Par Patrice Vergès. Après avoir compté et recompté dans ma mémoire, j'ai possédé exactement 50 voitures en un peu plus de 45 ans. Pas des modèles extraordinaires mais des bagnoles de tous les jours pour aller bosser, transporter ma petite famille ou partir en vacances. Nous allons commencer par les modèles à connotation sportive.
Quelle est la définition d'une voiture sportive ? Il y a 40 ans, avec 60 chevaux, une Simca 1000 Rallye 1 qui fut ma première voiture essayée en tant que journaliste auto ou une NSU TT étaient regardées comme de bonnes petites sportives. Des puissances qui font sourire, aujourd'hui, où la moindre urbaine en annonce près de 100 !
Déception en 24 CT
Malgré sa ligne sublime et sa tenue de route exceptionnelle, je fus déçu par les prestations sportives de la Panhard 24 CT. Certes, lancée, elle prenait presque 160 km/h ce qui était exceptionnel pour son petit flat-twin 850 cm3 à la fin des années 60. La vitesse maxi était alors un argumentaire fort au temps où celle-ci était libre sur les routes. Mais en relances, il fallait prendre son temps où ses rapports très longs et sa petite cylindrée se payaient. J'en rêvais depuis longtemps mais je ne l'ai gardée que 6 mois à l'âge de 20 ans. D'abord, parce que j'ai rapidement cassé le moteur et la boîte en tirant il est vrai systématiquement à 6300 tr/mn et ensuite parce que j'allais être papa... ce qui n'était pas prévu.
Plus question de coupés sport mais de berlines de père de famille mais ... de préférence rapides. Malgré mon maigre budget, je dénichais une rare Neckar 1500 TS, berline sportive méconnue. Il s'agissait d'une Fiat 1500 construite en Allemagne et préparée en Italie par Siata; volant sport Nardi, levier au plancher, moteur délivrant 94 ch contre 80 et presque 160 km/h avec des accélérations musclées. Hélas, la tenue de route n'était pas à la hauteur des performances avec un train arrière baladeur manquant notoirement d'adhérence posé sur de maigres 155X 13 Michelin X qui patinaient déjà sous la pluie. Quant à rouler sur la neige, c'était quasi impossible et presque 15 litres aux 100 en tirant dessus, ce qui étaient les normes à l'époque.
La 4 places d'occasion la plus rapide
Peut-on qualifier la Taunus 20 TS Hardtop de coupé sportif ? Oui, par sa silhouette profilée flatteuse, par son court levier au plancher, par le son velouté musical de son V6 2 litres. Ses 90 ch l'entraînaient à 160 km/h avec de bonnes accélérations. Ses qualités dynamique n'étaient pas, non plus, à la hauteur des performances avec une suspension notoirement trop molle, un essieu peu adhérent d'autant que mon manque d'argent m'avait contraint à la chausser de pneus rechapés qui n'offraient pas l'adhérence de vrais pneus neufs. En fait, je désirai la berline la plus puissante et la plus rapide en fonction de mon budget de plus en plus maigre car j'avais déjà deux enfants à charge. Je ne vous dis pas le nombre de Ford Cortina GT, Corsair, Alfa Romeo et Opel Rekord 1900 coupé et Vauxhall 4/90 que j'ai faillis acheter car je changeais de voitures tous les six mois.
Avec ses 100 ch et sa boîte à 5 rapports, son moteur double arbre 1600 cm3, la Fiat 125 Spécial était considérée comme une berline sportive. On la surnommait l'Alfa du pauvre. Elle marchait bien, elle rouillait bien, elle consommait bien en avalant pas mal d'huile et elle éclairait bien. La mienne de millésime 1969 achetée d'occasion, possédait les feux arrière verticaux remplacés depuis par de larges feux horizontaux plus esthétiques En 1973, en quittant Paris à son volant avec des copains, en croisant une nouvelle 125, je me souviens leur avoir glissé "J'aimerais bien avoir le nouvel arrière". Une heure après, j'étais exhaussé à l'hôpital de Montargis puisqu'un 38 tonnes m'avait un peu poussé brutalement dans un champ. Quelle accélération ! J'ai pu la faire réparer (une erreur) et faire monter le nouvel arrière à feux horizontaux. Pour situer comme les Fiat rouillaient alors, le carrossier m'expliqua qu'il devait changer plus de pièces de carrosseries que prévu car elles étaient déjà toutes pourries....
Magique Gordini
J'ai possédé deux R8 Gordini 1300 ; une voiture magique alors. Un bruit extraordinaire, des performances exceptionnelles et une maniabilité hors pair. La dernière était préparée avec un moteur kité 1296 cm3 délivrant 110 ch environ, de superbes jantes larges et surtout un couple court lui donnant des reprises exceptionnelles. Amusante en montagne, intolérable sur route où elle était limitée à 144 km/h à 8000 tr/mn dans un potin incroyable émis par le pot Devil (roulez viril) Pour me balader, je devais emprunter des voitures car déjà à 120 km/h, on ne s'entendait pas à l'intérieur secoué par les vibrations des joints rigides remplaçant le joints caoutchouc souples. Comme toutes les R8 Gordini, elle buvait beaucoup avec 15 litres aux 100. Un jour, en vérifiant le kilométrage, je me suis rendu compte qu'à cause des petites roues de 13 pouces contre 15 de série, le kilométrage lu au compteur était faux. En fait, elle avalait 15 litres aux 80 km, ce en pleine crise de l'énergie. Bref, belle mais inutilisable. Après, j'ai acheté une Matra 530 où mes deux filles âgées de 5 et 6 ans pouvaient encore s'asseoir à l'arrière. Mais c'est pour une prochaine fois, si vous le voulez bien avec la Porsche 911, Commodore GS/E, Alfa GTV et quelques autres...
L’avis des Petits Observateurs
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