Par Patrice Vergès. Dans la vaste famille des SUV, il y a les versions surbaissées dites coupés popularisées par le Range Évoque. L'Éclipse Cross se glisse dans ce sous-segment avec une subtile personnalité.
Mitsubishi qui propose surtout des 4X4 a été très impacté par l'instauration des malus qui a font chuter drastiquement ses ventes particulièrement dans notre pays. D'avoir été intégré à l'Alliance Renault Nissan où chacun apporte son savoir-faire, permet au japonais qui est un géant au niveau industriel mais un nain en constructeur d'automobiles (moins d'un million par an), lui permet d'afficher de nouvelles ambitions. Mitsubishi France espère quadrupler ses ventes en 4 ans en présentant une gamme bien plus riche que précédemment.
Haut et bas à la fois
L'Éclipse (nom d'un modèle à succès vendu surtout aux USA) se glisse entre l'ASX et l'Outlander avec ses 4,40 m de long pour une hauteur de 1,68 m avec les barres de toit ce qui n'est pas spécialement bas. Mais le dessin fuyant du pavillon lié à son double bossage de toit style Zagato ou Peugeot 308 RCZ, donnent davantage l'illusion d'un coupé sur la version sans toit ouvrant. Dans sa superbe livrée rouge diamant (option), sa silhouette nerveuse apparaît moins pataude grâce à sa moulure latérale qui donne du mouvement. Je reprochais, il y a peu, aux SUV de se ressembler tous, du moins dans leur partie arrière. L'Éclipse Cross innove avec une lunette arrière qui descend verticalement en deux parties en améliorant la visibilité malgré un aileron. Il ne gène pas trop en rétro-vision aidée, il est vrai, par de généreux rétroviseurs. La planche de bord se veut également plus recherchée avec un subtil entourage chromé sculpté autour de la console centrale et des matériaux de bon aloi soulignés de garnissage argenté du plus bel effet. Ah, une remarque, sur toutes les voitures essayées depuis quelques années, les volants ont un dessin quasi identique et sans personnalité. Imaginons-nous une DS avec un autre volant ? Jusque là, on est plutôt favorablement impressionné, mais en est-il de même à la conduite ?
1,5 essence d'abord
L'Éclipse sera d'abord vendue en motorisation essence avant d'être épaulée dans quelques mois par un 2,2 l diesel d'environ 160 ch qui devrait booster les ventes. Son nouveau 1,5 litre 4 cylindres turbocompressé 16 soupapes coulé en aluminium délivre la très bonne puissance de 163 chevaux. Chiffre supérieur à ce que demande la clientèle dans ce segment aujourd'hui qui l'impacte en 2018 d'un malus non négligeable de 2453 euros à cause de ses 151 grammes d'émission de CO2 ! Cela dit, par ses dimensions supérieures et son prix de vente, ce SUV se situe plutôt dans le haut du segment par rapport aux modèles proposés ailleurs. Mitsubishi rétorque que son ASX de 115 ch plus accessible au niveau du tarif répond à cette critique.
Dans le parking, le moteur était si inaudible que nous avons cru disposer de la version hybride qui n'arrivera que dans quelques mois. Sans velléités sportives avec un couple maximum de 250 mkg assez constant dès 1800 tr/mn, ce moteur très souple n'incite pas à la conduite sportive. Il procure des performances suffisantes (0 à 100 en 10,3 s) en consommant autour de 8 à 9 litres aux 100 selon son type de conduite (6,6 l constructeur). La position de conduite m'a mis à l'aise de même que la tenue de route saine et sécurisante sur la version 4 WD en mode auto (80% 20 %) et mes lombaires ont apprécié le confort, bien portées par 4 roues indépendantes.
Du bon et du moins bon
Quelques détails sont attrayants comme les portières qui en masquant les bas de caisse limitent les risques de se salir le pantalon par mauvais temps comme sur les Saab 900. J'ai beaucoup moins goûté le pavé tactile de la console centrale que des constructeurs ont abandonné par manque de praticité. Mitsubishi France à choisi de le livrer sans système de navigation estimant qu'un smartphone peut jouer le même rôle pour moins cher via l'écran de 7 pouces un peu petit aujourd'hui. Ouais, ça se discute. Suite à une rupture de réseau quelques secondes, nous perdu notre route à un endroit où il fallait justement ne pas la perdre.
Une fois n'est pas coutume, Mitsubishi pense surtout vendre la version la moins chère Invite à 24 990 euros en 2 roues motrices pour grimper à 33 990 euros en 4 WD Instyle. L'Invite est déjà abondamment dotée chaussée de jantes bi-tons fort réussies de 18 pouces, de sièges chauffants, de la banquette coulissante sur 20 cm, du démarrage sans clé, de l'air conditionné, de vitres arrière surteintées, feux led.
Original ou marginal ?
Située en haut du segment des SUV dont le prix moyen de vente est de 23 000 euros, par son Malus qui coûtera plus cher à l'État avec la perte de la TVA qu'il en rapportera, les ventes de l'Éclipse devraient en souffrir. En le conduisant, j'ai songé aux Mazda X3 et X5 précédemment essayées proche de son esprit en souhaitant qu'il y ait toujours des constructeurs qui osent proposer des véhicules plus émotionnels que rationnels tel ce modèle.
L’avis des Petits Observateurs
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