Les Petits Observateurs sont vraiment très observateurs. Devant l’annonce de la fin de la série, ils m’ont fait remarquer que le sujet n’était pas épuisé. A la demande générale voici la Citroën M35 qui hésite entre deux séries, celles des voitures moches et celle, d’avoir été un énorme bide commercial
Patrice Vergès
La M35 vue d’un angle très favorable qui masque la surface vitrée arrière
Pierre Bercot, PDG de Citroën SA croyait dur comme fer au moteur rotatif Wankel. Il fit réaliser par son bureau d’études un prototype animé par un petit monorotor de 500 cm3 dérivé de celui de la NSU RO80. Marque avec laquelle Citroën s’était associé par le biais de la Comotor. Ce moteur fut glissé sous le capot de l’Ami 8 qui venait de voir le jour. Puis peu à peu, germa l’idée d’en produire 500 exemplaires afin de le faire tester par la clientèle. Confier un prototype à des clients sélectionnés par la marque fut un super coup médiatique puisque 5000 acheteurs se manifestèrent pour 500 retenus seulement. Las, quand ils virent le cauchemar esthétique, beaucoup se dédirent. Au total Citroën eut un mal fou à fourguer 267 exemplaires entre fin 1969 et début 1970 dont beaucoup à une majorité de concessionnaires. Tous furent rachetés par Citroën et majoritairement détruits vu la coté hasardeux de l’affaire
De profil, l’antagonisme entre l’avant trop court et l’arrière trop long se perçoit
Cocktail esthétique
Nous ne nous étendrons pas sur l’aspect technique de ce prototype, ce n’est pas le rôle de cette rubrique iconoclaste. Disons que la M35 était un cocktail entre une Ami 6/8 et la future GS qui se pointera quelques mois plus tard. Elle en reprenait sa boîte de vitesses et sa suspension hydropneumatique mixée à celle de l’Ami 8. Citroën proposa la M35 à 14 000 francs 1969 (environ 25/30 000 €) ce qui était sensiblement le tarif d’une grosse D Super et 50 % de plus que celui d’une Ami8. Pas question de vendre à ce prix exorbitant une voiture identique à la petite 3 ch. D’où l’idée d’en dériver un coupé pour lui donner une silhouette plus valorisante. Mais comme cela se fit à l’économie par Heuliez de Cerizay qui se chargea des modifications, de l’emboutissage et de l’assemblage, le résultat fut loin d’être probant. D’ailleurs, outre les problèmes mécaniques et les prestations décevante du petit monorotor creux et de surcroît affublé d’un horrible bruit de crécelle ce qui ne l’empêchait pas de consommer comme un bon 1500 cm3, l’esthétique ratée fut la cause principale du rejet de la voiture.
Sous cet angle, la surface démesurée de la glace arrière ne se remarque pas trop
Trop court, trop long !
Esthétiquement il y a à dire même à médire. Jusqu’à la fin de la porte avant passe encore. Mais l’arrière mollasson semble beaucoup trop long, trop lourd malgré la tentative de découpe des passages de roues de l’interminable aile arrière empruntée au break tôlé. Ce qui déroute l’œil, c’est l’inclinaison de la custode à la surface vitrée trop vaste et trop pentue opposée au pare-brise avant qui a conservé la verticalité originale de la voiture génitrice. Quant au couvercle de coffre, il est trop haut par rapport à l’angle de la lunette. Sous certains profils qu’on ne voit guère sur les photos officielles bien prises, la M35 est simplement disproportionnée et une custode différemment inclinée l’aurait atténuée. Heuliez fit un bon boulot mais sans grand moyens, il ne fallait pas attendre de miracles. Il faut savoir que la face avant non plus n’est pas tout à fait celle de l’Ami 8 avec sa troncature sous les phares exigée par le bloc plus volumineux à cause du radiateur d’eau.
L’intérieur était celui de l’Ami8. On devine à gauche du tachymètre, le compte-tours rajouté était épaulé par une sonnerie signalant le régime maxi
«Une connerie» !
Le regretté Claude Alain Sarre nommé PDG de Citroën en 1968 ne put rien contre cette voiture décidée par son supérieur Pierre Bercot ni contre la GS Birotor qui fut un autre gouffre financier. Dans ses mémoires, il qualifia poliment la M35 de « prototype saugrenue ». Si vous lisez entre les lignes ; en langage comme vous et moi, cela veut dire « connerie. Effaré par la succession de bévues commises par Citroën qui l’entraînèrent aux portes du dépôt debilan et d’être racheté par Peugeot, il préféra démissionner de son poste de PDG en février 1970. On le comprend.
Le petit monorotor cubait 500 cm3, une cylindrée arbitrairement multipliée par deux par le fisc cupide comme d’habitude !
Les Petites News • Citroën
Saga des voitures moches (13). Suite et pas fin ! : La Citroën M35
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- Type de véhicule
- Coupé
- Marque
- Citroën
- Année
- 1969
- Modèle
- M35
- dossier
- Les Petites News
- Tags
- Les Anciennes, France
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Lundi 26 mai 2014
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