y a la 308 GT4 et surtout la Dino 246 GT qui cumulait autant un ratage technologique qu’esthétique

Par Monsieur Patrice Vergès

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Les ailes trop hautes masquaient la visibilité. Pour permettre l’ouverture de la fenêtre, la prise d’air avait été repoussée

La légende prétend que le vieil Enzo l’aurait trouvé tellement moche qu’il aurait refusé qu’elle s’appelle Ferrari. Issu d’un concept-car de salon à moteur central dessiné par Pininfarina en 1965, Maranello pris par l’urgence, accepta à contrecœur d’en dériver un coupé GT de production. Pourquoi ? La CSI exigeait que dorénavant les moteurs de monoplaces de F2 soient dérivés d’un bloc produit à 500 exemplaires par an. Au départ, il ne s’agissait que d’en produire 500 pour respecter le règlement. Tout cela pour vous dire que la première 206 GT dévoilée en 1967 tenait plus du bricolage rapide et du bric à brac technique que d’une étude poussée. Son 2 litres V6 à 65 degrés tout en alu qui, dans l’affaire, avait adopté une position transversale cassait comme du verre, sa carrosserie en alu façonnée à la main par Scaglietti se déchirait, son habitacle trop étriqué refoulait les odeurs d’huile, d’essence et d’échappement. D’ailleurs Ferrari n’arriva pas l’homologuer puisque seulement 150 206 GT furent fabriquées jusqu’en 1968. C’est la version cabriolet et coupé siglé Fiat à moteur avant qui permit aux F2 de pouvoir courir. Fiat qui racheta Ferrari cette année là, hérita de cette engeance.

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Si l’arrière était plus réussi sur la 246, la lunette arrière cintrée déformait la visibilité

 

Ailes avant trop hautes, prises d’air maladroites

Enzo Ferrari détestait la silhouette de la Dino qu’il jugeait maladroite et indigne du prénom de son regretté fils. Pininfarina l’avait dessinée en songeant vaguement au prototype Ferrari P4 en réduction ou bien à ses impôts à payer. Ses ailes avant trop hautes pour laisser passer les jantes de 14 pouces offraient une visibilité déplorable en courbe, ses prises d’air des flancs censées évoquer celles en creux de la sublime P4 furent repoussées et tassées dans les ailes car elles empêchaient les glaces de descendre, la pente du toit était à la fois trop molle et surtout trop courte. Quant à l’originale lunette arrière concave qui n’était pas la partie la plus ratée, elle déformait tant la vision que certains propriétaires de 206 reculèrent en tout bonne foi en croyant être à deux mètres d’un obstacle alors qu’ils n’étaient qu’à 50 cm.

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 La planche de bord était réussie mais la finition laissait à déplorer

 Les sièges manquaient de maintien latéral et de recul pour les grands gabarits 

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Fiat repris urgemment les choses en main. L’allongement de l’empattement de 5 cm et surtout de 10 cm de la partie arrière permit de proposer une poupe plus fluide. Mais celle-ci resta encore déséquilibrée par rapport à l’avant trop long et trop exposé en ville. L’aluminium fut abandonné au profit d’une vulgaire tôle plus rigide. Mais ce fut un bien pour un mal car l’acier Fiat de médiocre qualité pourrissait si vite que certaines 246 GT étaient déjà piquées de rouille à la livraison.

Fiat sauve les meubles

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Le V6 de 2,4 l était de conception ancienne puisqu’il était dérivé d’un bloc étudié dans les années 50. Sa fiabilité n’était pas sa plus grande qualité

 

Fiat reprit le moteur. En fait, il redessina un nouveau moteur, plus rigide car coulé en fonte et pour tenter de gagner des chevaux pas très galopants, fit grimper sa cylindrée de 2 à 2,4 litres d’où le nom de 246 GT. Il était donné pour 195 ch, une puissance très exagérée, plus proche de 175 ch dans la réalité. D’ailleurs c’est avec cette puissance qu’elle était vendue aux USA. Las, elle restait exagérément bruyante, aussi étriquée à l’intérieur, toujours peu fiable autant au niveau du moteur que de la boîte transversale terriblement fragile, que de la partie électrique. Pas dupes, les clients ne se bousculèrent pas puisque en quatre ans seulement 3700 acceptèrent de signer un chèque plutôt coquet contre 50 000 pour une Porche 911. En 1974 elle céda sa place à la 308 GT4 ; une autre horreur dont la seule vertu est de permettre de rouler, aujourd’hui, en Ferrari pour le prix d’une banale Peugeot 308.

On dit que la laideur est supérieure à la beauté parce qu’elle dure. Ce n’est pas tout à fait vrai pour la Dino 246 GT. Celle-ci a été une voiture moche seulement une journée. Celle du 1er avril. Poisson d’avril……

PS. Si rien n’est vrai, tout n’est pas inexact.

 

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Lundi 31 mars 2014

L’avis des Petits Observateurs

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