Par Patrice Vergès. Certains collectionnent les pipes, les timbres, les porte clés, les capsules, les petites voitures, les distinctions, les contraventions, les femmes et corollaires... les ennuis, moi j'ai collectionné les prospectus de voitures.
Aujourd'hui, je ne sais plus exactement combien j'ai possédé de prospectus et autres catalogues de voitures pour la simple et bonne raison que je ne les ai jamais comptés. J'en avais accumulé plusieurs milliers. Peut être davantage. Comme des paysans, je parlerais plutôt en stère. Ils s'étaient amassés au fil du temps dans de vieilles armoires, puis dans le garage et enfin dans la cave. Hélas, je n'ai jamais eu le loisir de les compulser, de les lire soigneusement, de me nourrir de leur image et les classer par marque comme je l'avais espéré. Je n'avais pas le temps trop occupé à en chercher d'autres. Croyez moi, ça occupe son homme de collectionner les catalogues et encore bien davantage de les chasser.... .
J'étais grand quand j'étais petit
Ce vice m'a saisi lorsque j'étais adolescent. Important pour la suite de cette triste histoire ! J'étais grand quand j'étais petit, m'étirant sur plus de 1,80 m dès 14 ans. Avec ma voix de basse à briser les verres de cristal et mon poil au menton, on disait fréquemment que je faisais davantage que mon âge. A l'époque, ça me faisait plaisir sauf quand on croyait que j'avais trois classes de retard. Plus du tout aujourd'hui ! Au contraire. A 14 ans je faisais donc 18 ans. Et alors ? Si ce n'était pas encore l'âge de la majorité avant 1974, c'était déjà celui du permis de conduire, celui de la frontière entre le jour et la nuit, entre l'enfer et le paradis. La raison est évidente, je ressemblais à un acheteur potentiel de voiture puisque j'avais l'air d'avoir l'âge de pouvoir conduire. D'où demandeur en prospectus.
Avant, plus petit encore, je demandais à mon père à me fournir en prospectus. Hélas, Peugeostiste jusqu'au bout des ongles, il ne me ramenait de la concession où il amenait sa 404 et autre 504 à réviser que des catalogues de véhicules pas très excitants à mes yeux alors que je ne rêvais que de BMW, Alfa Roméo et de Matra Djet. C'est donc vers 14 ans où j'en faisais 18 que j'ai pris fermement mon destin en main. J'ai commencé à écumer seul les concessionnaires locaux à l'aide d'une procédure très organisée.
Je cachais évidemment ma mob orange assez loin du garage où j'entrais, à pied, d'un air décidé malgré ma gorge sèche et mon cœur en zone rouge. Très fils à Papa, jouant le bon chic bon genre, je déclarais, l'air très sûr de moi, à la limite jeune con, que mon père voulait m'acheter une voiture neuve pour mes 18 ans. Justement celle là ! Catalogue de la voiture ipso facto de la part du vendeur. Puis, insidieusement après quelques minutes de discussion, j'hésitais vers un autre modèle approchant en demandant des renseignements dessus. Re-catalogue ! Boum. Je ne passais évidemment pas de la 5 CV à la 20 CV. Puis, alors j'évoquais mon futur beau père, lui aussi, pourquoi-pas, hypothétique acheteur de voiture plus haut de gamme cette fois, incompatible avec ma situation. Et hop, 3 catalogues ! Pas toujours selon la psychologie du vendeur qui me déclarait " Vous ne savez pas ce que vous voulez ! " Quand je réussissais, je repartais le cœur gonflé mais satisfait, couché sur ma mob orange, serrant contre mon cœur, protégé par mon blouson, ces catalogues arrachés à la sueur de mon jeune bagout.
"Monter au salon"
Rapidement on s'en doute, je fus grillé auprès de tous les concessionnaires locaux. Que faire ? Écumer les salons de villes limitrophes ? Pas évident car je retrouvais parfois les mêmes vendeurs de la concession. La solution : monter à Paris au salon de l'auto. La grande messe du prospectus. Là, pas de problème, j'étais inconnu au milieu d'un million de visiteurs.
Seulement voilà ce n'était pas si facile, déjà même à cette époque, on ne distribuait pas les prospectus comme ça ou alors seulement les pas beaux, les ringards, les démodés, les sans intérêt. En effet, j'avais vite appris qu'il y avait deux versions de prospectus pour le même modèle. Disons plutôt un prospectus de deux feuillets pour le blaireau et un plus épais, plus luxueux, plus spécifique pour l'acheteur potentiel du modèle.
Ma tenue de chasse
Il fallait donc que j'endosse la tenue de chasse du vrai acheteur prêt à signer. En effet, pour un vendeur aguerri, un simple chasseur de prospectus se devine, se respire à la pile de catalogues qu'il transporte sous son bras. De ce fait, j'utilisais des comparses rabatteurs qui se sciaient les mains jusqu'au sang à transporter mes poches plastique dégorgeant de prospectus afin que moi, j'arrivais les mains vierges sur ce stand qu'ils évitaient évidemment. Ce qui signifiait implicitement aux yeux du vendeur sur le stand que j'étais venu au salon de Paris pour sa marque et ce modèle. Là, pratiquement à tous les coups, après quelques minutes de questions/réponses, on me demandait mon nom, mon adresse pour information, tu parles ! Quinze jours après, ça ne loupait pas le vendeur local de la marque m'attendais le soir devant chez moi. Combien de représentant déçus (on les appelait comme ça à l'époque) sont venus frapper à ma porte. Parfois, je ne répondait pas; Une fois, j'avais écrit au stylo " En vacance " sur un papier collé sur ma porte. Après plusieurs coups de sonnettes en vain, le vendeur était reparti en corrigeant la faute d'orthographe et rajoutant un s à vacances !
Une fausse adresse
J'ai donc amélioré ma tactique. Pour ne pas être importuné par un vendeur de voitures à mon domicile, j'avais préparé une fausse adresse apprise par cœur, je l'ai encore dans la tête : Escarguel, 2 avenue Victor Hugo. En principe, je ne risquais rien. Chaque ville de France doit bien posséder une rue ou une avenue Victor Hugo. Cela dit, combien d'attente, de questions, d'hésitations, d'aller/retours vers ma voiture, perdu dans un parking tout cela pour un simple morceau de papier glacé. Un tout petit prospectus recto/verso.
Parfois, le dialogue ébauché sur le stand se soldait par un glacial et distant "adressez vous à votre concessionnaire local qui vous le donnera" parce que le vendeur avait senti que j'étais un provincial monté à Paris et que la vente lui échapperait de toute façon. Quelquefois je récoltais le fruit de mon travail : il allait chercher sous le comptoir "the catalogue". Le beau, le vrai, l'épais que je serrais contre moi, tel Moïse à la longue barbe comprimant contre lui les tables de la loi lors de la descente du Sinaï avant de le fourguer à mon comparse et de m'attaquer au stand suivant les mains vides mais le cœur vaillant.
Évidemment, j'étais devenu un expert en prospectus. D'un coup d'œil bref, très pro, je cataloguais le catalogue. Le beau ou le pas beau, le générique de la marque ou d'un modèle spécifique. Par exemple, le magnifique Jaguar XJ6 1973 sur papier glacé épais comme un annuaire fut donné très facilement pendant quelques années jusqu'en 1976 ou 1977 alors que la Série 2 avait bénéficié de modifications esthétiques (calandre) en 1974. Pourquoi ? J'appris plus tard que British-Leyland qui vendait alors la marque, en avait commandés, par erreur, 60 000 eu lieu de 6000. . Ce qui expliquait qu'on le donnait à n'importe qui. Je l'ai vu il y a peu sur Ebay à 140 euros. Je souhaite bonne chance à son vendeur.....
Fin de la première partie.
J'ai commencé à chasser les catalogues auto vers l'âge de 12 ans
A 17 ans je rêvais d'une Triumph Spitfire. Le vendeur a cru qu'il me la vendrait
Mon père ne me ramenait de la concession Peugeot que des catalogues qui ne m'intéressaient pas
Repartir ave le catalogue géant de la NSU est un véritable exploit. Comment voulez faire croire que vous désirez acheter de genre de bagnole à 17 ans ?
Je revais de la Simca 1100 Ti mais j'ai dû me rabattre sur la 1100 de base
Chez Volvo, je n'eus droit qu'au double feuillet générique alors que celui de chaque modèle comptait 20 pages sur papier de qualité
Celui de la De Lorean a demandé un travail de méditation et persuasion colossal
Les catalogues de la DS sont très recherchés aujourd'hui
Mon rêve ! un catalogue Mustang
Les Petites News
Il était une fois un chasseur de catalogue (1/2)
Offre Partenaire LLD LOCALEASE
Offre canon en ce moment pour les professionnels sur le Mercedes GLC 300E PHEV Business à 699 euros par mois en leasing sans apport. Et toujours un mois de loyer offert grâce à POA !
Offre Partenaire WASH
Exclu communauté POA : un lavage programme 5 (valeur 17 euros) offert pour un premier achat de 35 euros avec le code POA35 !
- Année
- 2020
- dossier
- Les Petites News
Partager
Lundi 27 avril 2020
Article suivant
Simca 1000 Spécial 1969 : belle comme au premier jour
L’avis des Petits Observateurs
Soyez le premier a commenter
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire