Par Patrice Vergès. Produite pendant plus de 40 ans à plus de 5 millions d'exemplaires, la célèbre Mini a connu plusieurs vies. La version Cooper née fin 1961 a lancé la mode des petites berlines sportives. POA vous invite à monter à bord de la Mini Cooper de Daniel.
A 18 ans, Daniel a découvert la conduite d'une Mini. " Un de mes copains de lycée possédait une 850 avec un pot d'échappement sport. Il me passait souvent le volant et là, j'ai découvert l'extraordinaire comportement de cette voiture. Son étonnante maniabilité et son ahurissante vivacité" explique notre passionné. C'était l'époque où la version 1300 Cooper S était autant la reine des rallyes avec quatre victoires au Monte-Carlo (dont un déclassement en 1966) qu'en circuit où elle se permettait de tenir tête à d'autres trois fois plus puissantes grâce à sa prodigieuse tenue de route.
Passionné d'anglaise
Daniel a pratiqué la compétition automobile près de 40 ans : la Coupe R12 Gordini, Coupe Fiat 127 puis X1/9 Dallara en rallye-cross. En côte, rallye et circuit avec la Coupe 205 Peugeot puis la Coupe Caterham. Passionné d'anglaise, il a longtemps roulé en Lotus Élise et aujourd'hui partage ses jours entre un beau coupé Jaguar, une véritable Lotus Seven 1963 à moteur Lotus twin-cam et une Mini Cooper 1000. " Je m'étais promis depuis longtemps d'avoir une Mini. C'était un rêve de jeunesse surtout rouge (Tartan Red) à toit noir comme les versions d'usine. J'ai découvert cette Mini Cooper 1000 de 1968 en excellent état de carrosserie ce qui est rare mais ce n'était pas le cas de sa mécanique".
Les passionnés de Mini verront que c'est une Morris MK II de 1968 reconnaissable à sa calandre carrée en aluminium, sa lunette arrière agrandie et ses feux rouges rectangulaires. Par rapport à la MK III de 1970, elle possède encore les fameuses charnières latérales de portes, les poignées basculantes et les glaces coulissantes. Une Mini Cooper 1000 cm3 délivrait 56 ch DIN contre 35 ch pour la 850 normale et 75 ch pour la version 1300 S, puissance qui grimpait à plus de 120 ch sur les versions compétition.
Préparée pour la course
Il a refait le minuscule 998 cm3 tout en fonte à 3 paliers et en a profité pour l'équiper d'un arbre à cames plus méchant, de pistons plats et de carburateurs SU à l'intérieur plus généreux. Modifications qui laissent à penser que ce 1000 cm3 doit développer autour de 70/75 chevaux. Il l'a équipée d'une boîte à rapports synchronisée (3 d'origine), d'une suspension à blocs en caoutchouc à la place de l'Hydrolastic, de joints rigides pour améliorer la précision de conduite, de disques plus gros empruntés à la 1300 S et de jantes larges (Delta Mic) imposant des élargisseurs d'ailes comme les Mini de Groupe 5 pour laisser passer des pneus plus généreux en 165X10. Le dépouillement des Mini Cooper de série faisait la fortune des accessoiristes. La sienne n'y échappe pas avec un gros pot d'échappement central Sportex, sièges baquet, tableau de bord en bois, compte-tours, etc.
Contact. Cliquetis de la pompe électrique avant que le minuscule moteur aboie grave. C'est le verbe exact à cause de son arbre à cames plus pointues qui génèrent un ralenti un peu chaotique. Frôlant le bitume, son échappement sport lâche une sonorité de voiture de course qui concourt à donner une ambiance compétition de l'habitacle dépouillé de toutes garnitures. On a envie de coiffer un casque avant de s'élancer sur la route !
Dur, dur !
Je ne vais pas vous faire le coup à chaque fois mais comme c'est mini (3,05 m), une Mini aujourd'hui. Comme c'est bas, une Mini (1,38 m) et aussi comme c'est dur ! Avec sa suspension rabaissée et durcie et les baquets qui manquent de moelleux, rouler sur un ticket de métro oublié se ressent violemment dans les reins. Vous allez me dire 75 chevaux, ce n'est pas beaucoup mais avec seulement 620 kilos à traîner, le rapport poids puissance est digne des Mini modernes.
Davantage que ses accélérations convaincantes, c'est sa miraculeuse tenue de route qui déroute le plus. La Mini qui exigeait une conduite très particulière en avalant les virages avec une surprenante gourmandise sans se freiner ni freiner sauf pour la faire volontairement pivoter. Cette voiture efface littéralement les virages en virant à plat sans suspension ou si peu.... Un vrai kart ! On comprend mieux comment les "Dieux de la Mini " nommés en Angleterre Makinen et Hopkirk en rallyes et Rodes et Fitzpatrick en circuit (Marnat et Le Guellec en France) parvenaient à l'imposer devant d'autres bien plus puissantes. Pour les plus jeunes, cela vaut la peine de regarder des course de club en Angleterre sur Youtube où on voit des Mini bien pilotées doubler des Mustang ou Jaguar E dans les virages pour se faire rattraper en ligne droite avant de refondre dessus dans la courbe suivante avec souvent la victoire à la clé.
Un bonheur de ma vie
" C'est l'un des bonheurs de ma vie " avoue Daniel qui a l'œil qui pétille comme un ado prêt à faire une bêtise. " Pas question de la vendre. Le matin, je choisis une de mes voitures pour aller boire mon petit café au bistrot du coin. S'il fait beau, je prends la Lotus, s'il fait gris, je prends la Mini, s'il pleut, je prends la Jaguar en alu qui ne risque pas de rouiller." A la question portant sur la voiture de ses rêves, il réfléchit un peu et lâche " Une Cortina Lotus 1500 blanche avec les bandes latérales vertes " Beau choix. Beau rêve.
L’avis des Petits Observateurs
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