Par Patrice Vergès. Il y a juste 50 ans en mai 1968 naissait la Citroën Mehari. Une date d'anniversaire idéale pour essayer l'E-Mehari qui vient de bénéficier de quelques modifications qui la rendent plus attachante.
Lancée il y a deux ans, produite à environ 1000 exemplaires, la E-Mehari n'a rencontré qu'un succès médiocre pour de nombreuses raisons. Citroën vient de la faire bénéficier d'améliorations qui affirment davantage son caractère de véritable automobile avec un hard-top permettant une meilleure utilisation " tous temps" lié à un intérieur revu et plus confortable, une sécurité améliorée et une structure renforcée. D'où ce nouvel essai.
Plus fonctionnelle
Difficile pour un journaliste auto d'essayer une E-Mehari sans vouloir la comparer, terrain de jeux où elle ne sort pas gagnante. En fait, la comparer à quoi ? A rien puisque dans le segment des véhicules électriques de loisirs, la E-Mehari n'a plus de concurrente car la Bleuesummer Bolloré dont elle est étroitement dérivée à vu sa production arrêtée. Évidemment pas à une Renault Zoe qui n'est pas un véhicule de loisir décapotable dont on peut nettoyer l'intérieur d'un coup de jet.
Esthétiquement, elle a conservé sa silhouette craquante fortement inspirée de la mythique Méhari des sixties réalisée en ABS semi-souple qui absorbe les chocs légers et ne rouille pas. C'est d'abord son physique très réussi qui conditionnera l'acte d'achat à mon avis. Il suffit d'observer le regard curieux ou envieux des personnes croisées pour comprendre que son fond de commerce est dans sa bouille. Cette nouvelle version bénéficie d'un intérieur totalement revu avec des harmonies de couleurs différentes, d'une planche de bord redessinée désormais avec des airbags, de sièges plus confortables réglables en hauteur (pas assez), une console centrale, un nouveau volant réglable.
Modifications qui donnent une meilleure perception de sa qualité et surtout le sentiment de posséder une " vraie " voiture. Désormais, contre 1200 euros, elle peut recevoir un hard-top couleur de teinte noir brillant aux glaces coulissantes qui permet son utilisation en hiver ou en ville en toute sécurité. Elle reste pratique avec deux vraies places à l'arrière et un petit coffre de 200 litres ou 800 litres banquette rabattue dont 78 litres dans un compartiment bien sécurisé sous un couvercle. Bien vu !
Elle est électrique !
Bien sûr, on peut aussi et surtout acheter une E-Mehari par conviction écologique puisqu'elle est mue par un moteur électrique de 50 kW dont le couple a été accru de 20 % pour compenser la prise de poids de 100 kilos due à l'équipement en progrès et aux renforts accrus de la caisse ( 1450 kilos !). Avec 166 Nm (environ 68 ch) il procure des accélérations suffisantes à cette petite voiture (3,80 m) et une vitesse de pointe honorable de 110 km/h. Rien à redire de ce coté sauf que le moteur électrique n'est pas aussi silencieux qu'on pourrait l'imaginer notamment sur avec le hard-top qui fait caisse de résonnance et que son pouvoir de décélération reste assez discret. La voiture est sûre, agréable en ville grâce à sa direction assistée et étonnamment confortable sur les ralentisseurs avec globalement une honorable tenue de route. Elle peut prendre l'autoroute sans problème. Plutôt une bonne surprise.
Où ca se passe moins bien c'est lorsqu'on veut recharger sa voiture. Bien qu'elle soit donnée pour autonomie de 195 km en conduisant à l'économie, en utilisation normale il est plus raisonnable de compter 140 à 150 km. Autonomie qui autorise une bonne utilisation de son véhicule pour vaquer à ses occupations, faire des courses où transporter des touristes dans de vaste résidence hôtelières.
Là, où elle pèche c'est au niveau de sa recharge puisque les batteries LMP (Lithium Métal Polymère) du groupe Bolloré n'admettent pas la recharge rapide. Il est vrai que ces batteries ont la qualité de ne pas perdre de leur capacité en fonction du froid ou de la chaleur. Eles ont aussi le gros vice de voir leur charge faiblir de 2 % de par heure en conservant quand même une capacité de secours de 10 % si on ne les recharge pas pendant 2 jours. Une contrainte supplémentaire mais comme m'a fait remarquer, fort à propos, Benjamin attaché de presse de chez Citroën, "Personne ne se plaint de recharger son i-Phone tous les jours". J'aurai pu lui rétorquer que c'est plus difficile avec une voiture mais l'argument est recevable. Il faut compter 10h30 avec une prise 16 ampères (Wallbox plus 1000 euros) et 16h30 sur une prise domestique. C'est beaucoup et limite l'utilisation de cette voiture.
Plus passion que raison
Enfin, les prix ne sont pas spécialement bradés puisque avec le bonus de 6000 euros déduits, ils s'établissent autour de 20 00 euros et même bien davantage (23 300 euros) pour la séduisante version " By Courreges" série limitée à 61 exemplaires. Tarifs évidemment hors batteries Bluecar auxquels il faut rajouter 79 euros de location mensuelle.
En fait, je pense qu'un acheteur potentiel d'une E-Mehari n'en aura rien à cirer des critiques lues ou entendues ici ou là surtout de la part d'un journaliste auto davantage dans la rationalité que dans la passion. L'E-Mehari n'est surtout pas un achat rationnel. Il en aura le désir tout simplement car il trouvera sa ligne craquante, ses coloris pimpants, son concept génial, parce qu'il aura l'impression de retrouver sa jeunesse à travers sa silhouette, de rouler cheveux au vent en affichant sa fibre écologique. C'est une voiture qu'on doit aimer plus pour ses défauts que pour ses qualités. Mais l'important, c'est d'aimer.....
L’avis des Petits Observateurs
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