Par Patrice Vergès. Luc avait deux amours en matière d'automobile dans sa vie : la Berlinette Alpine achetée à 20 ans à l'époque où elle ne valait plus grand chose et la Porsche Carrera acquise 40 ans plus tard où elle vaut bien davantage.
Nous sommes sur l'ancien grand circuit de Charade redevenu une route départementale. Long de 8 km, riche de 51 virages, le grand tracé de ce circuit de montagne se caractérisait par sa terrifiante descente où, en 1972, date du dernier Grand Prix, les Formule 1 déboulaient à 270 km/h en frôlant les rochers ! Le gros flat-six ronronne comme un gros chat et, glaces entrouvertes, nos oreilles se régalent de son feulement métallique qui nous déroule toute sa gamme sonore, des notes graves aux plus aigues. L'orchestre est un moteur 6 cylindres refroidi par air de 3,2 l et 231 chevaux. Nous sommes dans une Porsche Carrera 3,2 l qui semble sortir de la concession tant elle paraît neuve. Pourtant elle est âgée de plus de 30 ans et totalise 170 000 Km au compteur.
Je recherchais l'introuvable
"Je savais exactement ce que je cherchais", explique Luc. " Une Porsche Carrera 3,2 l à boîte de vitesses G50 produite seulement entre 1987 et 1989. Pour moi, c'est la vraie Porsche sans direction assistée. Je la voulais de couleur blanche, pas Targa et sans clim. Inutile de dire que mes exigences rétrécissaient sérieusement le choix. Un intermédiaire spécialiste des anciennes chargé de la rechercher m'avait dit, c'est introuvable ! Non seulement, il l'a trouvée en quelques jours mais dans un état exceptionnel ".
Effectivement sa Porsche semble neuve malgré sa peinture d'origine tandis qu'à l'intérieur il en est de même pour les moquettes ou les garnitures et la planche de bord. C'est étonnant ! Le moteur qui n'a jamais été refait, pète la santé malgré ses 170 000 km et le carnet d'entretien rempli par ses quatre précédents propriétaires prouve l'entretien méticuleux et les révisions dont elle a bénéficiés en 31 ans d'existence. Aucun bruit ne sourd sur mauvais revêtements, les vitesses passent comme du beurre et le moteur ne laisse même pas fuir une goutte d'huile. C'est rare sur le flat-six. La robustesse des Porsche ne semble pas être une légende.
Découvrir les circuits à son volant
Par rapport à la Carrera de série vendue en 1987, elle était équipée en option du gros aileron de la Turbo lié à la lame à l'avant pour caler l'aérodynamique. Luc n'a rien à cacher au lecteur de POA. "Je l'ai payée 58 000 euros ce qui est le prix d'une voiture en cet état. Elle a été expertisée à 65 000 et je suis certain que je ne perdrais pas d'argent avec même si ce n'était pas le but de la manœuvre. Je roule en Porsche et je suis heureux. " Rappelons qu'en 1987, une Porsche Carrera coûtait 350 000 francs soit l'équivalent d'environ 100 000 euros de 2018, tarif d'une 911 actuelle. Remarque destinée à ceux qui imaginent que l'auto ancienne est le placement du siècle.
Depuis qu'il a acheté sa Porsche, au sein d'un des clubs de la marque, Luc en profite pour découvrir les circuits de vitesse qui l'ont fait tant rêver dans sa jeunesse. Avant Charade, parcouru aujourd'hui à une petite allure, il a pu tourner il y a peu sur l'enfer des 22 km du Nürburgring et avant sur celui d'Hockenheim où sa voiture à fonctionné comme une montre suisse et où il a pu tester ses 230 chevaux et la conduite assez pointue de ce modèle (répartition des masses de 40/60) qui en fait d'ailleurs tout son charme. Pour mémoire, une Carrera 3,2 l pointait à 250 km/h et avalait les 1000 mètres en 26 secondes.
Créateur d'un magazine automobile
A l'époque où j'ai connu Luc, je roulais justement en Porsche 911 Targa qui pissait méchamment l'huile et lui en rarissime Berlinette Alpine 1500. Avec son complice Bernard Rahon, il venait de lancer un magazine de sport automobile qui s'appelait Slick. Ils m'avaient demandé de participer à l'aventure ce que j'avais acceptée sous un faux nom (Sègrev anagramme de Vergès) car je travaillais alors à Échappement qui était plus ou moins concurrent. L'aventure a duré moins trois ans et 23 numéro avant que le créateur de la revue Échappement le rachète pour l'arrêter évidemment peu après. Slick a vendu jusqu'à 25 000 exemplaires ce qui était insuffisant en ces temps pour survivre mais qui rendrait bien heureux aujourd'hui tous les éditeurs de presse automobile.
Entendre la symphonie d'un moteur de Porsche et tourner sur le vieux géant auvergnat a ravivé aussi bien des souvenirs en moi puisque j'ai commencé à " limer" ses 51 virages à 14 ans au guidon d'une Mobylette. Quand on demande à Luc quelle voiture le fait encore rêver, il répond bien évidemment sa Porsche et si on insiste un peu, il lâche une Porsche GT3 en précisant " C'est du domaine du rêve pur". Comme disait un grand poète "on ne meurt pas d'une overdose de rêve ".
L’avis des Petits Observateurs
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