Les Essais de Patrice • Ford

T-Bird 1956 : l'oiseau du tonnerre !

Écrit par

Patrice Vergès (Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur , Petites Observations Automobiles)

Pour concurrencer la Corvette, en 1955, Ford dévoila à son tour un coupé sportif à la silhouette éminemment suggestive au nom aussi évocateur d'oiseau du tonnerre (Thunderbird) rebaptisé plus simplement T-Bird.

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Lundi 14 mars 2022


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Patrice Vergès Petites Observations Automobiles - Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur

Membre du Gouvernement POA.

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Vous n'imaginez pas l'attrait que peut susciter une Thunderbird aujourd'hui au sein de la circulation. Vous devez patiemment répondre aux nombreuses questions sur son nom, sa marque, son moteur, sa vitesse et son année de naissance. Personne n'imagine que ce roadster aux lignes aussi suggestives est âgé de plus de 65 ans.

Sous cette livrée, à quelques détails stylistiques, la T-Bird à vécu de 1955 à 1957. Critiquée pour être une stricte deux places, elle évolua vers un modèle plus massif  et plus habitable dit Square-Bird. Né en V8 4,7 l, pour riposter à sa concurrente de chez GM, le millésime 1956 que vous avez sous les yeux adopta un plus imposant V8 de 312 CU porté à 5113 cm3 délivrant 215 ch en boîte mécanique et 225 en automatique Ford O-Matic !  C'était dix fois la puissance de la 4 CV Renault dont elle coûtait presque 8 fois son prix avec 3 200 000 anciens francs. Pour vous donner une idée de l'équivalence avec celui d'aujourd'hui, c'était 177 mois de salaire  (18 000 francs net mensuel) d'un smigard !

Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird

La première T-Bird produite de 1955 à 1957 se caractérisait par ses lignes très sobres comparées à la suivante

Le kit Continental accroissait le volume du coffre assez petit vu le gabarit. Les échappements se cachent en bouts des pare-chocs

Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird

D'origine française

On ne vous présente plus Loulou dont nous déjà évoqué sa Chevy 58 et sa Cobra replica. Un passionné qui a compté plus d'une centaine de voitures dans sa vie dont une Simca Océane fortement inspirée esthétiquement par cette Ford.

"Je l'ai achetée évidemment pour sa ligne extraordinaire et aussi pour son V8 au bruit magnifique. D'origine française vendue en 1956 par Ford France, elle était en bon état. Elle a été seulement révisée et repeinte dans une teinte différente. Elle totalise 120 000 km dans son état d'origine excepté le moteur d'essuie-glaces à dépression changés pour un électrique plus efficace. Son hard-top en composite qui pèse un sacré poids, exige d'être deux pour le poser au début de la mauvaise saison" explique-t-il.

La T-Bird émet de lourds râles saccadés par ses larges sorties d'échappement cachées aux extrémités des massifs pare-chocs.  Son V8 alimenté par un carburateur 4 corps lui permettait de frôler les 180 km/h, vitesse surréaliste en 1956, en engloutissant les 1000 mètres en 32 secondes. Sa  boîte mécanique compte 3 rapports, seulement épaulée par un overdrive dont la commande se cache sous la planche de bord. Il multiplie tous les rapports par deux, soit longs, soit courts. Si cela ne valait pas une boîte à vrais 4 rapports, l'overdrive permettait des reprises foudroyantes et une consommation en baisse car la T-Bird était du genre gourmande en engloutissant entre 15 et 20 litres aux 100.

Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird

La planche de bord est un régal pour les yeux. Remarquez le compte-tours à gauche, le levier de vitesses incliné vers le passager

Les retours latéraux du pare-brise panoramique gênaient l'accessibilité aux places avant

Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird

Le V8 de 312 CU (5,1l) alimenté par un carburateur 4 corps annonçait de 215 à 225 ch

Radio tête chercheuse de série.  La commande de l'overdrive est cachée sous la planche de bord

Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird

Presque une sportive

Ceux qui ont tenté de courir avec ces années là, ont été déçus et sont revenus à la Jaguar. Si la T-Bird était puissante, elle   souffrait d'un manque de stabilité à haute allure. Le résultat d'une direction assistée (master Guide) trop démultipliée et d'une suspension trop souple bien que durcie à essieu rigide à l'arrière à ressort à lames  et d'un poids coquet de près de 1600 kilos à vide. L'essai que j'ai retrouvé reproche un freinage trop brutal car trop assisté, d'une tenue de route discutable sanctionnée par l'éclatement successif de deux pneus Tubeless pas du tout adaptés aux performances de la voiture. En revanche, sur route à vitesse ouverte, rien ne pouvait lui résister   sauf une rarissime Facel Véga encore plus rapide essayée dans le magazine l'Automobile de juillet 1956.

Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird

Fausses prises d'air latérales surmontant une trappe chargée de refroidir l'habitacle

Toutes les Ford 55 US arboraient ce type de feu rouge  en deux parties dont une ronde. Les Taunus reprendront le même dessin

Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird

Loulou adore sa T-Bird autant pour sa ligne que son bruit

Simca Océane dessinée par Facel. Toute ressemblance ne serait pas une pure coïncidence

Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird

Un bonheur de rouler avec

"Nous avons fait quelques voyages avec. C'est une voiture très agréable à conduire à condition de ne pas oublier qu'elle a soixante ans. À 130 km/h, elle tient correctement la route. Mais face à cette planche de bord au dessin extraordinaire, c'est un bonheur de rouler avec" avoue Loulou.

Remarquez que la capote est déjà intégrée sous une trappe qui la rend invisible, notez la prise d'air très suggestive de capot, admirez le dessin fabuleux de la planche de bord dont le compteur est surmonté d'un dôme transparent pour l'éclairer de jour et les retours gênants du fameux pare-brise à montant inversés.

En 1956, rouler en T-Bird provoquait le même attroupement qu'aujourd'hui  en se déplaçant dans le grondement de son V8 dénotant au milieu des 4 CV, Dauphine et autres 203. Au total 53 166 T-Bird de première génération furent fabriquées contre près de 200 000 pour la suivante produite jusqu'en 1960. La T-Bird sera fabriquée avec plus ou moins de réussite esthétique jusqu'en 2005 dont la 11eme et ultime mouture reprendra la silhouette néo-retro de la première unanimement considérée la plus réussie esthétiquement.

En juillet 1956, l'Automobile magazine comparait la Thunderbird à la nouvelle Facel Vega qui sortit vainqueur du match les opposant

Illustration - Les Essais de Patrice Ford T-Bird
Les Essais de Patrice Ford T-Bird

L’avis des Petits Observateurs

5 commentaires au sujet de « T-Bird 1956 : l'oiseau du tonnerre ! »

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Je suis fan absolu de cette version de 1966. Le tableau de bord, la forme des commodos, le mobilier, la hauteur du châssis, le glou glou démoniaque du V8 glouton.
Un film datant d'il y a quelques années, avec Benjamin Biolay et la belle et étrange Freya Mavor, "La fille dans l'auto avec des lunettes et un fusil" mettait en scène une TBird de la même génération.
Je ne sais pas si c'est la Freya ou la Ford, mais il y a comme une persistance rétinienne. 😍

Lundi 14 mars 2022 à 17h04

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Une fois de plus, un super article des Essais de Patrice, une belle rubrique de POA absolument pas mise en valeur par la mise en page "insensée" (au premier sens du mot) du site internet de POA ! A revoir, vite !

Lundi 21 mars 2022 à 04h04

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