Par Patrice Vergès. En grondant, l’Austin Healey file sur la route qui nous emmène à l’aérodrome d’Andernos pour prendre quelques photos. Avec le bruit des échappements débouchant sous les oreilles, les tourbillons du vent dans les cheveux, l’air chaud de la boîte qui caresse les jambes, la « Big » Healey n’est pas avare en sensations fortes.
L’Austin Healey MK III de Daniel se distingue par ses évacuations d’air comme sur les versions compétition et ses échappements latéraux
Les ultimes MK III apparues fin 1963 affichaient une magnifique planche de bord en ronce de noyer; Le confort est assez spartiate mais la sellerie d’origine est en excellent état
Prête à bondir
Sous nos yeux, les aiguilles blanches des cadrans Smiths jouent un incessant ballet sur un fond de ronce de noyer. Son pilote, Daniel, joue avec l’overdrive électrique dont les six rapports modulent les harmonies des 150 chevaux du gros 6 cylindres de 2912 cm3 tapi sous le long capot dont on perçoit le bossage à travers l’étroit pare-brise.
Nous voici enfin à l’aérodrome où nous tournons autour de sa voiture en l’admirant sous tous les angles. Quelle allure ! Ces hanches galbées, cet interminable capot, cette bouche qui avale la route, cette silhouette bondissante qui exhale l’excès de vitesse déjà à l’arrêt est un bonheur pour les yeux. Celle qui doit son nom à Donald Healey, un préparateur indépendant, a été produite de 1953 à 1968 à plus de 70 000 exemplaires. D’abord en 4 cylindres puis avec un plus gros moteur 6 cylindres de 3 litres de cylindrée, qui lui a valu son surnom de « Big » Healey.
Le déhanché des ailes des Healey n’était pas le moindre de leur charme
« Il s’agit d’une des dernières MK III sortie en 1967 (3051 exemplaires) que j’ai achetée fin 2000 » explique Daniel. « Sa carrosserie repeinte en rouge venait d’être restaurée. Pas sa mécanique qui tournait très mal malgré seulement 41 000 miles au compteur car elle provenait des USA. Mon job qui nous fit émigrer dans ce pays repoussa les projets de restauration à 2004. Pour être précis, je ne l’ai pas restaurée mais entièrement reconditionnée. J’ai tout démonté, changé les pièces, tout refait ! En revanche, coté mécanique, ce fut la bonne surprise. J’ai changé seulement le joint de culasse et reconditionné les deux carburateurs SU. Du coup, le moteur a montré qu’il était en pleine forme ». Une voiture comme celle de Daniel se vend aujourd’hui autour de 50 000 euros !
Les filtres à air réduits qui prolongent les deux carburateurs SU liés aux échappements simplifiés donnent davantage de tonus au gros 2912 cm3 de 150 ch
Récemment, il a enlevé les deux derniers silencieux en faisant ressortir les nouveaux échappements raccourcis latéralement derrière la porte. Du coup, sa voiture ne racle plus ses échappements sur la moindre bosse et surtout se montre plus nerveuse.
La « Big » Healey était élevée à la dure. Train avant lourd, arrière léger et raide, direction en béton, il fallait éviter de se poser quelques questions existentielles avant de souder l’accélérateur au plancher sur routes glissantes. Et dire que cette sportive a gagné des rallyes et même participé aux 24 heures du Mans plusieurs fois.
Une voiture rouge pour mon mariage
Au départ, il ne cherchait pas spécialement à acheter cette Healey mais louer une voiture de couleur rouge uniquement pour le 9 septembre 2000. Jour de son mariage avec Annie qui souhaitait une voiture assortie à son originale robe rouge de mariée. Mais une grève des routiers paralysa les routes et retarda leur mariage. Entre temps, en recherchant toujours une voiture de cette couleur, Daniel dénicha dans un garage de Perpignan cette Healey achetée d’abord parce qu’elle était rouge et dont, aujourd’hui, il ne se séparerait pour rien au monde. Pour lui, le rouge est la couleur de l’amour….
Daniel a mis plusieurs années à reconditionner sa voiture achetée fin 2000 pour son mariage
L’avis des Petits Observateurs
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