Par Patrice Vergès. Dans les dix générations de Honda Civic, il y en a de meilleures que d'autres. Certaines ont été très novatrices, d'autres plus conservatrices, plusieurs été trop provocantes, quelques-unes moins excitantes. Que vaut la dixième génération ?
Petit retour dans le passé si vous le permettez. En 1976 quand j'ai commencé à essayer des voitures, j'ai pu conduire toutes les japonaises. Elles étaient mieux équipées, plus soignées, parfois moins chères que nos françaises mais au plan dynamique, ces propulsions avouaient 15 bonnes années de retard. Les Nissan tenaient la route comme une brouette, les Mazda offraient une direction épouvantable et les Toyota cumulaient les deux. Seule la nouvelle Honda Accord traction avant pouvait rivaliser avec nos française à ce niveau. Elle était supérieure en qualitatif et équipement tout en affichant une personnalité déjà affirmée.
La plus longue de sa catégorie
C'est à cette Accord que j'ai songé au volant au volant de la nouvelle Honda Civic. Les yeux fermés, je saurais que je conduis une Honda. Comment dire ? On se sent plus proche de la voiture, plus en phase, moins isolé de la route comme dans certains modèles. C'est très curieux et rare surtout de nos jours.
La Japonaise affiche au style un peu moins clivant que la précédente qui n'a pas rencontré le succès escompté. La nouvelle Honda Civic a été allongée de 15 cm ce qui en fait la voiture la plus longue de sa catégorie avec 4,52 m (27 cm de plus qu'une 308 !). On ne manque pas d'être étonné lorsqu'on apprend qu'elle est animée par un moteur de seulement 1000 cm3. La Civic, c'est d'abord une silhouette originale très agressive et certainement encore pas suffisamment fédératrice. On aime ou on n'aime pas. Personnellement j'aime bien même si je trouve que les fausses entrées et sorties d'air noires manquent un peu de retenue.
Au volant d'une voiture sportive
En revanche, la planche de bord en a gagnée. Fini le tableau de bord style guerre des étoiles des deux dernières pour un style plus sobre voire banal. La position de conduite a été abaissée car la voiture est aussi plus basse, la console élargie avec la main qui tombe juste sur le petit levier de vitesses au maniement chirurgical. On se croirait au volant d'une voiture sportive. La qualité des matériaux semblent honnêtes bien que certains plastiques me semblent bien fragiles aux rayures. Mais si vous aimez l'intérieur d'une Audi, vous détesterez la Civic trop sobre, trop noire, trop dépouillée, trop peu flatteuse.
Entièrement inédite
Cette Honda Civic 10eme du nom est entièrement inédite tant au niveau du châssis, que de la carrosserie rigidifiée et allégée (1275 kilos) que des moteurs. Il faudra patienter jusqu'à la fin de l'année pour qu'elle accueille le moteur diesel 1600 i-DTEC.
Uniquement en essence pour le moment
Pour le moment, elle n'est proposée qu'en version essence, dont les ventes ne cessent de monter, avec un original moteur 3 cylindres turbo de 1000 cm3 délivrant 129 ch qui devrait représenter la majorité des Civic essence chez nous. Nous reviendrons dans quelque temps sur la 1500 4 cylindres de 186 ch à la vocation plus sportive.
Ce 3 cylindres fait bien son job grâce à un turbo qui lui donne du souffle dès 2000 tr/mn. Malgré son nom d'i-VTec (arbre à cames variables), plutôt linéaire il n'aime plus les hauts régimes comme les Honda d'antan. Mais il laisse sourdre un feulement qui m'émeut comme les nombreuses 3 cylindres que j'essaie. Je ne me referais pas, j'adore ce bruit. Non seulement, il propose de bonnes accélérations (0 à 100 en 10,8 s) mais aussi des relances honnêtes qui peuvent être vivifiée à l'aide de la boîte à 6 rapports aisée à manier.
Un régal à piloter
Les qualités dynamiques sont à la hauteur avec un train avant incisif et une direction bien sous tout rapport et une suspension assez ferme qui évite le roulis. La Civic est un régal à piloter sur petites routes, plus sportive que bourgeoise dans ses réactions. Était ce le fait des revêtements bruyants mais j'ai trouvé que l'isolation au sol me semblait perfectible. Coté conso, sur 300 km environ de route et autoroutes, l'ordinateur de bord indiquait 6,5 l ce qui semble raisonnable d'autant que le réservoir n'avoue que 45 litres. Avez-vous remarqué que la capacité des réservoirs se réduit de plus en plus ? Pas chez Honda, où ils ont été toujours trop petits !
Tout n'est pas parfait, la visibilité est médiocre à l'arrière, le couvre-bagages souple extensible nous ramène il y a 30 ans et s'il y a de la place à l'arrière, l'accessibilité est moyenne. En revanche le coffre est vaste (478 litres), l'équipement est généreux sur les quatre niveaux de finition et on peut la personnaliser à l'aide de quelques packs comprenant des jantes noires optionnelles comme sur la voiture essayée.
Un petit mot sur la boîte CVT bien améliorée (courroie humide et convertisseur) comptant 7 rapports virtuels et facturée 1300 euros. Elle mouline bien moins que précédemment et se montre plus discrète en ville et moins sur routes tourmentées. Mais il y a du progrès.
Bien équipée
Bonne nouvelle Honda n'a pas augmenté ses tarifs par rapport à la précédente. Ils s'étagent de 22 900 euros (279 euros mensuels en LOA) à 28 500 avec une version Exclusive en passant par les 27 500 euros pour l'Exécutive généreusement équipée (GPS-caméra de recul, feux actifs, suspension active, toit ouvrant électrique). Une version 4 portes légèrement plus longue devrait épauler la gamme en fin d'année avec le moteur diesel.
Soignant sa différence, la Honda Civic ne va pas séduire le plus grand nombre d'automobilistes ce qui est osé pour une voiture à vocation mondiale. Les chiffres de ventes nous diront si le Japonais a eu tort ou raison.
C'est Jean Cocteau qui disait, je crois " Ce qu'on te reproche, cultive le, c'est toi ! " La Civic 2017 est plus Civic que jamais.
L’avis des Petits Observateurs
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