Les Essais de Patrice • Jaguar

Jaguar MK2 3.4 : Space, Grace & Pace

Patrice Vergès. Rares étaient les voitures de sport capable de rouler à 200 km/h il y a 60 ans. Une ivresse seulement partagée à deux dans un univers généralement étriqué et inconfortable. En offrant ce bonheur à quatre personnes, au sein d’un habitacle raffiné, la berline Jaguar MK 2 n’avait pas de concurrence.

Une Jaguar MK2 interpelle quatre de nos cinq sens. Par son originale silhouette toutes en rotondités, par la musique épaisse et feutrée de son six cylindres en ligne, par ses superbes boiseries vernies que le doigt se surprend à caresser et surtout le parfum exhalé par son habitacle. " Cette Jaguar dégageait une odeur particulière due aux bois, aux vernis, au cuir, au crin des sièges et aussi d'huile et d'essence" explique Patrice son heureux propriétaire qui commence à taquiner les 213 chevaux de la mécanique. Ça marche encore fort une MK2 qualifiée en son temps de berline la plus rapide au monde ! Ce passionné connaît bien les Jaguar puisqu'il en a possédé plus d'une dizaine de la Type E, à la XK 140 et 150 en passant par trois MK2.

Renaissance en 1959

Fin 1959 quand la Jaguar MK2 a vu le jour, elle n’avait aucune concurrente européenne. Statut unique qui lui donnait une image magique auprès des sportifs argentés. Ce n’étaient pas seulement ses performances ahurissantes qui les séduisaient puisque la 3,8 l frôlait les 200 km/h. C’était tout le reste. En effet, par la rotondité de sa silhouette, une MK 2 ne ressemblait à aucune autre voiture de son temps où les lignes acérées latino américaines avaient droit de cité. Nées en 1955, ses formes rondes auraient été jugées d’un autre temps si une habile opération de chirurgie esthétique effectuée en 1959 ne lui avait pas donné cette étrange personnalité. Mieux qu’une opération, une renaissance ! L’agrandissement à l’extrême limite de ses surfaces vitrées avait, non seulement illuminé, mais allégé sa silhouette trop dodue qui avait gagné de l’agressivité en se campant mieux sur des voies élargies affleurant la carrosserie. Sous le nom de MK 2, la voiture de Coventry avait gagné de la musculature sans rien perdre de son caractère raffiné et cossu.

Imbattable en compétition

Derrière sa silhouette mûre aux courbes lourdes mais encore terriblement désirables, on sentait bien qu'elle ne demandait qu'à de faire des folies. D’ailleurs, elle en faisait tous les dimanches sur les circuits de vitesse en Saloon Car où elle était imbattable dans la catégorie tourisme, remportant entre autres, quatre fois le Tour de France Automobile. Le vrai.

La MK 2 de Patrice est sortie en avril 1966. Crépuscule de ce modèle dont la carrière s'est arrêtée en 1968 pour laisser la place à la XJ6. Il s'agit d'un type 3,4 l produit à 28 660 exemplaires contre un peu plus de 30 000 pour la version 3,8 l plus puissante d'une dizaine de chevaux seulement avec 223 ch SAE contre 213 (environ 170 ch DIN). Forte de cette puissance, la 3,4 l déboulait quand même à 190 km/h. Pensez qu'une DS de l'époque, appelée la reine de la route ne dépassait pas 145 km/h.

Du bois, du cuir

Ce millésime 1966 avait gommé le gros défaut des Jaguar de l'époque en recevant une boîte de vitesses plus moderne entièrement synchronisée à la place de l'antique et bruyante Moss. L'overdrive électrique dont dispose la voiture de Patrice rajoute encore deux rapports supplémentaires en rajoutant toutes les harmonies sonores au long bloc XK ponctuées le ballet de la longue aiguille du gros compte-tours.

La MK2 charme d'abord par sa planche de bord en ronce de noyer parsemée de petits cadrans Smiths. Boiseries qu’on retrouve sur les portes et sous forme de planchettes rabattables de dossiers arrière. Tendu de cuir, l’habitacle fait davantage songer à un salon roulant qu’un intérieur de voiture de voiture sportive s’il n’y avait pas eu tous ces cadrans placés au centre de la platine surmontant le bref levier de vitesses. C'est aussi une mécanique et quelle mécanique !

 Cinq fois victorieux au Mans

Soulever l’étroit capot bombé surplombant la haute calandre bombée sculptée autour d’un jaguar rouge questionne. Comment les techniciens de Coventry avaient pu glisser dans le compartiment cet interminable 6 cylindres en ligne de 3,4 l de cylindrée ?

Un magnifique double arbre de type XK tout poli surmonté d’un volumineux filtre à air gris métallisé masquant les deux imposants carburateurs SU HD6. Il dissimulait dans les entrailles des sept paliers du vilebrequin, la bagatelle de 5 victoires au Mans entre 1951 et 1957.

"Ma voiture totalise 126 000 km" raconte Patrice. " Elle a été entièrement rénovée en 1997 avec une carrosserie décapée et protégée contre la corrosion, peinture et boiseries refaites par un artiste nommé Philippe Deshayes. Toute la partie mécanique a été aussi revue avec moteur révisé et elle vient de recevoir recemment une culasse neuve. Je n'ai plus que les moquettes à changer. J'aime que mes voitures soient parfaites". La sienne l'est comme le montrent les photos.

Bien entendu, pas question de la vendre puisqu'elle suffit à son bonheur de passionné. Au rythme de 2 à 3 000 kilomètres par an, en la conduisant, il remet les pas dans ceux de son enfance où cette Jaguar le fascinait comme elle fascine encore aujourd'hui comme nous avons pu nous en rendre compte aux regards radieux croisés.

 



La Jaguar MK2 était proposée en trois cylindrées ; 2, 4 l, 3,4 l et 3,8 l. La 2,4 l était chaussée de jantes en tôle contre des jantes à rayons sur les plus gros moteurs.

Le restylage de 1959 porta surtout sur l'agrandissement des surfaces vitrées qui lui généra cette silhouette unique. Cet angle de photographie permet de se rendre compte des rotondités des formes de sa carrosserie.



Admirable planche de bord en bois verni avec au centre quatre petits cadrans ronds qui surveillent la vie de la mécanique.

La sellerie cuir est d'origine, le frein a main   est commandé par la main gauche. La boiserie continue sur les portes avant et arrière





On se demande comment le long moteur HK rentre sous le capot. Sur la MK 2 il était alimenté par deux carburateurs contre trois pour la Jaguar E. Elle reçut aussi un petit V8 sous la marque Daimler

Magnifique cinématique de l'ouverture du déflecteur arrière





En compétition, la MK 2 était imbattable en catégorie tourisme jusqu'à l'arrivée des Mustang en 1965

Patrice a possédé une dizaine de Jaguar dont trois MK2

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Mardi 21 janvier 2020

L’avis des Petits Observateurs

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