Souvenirs d'Autos • Ford

Souvenirs d'Autos (351) : Une Ford Capri 6 cylindres ça se mérite !

Écrit par

Thibaut Chatel (Commandant Chatel, Petites Observations Automobiles)

 

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. C’est Alain Lyard, fidèle de cette rubrique, qui nous raconte une histoire magnifique. Merci pour son amitié.

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Jeudi 18 novembre 2021


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Photo Thibaut

Thibaut Chatel Petites Observations Automobiles - Commandant Chatel

Alias "Commandant Chatel"  de POA.

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À l'angle de la rue de Longchamp et de la rue Lauriston, je passais tous les jours devant les vitrines de la concession Ford où travaillait comme vendeur un certain « Bolo », costume 3 pièces et une allure à la Jacques Dutronc.

 

Je grattais avec un bon copain chez mon oncle qui venait de s'installer au 78, diplôme en poche, mal payés comme il se doit, sans compter nos heures mais dans une joyeuse ambiance de nuits de charrettes et de visites de copains, le folklore des cabinets d'Archi…

 

Toute cette partie de la rue se retrouvait pour déjeuner au bistrot d'à côté (aujourd'hui La Place), nous au comptoir avec un sandwich, les patrons dans la salle avec les menus du jour, l'ambiance toujours légère, les carnets de commandes étaient pleins, heureuse époque où on pouvait partir six mois en voyage et retrouver sa place et son salaire en rentrant…

 

Pas bagnolard pour un rond, mon oncle roulait dans une vieille coccinelle pourrie dans laquelle flottait une odeur bizarre et tenace de vieux truc oublié il y a longtemps derrière la banquette, et en varois chaleureux il devint vite pote avec notre élégant voisin qui lui proposa de nous faire travailler à la manière des « Arts cars » d'Hervé Poulain sur un projet d'habillage à leurs couleurs (bleu et blanc) d'une Ford Escort Mk1 (une bombe) qui venait de gagner plusieurs courses, et qu'il exposait dans son show-room.

 

Le monde étant vraiment très petit, mon oncle avait un ami Architecte Porschiste qui avait pour copains Jean Todt et Henri Pescarolo, lesquels connaissaient évidemment Jean-Claude Lefèvre le pilote primé de la MK1 victorieuse, et bien entendu tout ce beau monde se retrouva autour des planches à dessin de notre petit bureau pour commenter nos délires graphiques qui malheureusement restèrent à l'état de projet…

 

De bobine en delco, Bolo, en vendeur talentueux, persuada mon boss d'acheter une auto plus en rapport avec son statut et il finit par craquer pour « l'occasion exceptionnelle du moment, une première main! »: une superbe Ford Capri 2300 GT, 6 cylindres 125 cv (au moins) blanche!

 

Pour la frime et les vacances au Lavandou c'était génial, mais pour y mettre sa femme et leurs deux gamins, beaucoup moins bien. Comme il avait encore la coccinelle, il partit avec les bagages de sa famille dans le sud pour les vacances comme d'habitude et je fût chargé un peu plus tard de convoyer à vitesse Germanique la Ford, grâce à laquelle j'appris aussi ce que ça faisait de rater un virage et de se retrouver brutalement (par chance sans dégâts) dans un chemin de vignes du côté de Méounes - ah ces jeunes fougueux qui ne savent pas (encore) conduire!…

 

…Au bout d'un an, lassé de se faire traiter de frimeur et de ne pouvoir transporter les maquettes et dossiers volumineux que nous produisions en quantité, toujours grâce au fameux Bolo, il fit l'acquisition dans le garage voisin d'une Mercedes 200 plus consensuelle!

 

Vint le jour ou solennellement, il me tendit les clefs, la carte grise et m'offrit la Capri… J'aurais sans doute préféré une 4L, mais je n'allais pas faire la fine bouche hein ? Août approchant ça tombait bien, j'avais de nombreux projets, et avec mon pote Bichon et nos copines nous étions invités entre Richelieu et Loudun pour la première grosse fête de l'été.

La règle cette année-là entre meilleurs amis qui partagent presque tout et surtout les pleins fréquents de mon bolide était « c'est toi qui paie, c'est moi qui signe » (les chèques) précision faite ici que nous devions gagner chacun a peu près l'équivalent du SMIG de l'époque.

 

En septembre, après un été de rigolades et pas mal de kilomètres à faire les cigales à travers le pays, au moment de faire les comptes, nous n'avons jamais compris comment nous avions pût dépenser autant d'argent en essence sans que nos comptes respectifs ne soient débités de tous les chèques que nous avions signés, joyeuse époque…

 

Encore un an plus tard, la Capri montra quelques signes de faiblesse n'ayant jamais été vraiment entretenue par mon oncle et encore moins par moi (shame on me), le verdict du mécano tomba brutalement : la distribution!

 

Faute de budget, elle termina sa vie à la casse avec un moteur au bord de l'épuisement, mais je peux dire aujourd'hui que j'ai possédé un jour une voiture de sport !!!

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion.

On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps…

Et si possible, joignez à votre histoire des photos….

On adore ça chez POA !

Merci.

L’avis des Petits Observateurs

18 commentaires au sujet de « Souvenirs d'Autos (351) : Une Ford Capri 6 cylindres ça se mérite ! »

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J'ai replongé quelques instants dans mes souvenirs de charettes avec Rotring bouchés et calques grattés à la Gilette jusqu'à passer au travers, mais toujours dans cette ambiance d'euphorie et d'insouciance...
Moi mon Archi m'avait prêté sa R5 TS et même sa TR3 pour le mariage d'un copain !

Vendredi 19 novembre 2021 à 09h44

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En réponse à HUILE DE CANNES G

Au temps de sa traversée du désert, mon Daron m'avait un jour, pour aller faire des tirages en urgence, passé son Alfa à trou.... Le plancher était percé et laissait découvrir le bitume... Je devais caler mes pieds sur les rebords des longerons de chaque côté des pédales... Autres temps ! 😁

Vendredi 19 novembre 2021 à 15h16

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Confidences pour confidences de gratte-cul couché sur papier calque 180 grammes au mètre carré, au sommet de mon art, j’étais capable de gratter jusqu’à cinq fois au même endroit sans faire le trou, le mieux était, cela va sans dire, d’éviter le plantage pour ne pas avoir à jouer les fines lames… Précisons qu’en charrette au petit matin sous l’épaisse fumée qui finit sournoisement par envelopper les tables à dessins, après s’être torpillé quelques bons verres de pansements à l’âme, les choses ne sont parfois plus aussi évidentes qu’on les pensait encore la veille au soir…

Mais comme pour la Capri, ce bon temps-là, c’est bien fini !
😉
Mes respects à qui vous savez.

Nabu 0,18

Vendredi 19 novembre 2021 à 10h46

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En réponse à Nabu C

Si la planche était bien tendue avec le bon papier, aucun problème pour effacer l'encre, par contre le calque supportait mal les traces de verres et les clopes qui se consumaient posées sur le bord opposé quand il fallait remplir les cartouches avec ces maudites grilles orangées...

Vendredi 19 novembre 2021 à 14h11

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Confidences pour confidences . . . comme dit Nabu qui doit écouter Radio Nostalgie, car le titre passait juste avant ses écrits, j'ai dû relire deux fois le texte. Notre ami était dans un cabinet d'architecture, alors que moi "grattais", je voyais une guitare.
J'ai une formation de dessinateur industriel, je me souviens des Rotring, de la secrétaire du bureau qui roulait en Capri, nous étions en 1979 pour mes premiers calques.
Je me souviens également de ce pull, magnifique pull Lacoste, qui coutait un demi salaire, que j'avais passé dans la roulette et les câbles de la table à dessin et que j'avais tranché par je ne sais quel mystère sur plus de 20 centimètres ...
J'adore ces histoires du vendredi, et comme nous sommes tous de la même époque, il y a vraiment des tas de points communs dans les souvenirs.

Maintenant c'est Bowie sur Nostalgie ...

Vendredi 19 novembre 2021 à 11h05

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En réponse à Thierry C

AHAHAH! Pour les tous les dessinateurs, architectes, ingénieurs, enfin tous ceux qui passaient leurs journée - et une partie de leurs nuits ou des week end- sur une planche à dessin, "gratter" était synonyme de "bosser"... est ce à cause du calque? Évidemment pour les musicos, leur "gratte" est le surnom de leur guitare - aux cordes gratées -!!!
Mais tous nous "grattions" dans la joie et la bonne humeur!

En décembre c'est "The Wall in Concert à Pleyel...

Vendredi 19 novembre 2021 à 14h02

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En réponse à Alain L

Je te jure que je n'avais jamais entendu cette phrase, je vais maintenant me vanter d'avoir gratter au moins 4 ans avant de changer de branche 🤫

Vendredi 19 novembre 2021 à 14h15

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Ah la Capri, je l'ai eu mais en miniature Corgi et de couleur violette métal !
La vraie n'était pas connue pour sa tenue de route et je me demande même s'il n'y avait pas encore des ressorts à lames à l'arrière, ceci expliquant cela.
Mais elle était jolie cette voiture (la première version), on disait que c'était la Mustang pour les Français.
PS : A côté de Richelieu, il y a le château du Rivau, on peut y dormir, magnifique adresse.

Vendredi 19 novembre 2021 à 16h59

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Elle avait la classe cette Capri. Je me souviens d'un film avec Maurice Ronet qui conduisait une Capri avec des gants.... Tout de suite ça le fait.....
Ce qu'il y avait d'étonnant avec les Ford de l'époque c'est que pour un même modèle, l'offre moteur et équipement allait dû minimum syndical (1300 anémique avec rien qu'un volant et trois pédales) au gros moteur multi cylindré et intérieur précieux.
Je gage que Maurice conduisait un modèle haut de gamme

Samedi 20 novembre 2021 à 05h56

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En réponse à Chapman L

Oui, le film se nomme "QUI ?" de Léonard KIEGEL.
En tapant "Qui , (1970)" sur YouTube, on a la scène, c'est assez violent !

Samedi 20 novembre 2021 à 11h00

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En réponse à GEORGES P

Merci Georges, je ne le souvenais plus de tous les détails. Peut être une scène moins énervée... Pour moi c'était de nuit et avec des gants. Par contre c'est bien cette Capri grise. Sans doutes un autre moment du film.

Samedi 20 novembre 2021 à 11h17

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Début des années 70, mon père participait à une tombola dans une agence Ford de ma région. le premier prix était une Capri (je me pince encore aujourd'hui), il rapporta le ticket à la maison et en parla tant que mon frère et moi avions cru mordicus que la bagnole serait à la maison bientôt. Une certitude, la 204 bordeaux serait remplacée par la belle américaine !
Rêve de gosse... et puis de toute façon jamais papa ne se serait assis au volant de pareil bolide.

Samedi 20 novembre 2021 à 13h42

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Amusant, je crois avoir écrit "une Porsche ça se mérite" dans un SDA. C'est vrai pour de nombreuses voiture et il est dommage que la Ford, sans aucun reproche, ait fini comme cela. J'aime bien la sortie de route dans les vignes, j'en ai fait une belle une fois avec un Cherokee essence .... qui s'est terminée par chance dans un chemin de terre. Autre point commun, les archis pour vous et les publicitaires pour moi avaient un peu le même genre de vie. Autre époque, belle époque.

Samedi 20 novembre 2021 à 17h08

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