Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Cette histoire, que dis-je, cette épopée, ce moment de vie réelle, ce suspens torride m’a été envoyé par Pierre Boivin qui a la grande qualité de vivre dans le passé (car « c’était mieux avant », bien sûr !)
Nous sommes par une fraîche après-midi automnale, sur la LINO dijonnaise (rien à voir avec le revêtement de sol que l’on adore, il s’agit du périphérique), en voiture, mon cher et tendre et moi-même.
Tous deux ultra-passionnés par l’automobile et tout spécialement les Citroën, nous avons le chic pour repérer des vieilles chevronnées qui passent dans notre spectre visuel.
Tout à coup, alors que nous remontons Dijon par les extérieurs à vive allure, que voit-on en contrebas au loin ? Une GS break noire. J’entends mon ami s’exclamer alors :
- Oh tu as vu ça ? Je veux aller la voir ! Il faut qu’on la trouve ! Viens, on prend la prochaine sortie !
Soit, allons-y gaiement ! Je ne suis pas le bon candidat pour refreiner les envies de voiture…
Être un couple de passionnés a ses avantages, et aussi ses inconvénients.
Cela dit, après quelques pérégrinations, nous trouvons le camp de gens du voyage, plutôt axé ferraillage, avec quelques autos à vendre, dont la GS.
Je passe les détails, mais après de longues discussions et négociations, ainsi qu’une nuit de sommeil pour y voir plus clair, on décide d’acheter l’engin et d’aller le récupérer.
Quelques centaines d’euros et un remorquage plus tard, la voilà à la maison, cette bien curieuse GSpécial break noire inexistante au catalogue, le noir n’avait pu être disponible que sur commande spéciale !!
N’en sachant pas davantage, on reçoit un SMS de notre ami le ferrailleur de Dijon, qui nous donne les coordonnées de la dame chez qui l’auto a été repêchée initialement, afin de pouvoir récupérer les papiers et un bout d’historique.
C’est là que l’histoire devient croustillante, puisque mieux qu’un historique papier, la dame nous a raconté toute l’histoire de la voiture.
Cette dame, n’est autre que la fille d’un ancien employé de l’ambassade des États-Unis à Paris. Mort quasi-centenaire, le monsieur était employé là-bas dans les années 70, et la GS lui avait été commandée (en noir, naturellement) par l’ambassade, comme véhicule de fonction.
Lorsqu’il a pris sa retraite, il a racheté la GS à l’ambassade, a déménagé à Dijon, et roulait très occasionnellement avec.
Un beau jour de 1991, sa fille et son beau-fils rentrent des États-Unis pour le voir.
Le beau-fils demande à beau-Papa s’il peut emprunter la GS pour aller faire deux courses à Dijon. Sauf qu’en chemin, il cartonne l’auto !
Le patriarche prononça alors cette phrase définitive :
- Faites-moi réparer ce pare-chocs, et qu’on ne touche plus à ma GS !
En nous racontant cette histoire, la fille de ce monsieur nous dit avec un sourire nostalgique et son accent américain savoureux :
- Oh, ce fut vraiment pour ainsi dire, l’incident diplomatique, haha !
Toujours est-il que depuis 1991 et jusqu’à la mort de l’ambassadeur, la GS n’a plus roulé. Mais elle a été stockée amoureusement en garage, sous bâche, ce qui explique son état de préservation remarquable, et son kilométrage gargantuesque de 23.000 km !
Après recherches, nous apprendrons également qu’à part cette GS, la seule phase 1 noire connue au bataillon n’est autre que la berline de Tante Yvonne, l’illustre femme du Général de Gaulle, si cher à POA.
Cette rubrique est aussi la vôtre !
Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA !
Merci.
L’avis des Petits Observateurs
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