Par Patrice Vergès. Continuons mes souvenirs de bagnolard à travers la cinquantaine de voitures possédées en 45 ans. Dans le premier épisode nous avons traité des modèles dits sportifs achetés au début des années 70.
La Matra 530 m’a fait autant fait rêver avant qu’elle m’a déçu pendant. Certes j’ai aimé son concept inédit (moteur central) presque révolutionnaire, son étonnant confort, son agrément de conduite, sa ligne pourtant contestable enjolivée par de jantes larges en alliage dont je l'avais chaussée. Elle m’a déçu surtout par la mollesse de ses reprises. Dans le vacarme des 75 ch du 1,7 l malmené, lors d'un dépassement, le doublé s'agaçait souvent que je mette autant de temps pour le déborder surtout à la vue assez évocatrice des lignes de la voiture. Il ne manquait jamais de me jeter un regard mi-agacé-étonné signifiant " Alors, tu double pépère !". C'était humiliant.
Elle m'a aussi chagriné par sa finition médiocre qui exigeait d’avoir une éponge de secours à proximité lorsqu’il pleuvait. J'avais peur de mourir noyé à l'intérieur ! Également par son montage qui fleurait l’artisanal. Ajoutez une sonorité agricole du Ford V4 et un manque évident de rigidité qui occasionnait quelques soucis lorsqu’on voulait remonter le deux toits séparés. Parfois trop grands ou quelquefois trop …..petits selon l’horizontalité de la chaussée et selon le climat.
J’étais un père indigne en voyageant en famille avec mes deux filles, Erica et Christelle âgées de 5 et 6 ans. Si elles rentraient encore aisément sur la banquette arrière, elles se plaignaient beaucoup de la chaleur sur leurs jambes dénudées. Ce que je croyais être un caprice d’enfant se transforma en brutale réalité, le jour où je posai ma main sur la banquette arrière en skaï. Elle était brûlante à proximité du moteur. Mes enfants cuisaient sur les places arrière !
Je ne l'ai gardée que quelques mois pour acheter une Porsche 911 E Targa 2,2 l 1970 d'occasion affichant 140 000 km.
Porsche Targa
A cette époque les Targa cotaient bien moins que le coupé alors que ce toit souple amovible était très pratique. Âgée de 6 ans, ma Porsche était un peu fatiguée mais en furetant dans la boîte à gants, j'ai eu la très bonne surprise de découvrir, coincée, une facture annonçant la réfection récente du moteur. Avec environ 150 chevaux, elle marchait encore bien dans un somptueux feulement aigu. Mettre en route une 911 le matin est un des plaisirs de la vie. Hélas, j'ai eu pas mal d'ennuis avec au cours des 3 ans de vie commune où j'ai beaucoup roulé avec la 204 coupé de mon (ex) femme. Car elle est restée longtemps au garage (la Porsche) pour un bris de culbuteurs dû à un margoulin concessionnaire Ferrari qui avait mal calé le moteur.
Trafic de moteurs
Les pièces étaient achetées d'occasion car son entretien (vidange de 10 litres d'huile) était hors de mes moyens. Leurs prix étaient beaucoup plus chers que celles d'aujourd'hui en euro constant car l'importateur Sonauto prenait une bonne marge au passage. Je me rappelle que le tarif du pot d'échappement correspondait à un mois de salaire ! On ne changeait pas, on le ressoudait ! Elle pissait un peu l'huile par les joints d'arbres à cames en laissant pas mal de traces huileuses sur le sol. Je me souviens avoir largement arrosé le pavé de la villa du pilote Jean Ortelli que j'avais interviewé. Pas très content, Jean ! Ce jour là, j'ai le souvenir de son gamin Stéphane, 9 ans, qui n'imaginant pas qu'il remporterait plusieurs fois les 24 Heures du Mans et cumulerait les titres de champion du monde en GT.
Il existait un très gros trafic de moteurs Porsche vu la cherté du prix des pièces. Une de mes (mauvaises) relations, lors d'une révision, changeait le moteur des Porsche qu'il avait en entretien à l'insu de ses clients pour le remplacer par un plus usé. Puis il revendait à la même personne, un peu plus tard, son propre moteur lorsque ce dernier cassait. Pour mieux régler la pompe à injection, le concessionnaire Ferrari avait percé mon carter de turbine en polyester d'un petit trou très reconnaissable à l'aide d'un outil spécifique. 10 ans plus tard, un de mes copains me montre la 911 2,4l S qu'il vient d'acheter. Je soulève le capot arrière et reconnait le fameux trou sur le carter. C'était bien mon moteur et ce n'était pas un 2,4 l !
La voiture la plus rapide d'une pompe à l'autre
Je l'ai vendue pour acheter un coupé Opel Commodore GSE 2,8 l de couleur rouge à pavillon en vinyle. J'aimais la ligne de ce coupé au mufle agressif. Avec 160 chevaux, c'était une l'une des reines de la catégorie Tourisme en course. Je l'avais achetée car mes filles qui avaient grandi (surtout l'une) ne rentraient plus à l'arrière de la Porsche. Dans l'Opel, elles avaient de la place. J'aimais aussi le son du gros 6 cylindres qui lâchait un panage un peu trop bleuté à l'accélération. J'appréciais beaucoup moins sa consommation qui oscillait entre 14 et 18 litres ce qui était beaucoup pour mon budget. Je la qualifiais avec humour de voiture la plus rapide pour aller d'une pompe à l'autre.
Lorsqu'on accélérait, il fallait être humble car son essieu arrière des plus rigides manquait salement d'adhérence. Si on "envoyait " comme on dit, l'essieu se mettait à ruer et vibrer assez spectaculairement en vous renvoyant parfois de l'endroit où vous veniez.
Fait amusant, en cherchant une R30 TX (bientôt) dans un garage, j'ai rencontré un type et on a parlé des bagnoles qu'on avait possédées. Je lui ai avoué avoir eu une Commodore coupé rouge. " Moi aussi" m'a-t-il répondu. C'était la sienne. ". "Avant, j'ai eu une Porsche Targa", ai-je rétorqué." Moi aussi" a t-il répliqué. C'était aussi la sienne ! On avait successivement acquis tous les deux les mêmes voiture que j'avais rachetées à même personne sans la connaître puisque j'étais passé par un garage.
Alfa GTV
J'ai roulé deux ans en Alfa Coupé 2 litres GTV. C'était un modèle récent âgé de deux ans et pas trop kilométré. Mais déjà ses sièges en velours beige devenaient verdâtres à certains endroits. Belle ligne, bonnes performances avec 130 chevaux, quatre places importantes pour moi, consommation honnête par rapport à l'Opel (10 à 14 litres) tenue de route intéressante avec la boîte de vitesse transxale derrière dont la commande était calamiteuse. Le matin, il fallait d'abord enclencher la seconde à froid avant de tenter de rentrer la première. Finition déplorable comme toutes les Alfa de cette époque. Mais résultat globalement positif. Je l'ai conservée deux ans avant de la revendre car mes nouvelles fonctions m'obligeant à parcourir beaucoup de kilomètres, l'Alfa offrait des sièges trop fermes pour mes reins.
Et glou, et glou, et glou
Après une Audi 100 5 cylindres, j'ai acquis une Peugeot 505 Turbo 150 chevaux. J'avais pu la conduire lors des essais de journalistes et c'était un véritable avion de chasse pour l'époque. Hélas, je me suis rendu que la mienne marchait beaucoup moins fort que celles des essais presse. Je l'ai déjà évoqué sur POA. Les voitures presse avaient de moteurs préparés à 173 chevaux contre 150 de série et ça se sentait bien. Grosse déception.
En revanche, la Peugeot 505 turbo était jouissive à conduite par son excellente tenue de route, son freinage, ses relances vigoureuses grâce à son turbo. Las, j'avais naïvement espéré qu'en roulant gentiment elle avoue une consommation raisonnable. Désespérant. En essai, les journalistes avaient atteint 40 litres aux 100 à fond de badin ! En roulant même à 90 km/h, impossible de descendre en dessous de 15 litres et bien davantage si on ouvrait. C'était trop. De ce fait, une 505 Turbo était invendable. Mais je n'ai pas eu le le temps de la vendre puisque des gens du voyage appâtés par ses belles jantes de 15 pouces en alliage, ses sièges baquet, son spoiler et becquet me l'ont empruntée. Après l'avoir dépouillée, ils l'ont laissé gentiment devant leur camp, toute dénudée sans avoir enlevé le moteur Chrysler turbocompressé. Voleurs oui, idiots non ! Je n'évoque pas toutes les voiture que j'ai failli acheter pendant ce temps mais dont la vente n'a pu se réaliser pour diverses raisons : Audi 200 turbo, BMW 30 CSI, Mercedes 450 SL, Capri 2600 GT, Jaguar XJ 6 4, 2 l berline, Primula coupé 1400, Alfa Giuilia TI Super, Alpine A310 4 cylindres.
" Elle va se couper en deux ! "
On peut qualifier l'Opel Kadett GSI 2 litres Cabrio de voiture sportive donnée pour 115 ch contre 130 pour la berline. Mais pour avoir essayé les deux de concert, j'ai pu me rendre compte qu'elles avaient les mêmes perfs et donc la même mécanique. Ça marchait fort surtout avec la boite courte de série. Hélas, malgré son arceau central, le cabriolet était bien moins rigide que la berline. Lors du passage dans une saignée, je me retournais toujours pour vérifier si je n'avais pas perdu l'arrière. Une fois, un automobiliste qui me suivait m'a rattrapé, épouvanté, pour me signaler qu'il voyait la male arrière se tortiller dans les virages. Cela dit, elle était très amusante à conduire. C'était une série spéciale limitée dont le pare-brise était teinté en bleu dégradé. Au coucher du soleil, le nom de Bertone apparaissait dans le bleu du pare-brise. Je l'ai conservée trois ans.
J'ai pu reconduire la plupart de ces voitures quelques années après où je me suis rendu compte que le temps était notre ennemi. Il emporte tout....
L’avis des Petits Observateurs
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