Par Patrice Vergès. Bruno roule au volant d’une Traction Avant 15-Six de 1951. Une voiture qui le fascinait depuis son adolescence.
Les arbres de la route se reflètent, anamorphosés, dans la rotondité chromée des gros phares bien visibles à travers l’étroit pare-brise entrouvert. Si vous n’avez jamais roulé dans une Traction surtout dans une 15-Six, les mots sont trop faibles pour exprimer toutes les perceptions olfactives, sonores, physiques que cette voiture nourrit. D’abord ce son lourd des 6 cylindres bien nourris qui respirent une force tranquille. Cet habitacle autant exigu à l’avant qu’il est généreux à l’arrière. Et tout le reste. Bruno possède de belles voitures de collection dans son garage mais c’est la Traction qui prend le plus de place dans son cœur fraichement disponible...
La 15-six se reconnaissait de la 11 par son capot allongé et des chromes supplémentaires à partir des années 50, notamment une calandre chromée et les pare-chocs horizontaux plus massifs
Bruno roule depuis 2003 au volant de cette 15-Six dont la valeur a explosé ces dernières années
Le mari de l’institutrice
« Enfant, mon institutrice s’appelait madame Latouille. Puis, vers 16 ans, déjà passionné de voitures anciennes, je l’ai retrouvée dans une concentration avec son mari. Il possédait une Traction 15-Six de 1951. Je suis monté avec eux, et j’ai eu le coup de foudre. Une révélation. Ce n’est qu’en 2003, que j’ai acheté cette voiture car je ne voulais pas n’importe quelle 15, mais un modèle 1951 identique à celle de monsieur Latouille. Avec le la male plate, les gros pare-chocs et les trois baguettes sur la planche de bord. Ce modèle et pas un autre ! Elle avait déjà été restaurée dans les années 80 et je n’ai effectué dessus qu’un entretien classique (freins-pneus-segmentation).
La planche bord du modèle 51. Remarquez la taille du volant indispensable vue la fermeté de la direction et la commande de boîte au tableau de bord ; le summum de la modernité en 1934
Il y avait une place folle pour les jambes à l’arrière de la Traction qui fut la voiture préférée du général de Gaulle. S’en extraire ou s’asseoir exige une gymnastique particulière
« La Reine de la Route »
Rappelons aux rares (je n’ai pas dit ignares) qui ignoreraient que la Traction Avant produite de 1934 à 1957 était offerte principalement en deux cylindrées et deux carrosseries. Une 4 cylindres de 1911 cm3 dite Légère et une plus grosse baptisée Normale. Sortie en 1938 sur la base de la Normale, la 15-Six fabriquée jusqu’en 1955 se signalait par son capot allongé afin d’accueillir un gros 6 cylindres en ligne de près de 2,9 l donné pour 15 CV fiscaux (16 en réalité) qui lui avait donné son nom.
Dérivé du 4 cylindres 1,9 l, le 6 cylindres en ligne de prés de 2,9 l de cylindrée developpait 77 à 80 ch avec un coupe maous-costaud limitant l’utilisation (ferme) du levier de vitesses
Avec ses presque 80 ch et ses 135 km/h et surtout sa tenue de route exceptionnelle en 1938, la 15-Six fut surnommée « La Reine de la Route ». Un titre mérité. Mais elle n’évolua pas assez au long des années 50 et son esthétique démodée, sa fiscalité élevée et sa gourmandise (15 à 20 litres) clairsemèrent sa cliente et il n’en fut fabriquée que 44 500 contre plus de 710 000 pour la 11 bien plus fréquente. Sous le nom de « H », elle testa la suspension de la future DS en 1954. D’ailleurs, il suffit de rouler à l’arrière d’une Traction pour se rendre compte de la raideur de la suspension à barres de torsion que les gros sièges Pullman montés uniquement sur la 15 ne parviennent pas à masquer tout à fait.
Que la force soit avec toi
« Tout me plait dans cette voiture. Son histoire, son image autant connotée Gestapo que FFI, sa silhouette aux ailes rapportées car j’ai un faible pour les voitures des années 30 (Bruno possède également une sublime Panhard Panoramic), le couple colossal de son moteur, son bruit fabuleux, la respectabilité qu’elle dégage, sa tenue de route exceptionnelle » avoue Bruno. Une balade à ses cotés fait ressortir tout le charme de cette voiture qui exige une conduite toute en force à cause de la direction dure et de la fermeté de toutes les commandes. Mais assistées comme l’étaient celles de la DS, la Traction ne serait plus une Traction dont les vices sont devenus sa meilleure qualité et surtout concourent à sa formidable personnalité.
La balade s’achève. Sophie, sa petite Fille de 4 ans, jolie comme un cœur nous rejoint. Elle adore aller faire un tour en Traction et déjà parcourt le magazine de camions « Charge Utile » pour regarder les photos. Elle est déjà aussi passionnée par la voiture ancienne. « Papa, je voudrais que tu achètes une 2 CV ». Pour mieux comprendre les enfants, il faut rester enfant, sois même.
On avait très froid l’hiver dans une Traction et très chaud l’été car le moteur était monté pratiquement dans l’habitacle. Le pare-brise relevant favorisait l’aération. Les déflecteurs étaient montés en accessoire
A cette l’époque, on ne désiglait pas par culpabilité comme de nos jours. Au contraire, on « sursiglait ». Le logo 15 6 cyl rappelait aux voitures suivantes qu’on allait tenter de dépasser une 15-Six et que ce n’était pas gagné !
Les Essais de Patrice • Citroën
L’attraction de la Traction 15-Six
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- Type de véhicule
- Berline
- Marque
- Citroën
- Année
- 1951
- Modèle
- Traction
- dossier
- Les Essais de Patrice
- Tags
- Les Anciennes, France
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Vendredi 26 avril 2019
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