Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Les autos de notre enfance… quel programme ! Merci au Roi Nabu de nous faire partager ce moment et cette émotion… On t’aime Nabu.
Il y a tellement d’autos qui se bousculent dans le coffre à jouets de mes souvenirs d’enfance que je ne sais de laquelle parler.
Vers la fin des sixties nous passions, mon frangin et moi, plus de temps avec nos grands-parents qu’avec nos propres parents affairés à faire bouillir la marmite. Je ne leur en veux pas et n’en ai d’ailleurs aucun regret, tant il s’est établi de complicité et d’amour entre nos aïeux et nous qui permirent de nous forger de merveilleux souvenirs.
Après la Dauphine rouge, Papy reçu de la Mairie une Ami 8 break bleue Danube. Il dirigeait le Syndicat d’Initiative local, un parent de l’Office de Tourisme.
La quinzaine commerciale, le vélo-club, le critérium, sa nocturne qui célébrait la quinzaine, la Boule, on ne disait pas la Pétanque car on pratiquait aussi la Lyonnaise, Mireille Mathieu sous le chapiteau en clôture de la kermesse, la vogue, le marché, c’était toute sa vie à mon Papy, du moins celle que j’ai connue gamin.
Et puis il y avait les grandes vacances chez les cousins à Saint-Raphaël. Prendre la route était un voyage qui s’étalait sur deux jours. Il n’y avait pas encore l’autoroute et divers variantes étaient possibles. Le plan de bataille se dressait à la carte Michelin, puis le challenge était de réussir à conserver la foutue moyenne calculée.
Bien entendu il fallait que l’auto soit réglée aux petits oignons. Les Pompiers, qui avaient un service mécanique, s’en chargeaient. L’ami 8 marchait toujours au poil. Privilège de l’époque et de la fonction, c’est du moins ainsi que cela est classifié dans ma mémoire, la municipalité lui laissait s’en servir à l’occasion de ses déplacements privés.
Papy la bichonnait comme personne, cela probablement parce qu’avec son traitement, jamais il n’aurait pu s’en offrir une, disons, aussi belle.
À l’intérieur, l’Ami 8 dégageait une odeur particulière que je saurais reconnaître entre mille mais qu’il m’est difficile de décrire sinon de vous dire qu’elle sentait bon l’enfance, l’innocence de deux frangins d’une dizaine d’années qui écarquillaient grands leurs yeux et leurs oreilles, avides du moindre évènement dans le paysage qui défilait tout autour plus ou moins vite.
Me revient en bouche le suc des pastilles Pulmoll dans leur boite rouge métal, que Papy avait toujours le bon goût d’avoir à bord et que Mamie nous donnait à sucer à la moindre quinte de toux. Inutile de préciser que nos maux de gorges se déclenchaient dès notre installation à l’arrière…
Et puis la longue montée vers Lus-La-Croix-Haute. La N75. Une épreuve d’anthologie pour le petit bicylindre qui s’époumonait aux premiers pourcentages. Sa voix couvrait bien vite celle d’Henri Salvador qui s’échappait sporadiquement du transistor. À chaque rétrogradage actionné par le bras à coulisse qui sortait à l’horizontale de la planche de bord, le birotor donnait tout ce qu’il pouvait mais lâchait irrémissiblement en vitesse sous la charge écrasante…
Au sommet, une halte s’imposait pour laisser refroidir l’auto. Pendant que Papy s’affairait sur les niveaux, Mamie étendait la nappe au sol sur laquelle le panier pique-nique n’attendait que nos bouches de garnements affamés. « Chers amis, bonjour… » Le Continental Edison distillait la douce voix de Lucien Jeunesse et les secondes s’égrenaient au jeu des mille francs « Ting… Ting… ».
À chaque étape, Papy avait toujours un bon mot. A La Croix-Haute, il plantait ses pieds de chaque côté du col et nous donnait la leçon de géographie : « Voyez les enfants, ici s’arrête la m’Isère, et là blatère le Drôme-adaire ».
Puis c’était la descente, longue elle aussi, interminable. La Citroën reprenait de l’allure, vibrant de toutes ses tôles, elle filait maintenant à toute berzingue en direction de Sisteron. Sis-té-ron’, té’, ça chante comme une cigale ; Bienvenu dans le midi. Manosque, Draguignan, Le Muy et enfin Saint-Raphaël. Des senteurs de lavande et de station-service, des courbes penchées et des enfilades de platanes, des odeurs de thym et de station-service, encore des enfilades de platanes, le Commissaire Pélican et Glup’sville chez Esso, c’était vraiment la route du bonheur.
Je sais qu’en silence Papy rêvait de la 8 Super. Puis le temps a passé. Une courte retraite et il s’en est allé rejoindre Mamie. Puis ce fut mon frangin…
Mes yeux s’embrument, mon regard se voile, mais mes souvenirs restent entiers…
A mes enfants et petits-enfants…
Papy-Nabuchodonosor
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Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA !
Merci.
Souvenirs d'Autos • Citroën
Souvenirs d'Auto (294) L'Ami 8 de Papy
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- Type de véhicule
- Break
- Marque
- Citroën
- Année
- 1969
- Modèle
- Ami 8
- dossier
- Souvenirs d'Autos
- Tags
- Les Anciennes, France
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Vendredi 4 septembre 2020
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