Par Patrice Vergès. Entre 1962 et 1978, l'Alfa Romeo 1600 Giulia était une voiture rare et réservé à une élite. Aujourd'hui, POA vous explique pourquoi en essayant la version berline 1600 de 1972 du petit observateur Patrick.
Un timbre incomparable, reconnaissable entre 1000
Est-ce le fait du bloc coulé en aluminium qui laisse suinter des résonance internes, de l'originale culasse à double arbre, de l'aspiration gloutonne des deux gros carburateurs, de ses généreuses pipes d'échappement ou peut être à tout cela à la fois ? Le célèbre bloc Busso (nom de son dessinateur) dispersait un bruit, pardon une musique si particulière qu'une Alfa se reconnaissait entre mille. Encore plus celle de Patrick dont l'échappement un peu libéré émet une tonalité grave qui remplit l'habitacle de sa berline Giulia 1600 de 1972.
Le virus Alfa
Entre lui et elle ce fut comme attraper un virus. C'était d'ailleurs l'accroche publicitaire de la marque italienne à la fin des années 60. " Adolescent, j'avais été passager d'une Alfa Giulia. J'ai attrapé le virus Alfa et j'ai voulu en avoir une".
Patrick a eu son brevet de pilote d'avion dès 17 ans, avant le permis de conduire. Dès qu'il en a eu l'opportunité, il a acquis une Alfa Giulia Super d'occasion 1965. Il se souvient. " Elle était rouge bordeaux. C'était une voiture assez extraordinaire à l'époque car elle marchait à plus de 175 km/h et avait une boîte à 5 vitesses, ce qui était rare. C'était une vraie sportive mais qui offrait aussi 4 places (pour transporter les petites copines !) mais avait également du confort par rapport à un cabriolet sportif".
Dérivée de la Giulietta 1300, cette berline lancée en 1962 n'avait aucune concurrence. C'était la seule 4 places 1600 cm3 aussi puissante (92 ch DIN) capable de rouler à 170 km/h et compter 5 rapports dans sa boîte de vitesses. Les autres 1600 de l'époque ne dépassaient pas les 65 chevaux et pointaient à 140 km/h comme la 404 Peugeot. Alfa était alors le seul constructeur à proposer des berlines sportives qui faisaient souvent le bonheur des pilotes où sa mécanique pouvait être poussée à plus de 150 chevaux. Revers de la médaille, une Giulia coutait 60 % plus cher qu'une 404 ou Simca 1500 ! Voici pourquoi, elles étaient rares et réservées à une élite. En 1962, sur un total de seulement 58 000 unités produites, Alfa ne vendit en France que 1100 voitures dont seulement 250 nouvelles Giulia.
Réveil des sens
Dans l'Alfa de Patrick de vieilles perceptions viennent réveiller mes sens car j'ai beaucoup roulé avec cette voiture il y a bien longtemps. Le craquement dans le boitier direction lorsqu'on tourne le dur volant à l'arrêt, le tressautement caractéristique de l'essieu arrière rigide, le dodelinement de la suspension tarée assez ferme, l'étroitesse de la carrosserie aujourd'hui (1,56m) qui saute aux coudes et toujours cette musique épaisse qui sourd du moteur. Toujours du bonheur pour Patrick qui totalise 105 voitures au compteur depuis son permis sans compter les avions et les hélicoptères. En tant que Président d'une société aérienne d'hélicoptères, Patrick a toujours possédé de belles et puissantes voitures allemandes même si pendant plus de 30 ans, l'Alfa de sa jeunesse restait l'un de ses plus beaux souvenirs d'automobiliste d'une époque de liberté où on pouvait débouler à fond de 5eme sur les nationales.
Une voiture laide ?
"En 2000, 30 ans après avoir vendu ma berline Giulia, j'ai voulu en racheter une autre bien que plus rare que le coupé en collection. J'ai finalement trouvé ce modèle datant de 1972 qui n'avait que 65 000 km et qui avait été restaurée. Je l'ai faite repeindre en rouge car pour moi, c'est la couleur des Alfa." Depuis, excepté quelques petites révisions (freins), Patrick a parcouru 25 000 km sans problème, utilisant sa voiture pour de petites sorties du club ou rassemblements.
" Dès que je l'ai conduite, j'ai retrouvé les souvenirs de mes 20 ans. Le bruit évidemment, l'odeur caractéristique de l'habitacle. Bien sûr, le temps avait passé et le progrès était passé par là et elle tenait moins la route que je croyais et marchait moins fort que j'en avais gardé le souvenir. Mais toutes les sensations étaient là ! J'adore la regarder et aussi la nettoyer et caresser ses formes que je trouve belles". A cet égard, signalons que la silhouette cubique de la Giulia avait choqué à l'époque et que l'Auto Journal l'avait qualifiée de "voiture laide".
Son Alfa, c'est un peu comme la madeleine de Proust ce qui ne l'empêche pas d'être très attiré par d'autres voitures (il possède aussi une MGB GT et une 2 CV). Le lendemain de ce reportage, Patrick allait acheter sa 106eme monture : une Nissan 350 Z dont la mélodie du gros 3,5 l est digne du 4 cylindres Busso de l'Alfa. Puis on évoque déjà la 107eme sous le regard rempli de tendresse teinté d'ironie (quel grand enfant !) de son épouse face à une passion toujours intacte. Pourquoi pas une Nissan GTR ?
L’avis des Petits Observateurs
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