Les Essais de Patrice • Citroën

Citroën Méhari 4X4  : Seulement 1213 exemplaires

 

Par Patrice Vergès. Produite de 1968 à 1987, la Citroën Méhari aurait dû peu à peu disparaître du PAF (paysage français de l'automobile). Mais la nostalgie qui en émane lui a donné une deuxième vie.
 

La Méhari qui a été produite de mai 1968 à juillet 1987 à 145 000 exemplaires
La Méhari qui a été produite de mai 1968 à juillet 1987 à 145 000 exemplaires



Sa bouille terriblement sympathique doit beaucoup jouer dans cet affect. Face à sa silhouette cubique intemporelle on n’imagine pas un seul instant qu’elle a vu le jour il y a presque 50 ans. Ses formes inspirées par la logique la situent hors des modes. Si on refaisait la Citroën Méhari aujourd’hui, on la referait exactement pareille. Elle ferait encore songer à la petite voiture en plastique moulé rouge ou verte qu’on faisait rouler sur la table de la cuisine lorsqu’on était gamin. C’est un jouet grandeur nature pour adulte.

30 000 km par an en Méhari

Qu'on reconditionne des Méhari presque neuves, aujourd'hui, grâce au Méhari Club Cassis qui a racheté l'outil de production à Citroën en 1987 n'est pas étranger à son regain d'intérêt notamment dans les régions côtières. D'abord parce qu'elle reste follement pratique et surtout elle est devenue très tendance. D'ailleurs ses prix le sont devenus aussi, puisque une belle Méhari entièrement reconditionnée se vend entre 20 et 25 000 euros.

Ce n'est pas du tout ce qui a motivé Christophe pas snobinard pour deux euros. Pour lui, la Citroën Méhari a un parfum de jeunesse qu'il retrouve au volant de sa rare version 4X4 produite seulement à 1213 exemplaires sur un total de près de 145 000 en 19 ans de production.
 

Le sigle magique 4X4 a été accolé à l'arrière de la version 4 roues motrices. Le défaut de sa carrosserie souple en ABS à mémoire de forme était d'être sensible aux UV



" Il y a 30 ans, j'était artisan doreur. Pour visiter les clients j'ai préféré une Citroën Méhari à une fourgonnette. Elle était orange avec une capote noire. Été comme hiver, j'ai parcouru avec mes 30 000 km par an. Je me caillais l'hiver et conduisais avec une couverture sur les genoux et avec des gros gants. Je me grillais les pieds avec le chauffage et me glaçait le cou avec les courants d'air ! Mais j'étais jeune et ça me plaisait. Je l'ai conservée trois ans et presque parcouru avec 100 000 km avant d'acheter une autre Méhari en 1981 mais en version 4X4. Elle passait partout et j'ai grimpé avec des endroits incroyables autant sur le sable que sur la neige quand j'allais au ski. C'était une voiture géniale "
 

La version 1981 reçoit l'instrumentation de la LNA. Sa présentation très sommaire facilitait son entretien.



30 ans après !

Puis après avoir roulé presque 8 ans en Méhari, en changeant de profession, Christophe est revenu à des voitures plus conventionnelles. Puis il a découvert le plaisir des anciennes en gérant un petit musée à la Teste dont il est le responsable associé. Il roule au quotidien avec une Mustang Cabriolet 1964 6 cylindres.   Le plaisir de conduire des voitures d'avant et la mode des Méhari fréquentes autour du Bassin d'Arcachon où il habite a suscité l'envie de rouler de nouveau avec. Après avoir possédé deux modèles normaux, il vient de dénicher cette rarissime 4X4 1981 première main qui ne totalise que 25 000 km dont très peu d'heures en 4 roues motrices.

Une base de Dyane

Je ne vais pas vous apprendre que la Méhari a été conçue sur la base de la 2CV Citroën ou pour être plus précis sur celle de la Dyane 6 qui prêtait sa mécanique plus puissante. Un vaillant bicylindre de 602 cm3 refroidi par air au bruit reconnaissable entre mille délivrant 26 ch DIN (29 en fin de carrière). On sait aussi qu’elle a été pensée dans l’esprit de la Mini-Moke ou plutôt d’une Jeep par une société indépendante de Citroën.

Si au départ dans l’esprit de ses créateurs, il s’agissait avant tout d’un véhicule utilitaire, très rapidement, il s’est orienté vers les loisirs. Cela étant les administrations, les pompiers et l’armée furent de gros consommateurs de Méhari. La version 4X4 les intéressait mais sa trop faible puissance incita la Défense à lui préférer le P4 Peugeot. A cause de son prix bien plus élevé, malgré ses qualités de franchissement surprenantes pour une aussi petite voiture, à cause de son prix très élevé, la 4X4 ne connut pas un gros succès commercial et ce qui explique que Citroën ait cessé sa production après 1213 exemplaires seulement. Cela en fait la Méhari la plus convoitée des passionnés réunis en un club très actif Le Méhari Club de France.
 

La transmission avec le levier coulissant classique, celui pour passer en 4X4, le réducteur et le blocage de différentiel au plancher. Au total, en jouant sur la boîte courte et longue, la 4X4 comptait 7 rapports !



ABS comme Acrylonitrile Butadine Styrène

Le trait de génie de ses concepteurs fut de la mouler en ABS (Acrylonitrile Butadine Styrène) matériau composite thermoplastique flexible teinté dans la masse qui la rendait non seulement capable d’être produite à la chaîne et surtout insensible à la corrosion et aux légers chocs. En cas de gros pépin, il suffisait de changer l’un des 11 éléments qui composaient la carrosserie fixée sur une fine structure tubulaire rivée sur la plate forme de la Dyane. Son défaut était d'être sensible aux UV et la carrosserie de la voiture de Christophe a perdu son brillant.

Il nous fait grimper à ses cotés pour faire un petit tour. Au volant, une Méhari, c'est une 2 CV dont elle a conservé les qualités et les défauts. Sa fameuse suspension hyper souple qui en balançant mollement ses passagers digère les creux des chemins. Sa relative bonne garde au sol lui permet de grimper partout à condition que ça ne monte pas trop. Son adhérence la rend sûre sur le goudron, efficace sur la terre, impériale sur la neige avec un entretien symbolique.

 
 

L'éternel flat-twin de 602 cm3 de 29 ch DIN prenait place sous le capot



06

Les années bonheur

Le grand plaisir du Méhariste consistait à rouler les cheveux au vent, pare-brise abaissé et portillons avant optionnels enlevés. Accroché au grand volant trop horizontal de la Dyane, à 100 km/h maxi, l’accélérateur soudé au plancher, surfant sur les bosses, son conducteur avait le sentiment de maîtriser un DC3 au décollage. Bruit assourdissant du vent tourbillonnant autour de ses jambes, grincement divers de la carrosserie, claquement du hayon, jappement du flat-twin, chuintement de la transmission, clappement de la suspension malmenée. Jubilatoire.

Christophe enclenche la boîte courte qui nous fait avaler avec gourmandise un gros talus. " Si on dégonfle les pneus à 500 grammes, ça passe partout", jubile notre conducteur qui avoue prendre un plaisir fou. A son volant, il se se paye un voyage de retour dans les années bonheur des seventies avec les souvenirs qui vont avec. Et 30 000 euros pour voyager dans sa jeunesse, après tout ce n'est pas cher payé !
 

Le compteur d'heures en mode 4X4 montre que la voiture de Christophe a parcouru peu de hors piste


 

 Christophe, la passion sincère de la Méhari.
Christophe, la passion sincère de la Méhari.


 

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Mardi 21 avril 2020

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