Moche n’est pas l’adjectif exact ni disgracieuse pas plus qu’hideuse. Pas ratée non plus et pas vraiment laide. En fait, l’Axel n’était plus de son temps en fleurant trop l’ADN des années 70 de la marque.
La TRS à moteur GS de 1299 cm3 de 61 ch se distinguait par ses très belles jantes en alliage léger chaussées de Michelin TRX AS qui furent aussi un échec
La Citroën Axel a vu le jour en France en juillet 1984. Ce modèle qui se glissait entre la LNA et la Visa était proposé à un prix hyper compétitif. Malgré cela ses ventes restèrent très modestes. Les raisons ? Sortez vos mouchoirs, car c’est une longue et triste histoire.
Au début des années 70, Citroën travaillait sur le projet Y réalisé sur la base Fiat 127. Quand les deux firmes se séparèrent en 1973, le projet évolua vers une voiture 100 % Citroën destinée à remplacer l’Ami8. Sa silhouette à deux volumes reprenait les codes Citroën de l’époque. A savoir, un avant long et aérodynamique, des roues arrière couvertes comme celles de la DS et une poupe faisant songer à celle de la 2 CV avec un hayon se prolongeant très bas. Sous le capot plongeant, il était prévu de monter soit le bicylindre de l’Ami 8 soit le flat four refroidi par air de la GS. En 1974, l’arrivée aux manettes de Peugeot envoya ce projet aux oubliettes. Dans l’urgence Peugeot demanda une nouvelle étude à partir de la 104. L’équipe de Robert Opron et de Jean Giret reprit en partie le design de la Y pour la Visa dévoilée fin 1978 et déjà traité dans notre saga.
L’arrière était moins réussi mais le hayon était de plain-pied
Accord avec la Roumanie
En 1976, lorsque Citroën passa un important accord avec la Roumanie portant sur la construction d’une usine à Olténie (d’où le nom Oltcit, contraction d’Olténie et de Citroën) on ressortit de la poussière le vieux projet Y. Mais la construction de l’usine pour laquelle on avait prévu une production de plus de 130 000 voitures par an prit beaucoup de retard à cause du dictateur Ceausescu qui changea volontairement plusieurs fois de sites. Les première Oltcit ne furent finalement livrées qu’en 1982. Mais il n’était pas question qu’elles soient distribuées chez nous.
Comme me l’avait expliqué un haut cadre supérieur aujourd’hui disparu, les Roumains étaient de très mauvais payeurs et Citroën n’eut que la solution de se faire rembourser en voitures. Voila pourquoi, la firme au double chevron la proposa chez nous uniquement en version 4 cylindres alors que l’Oltcit était vendue en bicylindre en Roumanie .Lorsqu’elle arriva en juillet 1984, l’Axel avouait 12 ans de retard autant dans sa silhouette faisant songer à une Visa 1978 première série que dans sa conception. Le service presse de Citroën qui était alors très compétent décida de la lancer d’une façon personnalisée préféré à une présentation plus classique partant du principe qu’a plusieurs (journalistes), l’intelligence se divise au profit de la connerie qui se multiplie.
La version basique à moteur GS de 1129 cm3 était vendue seulement 37 000 francs soit sensiblement le prix d’une R4TL
Plutôt bien
En juillet 1984, on me porta une Axel au sigle masqué en m’expliquant que c’était la nouvelle Citroën. A l’époque, une nouvelle Citroën détournait encore les regards. Pas l’Axel, voiture transparente. Je me suis pavané (fla-flap-flap) à son volant une quinzaine de jours et personne ne s’est retourné sur cette voiture qui semblait d’occasion. Certains plus observateurs crurent qu’il s’agissait d’une nouvelle Visa 2 portes.
On ne pouvait pas dire que c’était une mauvaise voiture. Son moteur 1300 cm3 de GS de 61 ch ne marchait pas si mal, son originale suspension à barres de torsion était plutôt confortable et son freinage à 4 disques était puissant. Les satellites en forme d’oreillettes de sa planche de bord étaient pratiques et son volume habitable pas négligeable. A part son esthétique mollassonne franchement loupée à l’arrière mais plus agréable de profil et une propension à boire comme un charbonnier roumain, il n’y avait pas grand chose à jeter. D’autant qu’à ce prix (37 000 à 45 200 francs) c’était cadeau. Alors où est le blème ?
Plutôt mal
Las, il s’avéra vite que la voiture manquait de fiabilité à cause de sa construction pas assez maîtrisée. Les pneus roumains de la version basique éclataient, le moteur s’étouffait à cause de la position mal étudiée du carburateur, la peinture s’écaillait rapidement, les chromes rouillaient, les sièges s’affaissaient et le freinage exigeait un pied de plomb. Et si son moteur connu pour sa fiabilité atteignait 100 000 km sur certaines, sur d’autres, il fumait bleu dès 10 000 km à cause d’un manque de contrôle de qualité sur les chaînes. Avec des ventes qui s’écroulèrent vite et surtout de coûteuses garanties à appliquer, Citroën se retira de l’aventure Oltcit en 1988. Ce qui n’empêcha pas la marque roumaine de la produire jusqu’en 1996. Qui aurait pu imaginer alors qu’il y aurait, aujourd’hui, des passionnés de cette voiture qui échangent beaucoup sur internet ? A quand une vente d’Axel dans le cadre de Rétromobile par maître Poulain qui, avec son emphase habituelle, nous expliquera que c’est la voiture du siècle.
La version entreprise à TVA récupérable de 18% contre 33 % connut un relatif succès
L’avis des Petits Observateurs
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