Par Patrice Vergès. Sur la cinquantaine de voitures possédées en un peu plus de 45 ans de conduite, j'en ai acheté une bonne douzaine en tant que " deuxième voiture " d'abord destinées à madame et mieux adaptées à la circulation urbaine.
C'était déjà mon cas dans les années 70 d'autant qu'aller bosser en Porsche ou Commodore GS/E n'était pas le plus économique ni le plus pratique. Avoir une deuxième voiture, il y a plus de 40 ans était moins banal que de nos jours. Généralement par opposition à la première, ce devait être une voiture d'occasion bon marché au budget d'achat et d'entretien le plus réduit possible. Si on achetait une Mini ou une Fiat 500 ce n'était pas pour l'image comme aujourd'hui mais parce qu'elles n'étaient pas chères, économiques, faciles à conduire et pratiques à garer en ville.
Elle a un moteur rotatif ?
Ma première voiture urbaine fut une NSU Prinz. C'était une petite 600 cm3 dont la caisse ressemblait à une Chevrolet Corvair en réduction. Avec l'arrière allongé, elle donna le jour à la fameuse 1200 TT à moteur 4 cylindres alors que la 600 ne comptait qu'un 2 cylindres accolés. Mais je l'avais achetée car c'était la plus puissante 600 cm3 du marché avec 36 chevaux contre 25 pour une Ami 6. On est bête à 18 ans ! Qu'en dire ? Malgré des freins neufs, elle ne freinait pas du tout et sa direction était bien trop directe pour ma jeune expérience. Trop pour moi qui n'ai pas pu rattraper un brutal survirage en montagne. Et hop, je suis parti en tonneaux. Trois pour être précis mais... par l'avant. Boum, badaboum, badaboumboum. Je suis passé à travers le pare-brise et c'est le capot avant en s'ouvrant qui m'a durement arrêté !
C'était l'époque où on parlait beaucoup du moteur rotatif de la NSU RO qui allait sortir. En écoutant le son aigrelet de son moteur refroidi par air par turbine, beaucoup s'imaginaient qu'elle avait un moteur rotatif d'autant qu'il était caréné comme sur une machine à laver. Dans la rue, j'ai surpris un type qui levait le capot arrière de ma voiture en expliquant à un autre qu'elle avait un moteur rotatif.
Marié, il nous a fallu une voiture urbaine. J'achetai à un copain de boulot, la 2 CV de sa femme datant de 1960 (la 2 CV !). Plus très fraiche et très ardue à démarrer l'hiver malgré la bombe de Start Pilote qu'on injectait dans le carburateur. Dans les années 70, la 2 CV très démodée était devenue la 2eme voiture urbaine car elle n'était pas trop chère d'occasion, très fréquente et surtout peu onéreuse à l'usage. Quand on réfléchit, elle n'était pas tout adaptée pour la ville. On y voyait très mal à l'intérieur autant pour avancer que pour reculer à cause de sa lunette arrière s'éclairant sur le ciel. En braquant, on ressentait de violents hoquets dans la direction. L'hiver on se caillait à l'intérieur et ses freins grinçants étaient durs comme du bois. Elle n'était pas encore devenue une voiture culte comme aujourd'hui. Avec 12 ch SAE, inutile de dire que ce n'était pas un foudre de guerre. Ce ne fut pas un très bon achat. Après un léger accrochage, je parvins à l'échanger contre un mois de loyer auprès de mon propriétaire avant que les longerons se coupent vers l'avant le jour il eut l'idée de la lever sur le cric suivi d'un grand crac.
Avec ma Porsche, j'ai enfoncé mon R10 !
La R8 qui la remplaça était plus agréable, plus sûre (4 freins à disques qui sifflaient beaucoup), plus rapide (130 km/h) et amusante à conduire grâce à sa direction précise. Quand ma Fiat 125 S resta chez le carrossier deux mois suite à un gros accident, je partis avec en vacance et malgré ses 10 ans elle marchait encore bien. Hélas quelques mois plus tard, la boîte de vitesse lâcha et je ne me souviens pas de ce qu'on en fit.
On la remplaça par une Renault 10 qui était une R8 allongée mieux finie. Son 1100 (le fameux Cléon fonte) était bien plus souple que le 956 cm3. Ayant oublié un chiffon près de l'échappement, elle prit feu. J'eus la stupidité d'ouvrir le capot arrière pour constater les dégâts et une flamme me grilla cils et sourcils ! Heureusement, un brave automobiliste s'arrêta et endigua le feu avec son extincteur. Je le remercie 40 ans après. Réparée, elle reprit du service jusqu'au jour où je rentrai dans son arrière avec ma Porsche que je venais d'acheter et dont la pédale était très dure à cause d'un servo défaillant. Deux de mes voitures bugnées par ma faute en même temps. Il y a des jours ou ça ne veut pas !
La Renault 10 tenait assez moyennement la route malgré ses jantes élargies jusqu'au jour où on a changé les roulements de roues très bruyants. Un rail ! J'avais été idiot de ne pas le faire auparavant.
Pour rouler en ville, j'avais acheté une Renault 4 L de 1971 à boîte 4 vitesses. J'ai adoré cette voiture, sympathique, pratique, amusante à conduire lorsqu'elle fut équipée d'amortisseurs neufs à l'arrière. Un seul défaut, à mes yeux, le siège conducteur ne reculait pas suffisamment. Je me souviens que la R4 consommait 9 litres aux 100 en ville, des chiffres normaux à l'époque mais c'était la moitié de ce qu'avalait ma Commodore GS/E (On dit Commo aujourd'hui). J'adorerais reconduire une 4L aujourd'hui.
Surpris en train de la repeindre !
Elle a été remplacée par une Renault 5 LS. C'était le haut de gamme des R5 animée par le 1300 de la R12 TS. Avec 60 ch, elle marchait fort (155 km/h) pour un urbaine et bénéficiait de glaces teintées et d'un levier au plancher et d'un essuie-glace arrière. Le summum du luxe ! C'était très recherché une R5 en ce temps surtout avec les glaces teintées et le levier au plancher plutôt que coulissant sur la planche de bord. Elle nous quitta pour une belle Simca 1100 GLS d'occasion achetée à un retraité. Voiture idéale pour un usage ville-route, confortable, sûre et pratique. Ses gros vices étaient son moteur trop bruyant, sa direction très ferme d'autant que j'avais monté un petit volant de Simca Rallye 2 et sa propension à rouiller. Le jour de la publication de la petite annonce, tôt, au petit matin, j'étais en train de passer de la bombe de couleur bleu directement sur les bas de caisse rouillés quand j'entendis une interrogation portant sur mon nom derrière moi. Je me retournais, c'était déjà un acheteur. Juste le temps de cacher la bombe de peinture dans mon dos et je la lui vendis !
J'ai oublié de vous dire que j'ai possédé aussi un coupé 204 Peugeot qui offrait l'originalité d'avoir une face avant et arrière de 304 (gros feux) et d'être chaussées de jantes larges en tôle. Elle avait un beau look. Je l'ai beaucoup utilisée en famille car je suis resté 9 mois sans rouler avec ma Porsche à cause d'un margoulin concessionnaire Ferrari qui avait mal calé le moteur. A quatre on était un peu serré et à cause du poids et d'amortisseurs fatigués, la fausse 304 levait un peu du nez sur la route en offrant un CX de contre-torpilleur. Ah, je me rappelle aussi que le chauffage marchait très mal et qu'il y avait tout le temps la buée dans l'habitacle !
Déjà vendue !
Par son look trop clivant, la Fiat Ritmo ne m'avait guère accroché. Mais un copain garagiste qui rachetait des saisies me proposa une Ritmo 1300 65 chevaux peu kilométrée 3 portes de type Targa Oro. Ça changeait tout et j'ai toujours préféré les voitures deux portes aux quatre même si c'est moins pratique C'était une série limitée noire à glaces fumées et à roues en alliage dorées qui avait une sacrée classe. J'ai dû la garder deux ans et beaucoup souhaitaient me l'acheter. Pour la vendre, je l'avais exposée dans un garage qui faisait du dépôt-vente. En revenant chez moi, j'appris qu'elle avait déjà était vendue juste après mon départ. Quelques mois après en discutant avec un copain au travail, il me raconta qu'il n'avait pas pu honorer les échéances du crédit de sa Ritmo Targa Oro. J'avais acheté la sienne sans le savoir. Fait amusant aujourd'hui, nous avons le projet d'écrire un livre sur les cyclos tous les deux.
Un peu las d'être trop souvent en rade avec toutes ces occasions, je me suis tourné vers la voiture neuve. J'avais essayée la Fiat Uno lors de sa sortie en 1983 et son concept m'avait séduit mais pas son vieux moteur 903 cm3 datant de la Fiat 600 de 1954. Puis un jour de 1985, Fiat nous invita à visiter une usine où on produisait le nouveau moteur 999 cm3 Fire bien plus moderne dont chaque bielle et piston étaient pesés comme chez un préparateur. Séduit j'ai acheté une Uno à moteur Fire, une mécanique qui équipe encore 30 ans après la Fiat 500 en version 1200. Avec 45 ch, son petit moteur était merveille de douceur et d'onctuosité par rapport à ce qui se faisait à cette époque. En ce temps là, on n'avait pas besoin d'au moins 100 chevaux sur une voiture urbaine !
" C'est le rêve de ma vie ! "
Je l'ai vendue pour acheter une Corsa A 1200 phase II qui avait des qualités et les défauts que n'avait pas la Fiat. Elle était mieux fabriqué, le système électrique était plus fiable, les glaces ne tombaient pas dans les portes et la peinture était de meilleure qualité. Elle tenait moins bien la route que l'Italienne et se montrait moins conviviale.
Fait troublant, ma nouvelle épouse avait la même voiture que mon ancienne. Ça s'arrêta là ! Il s'agissait une Corsa A plus récente 1992 série limitée Steffi avec le toit ouvrant en toile très agréable en ville. Normal, elle travaillait chez Opel. Sa Corsa fut remplacée par une Astra 1400 1999 en 2 portes noire chaussées de jolies jantes en alliage avec laquelle nous n'eûmes aucun problème en 40 000 km. À ceux qui détestent les Opel, je me souviens du regard émerveillé de l'acheteur qui nous déclara " C'est le rêve de ma vie ! ".
C'est une Corsa C phase II qui la remplaça en version essence 1400 90 ch dont il n'y a rien à dire suivie d'une autre Corsa D à moteur diesel Fiat 90 ch équipée d'un toit ouvrant et d'une boîte robotisée agréable en ville lorsqu'on a compris qu'il ne faut pas écraser l'accélérateur. Elle comptait 6 rapports. Chez Opel on m'affirma qu'il n'existait pas de boîte à 6 rapports sur la Corsa diesel ! La mienne en avait pourtant une.
Aujourd'hui ma conjointe roule en Fiat 500 L : une voiture pas très aimée par la presse auto déjà évoquée sur POA il y a 3 ans. Elle apprécie sa facilité de conduite, sa visibilité, sa modularité, son accessibilité et aussi son look de bouledogue. De mon coté, je suis étonné par la qualité de sa fabrication m'attendant au pire sur une Fiat. Deux petits défauts à mes yeux, son moteur diesel 85 ch apparaît poussif sur route est surtout ses jantes de 17 pouces de couleur blanche à gros trous ronds sont impossibles à nettoyer ! On parle de la changer. On vous tiendra au courant !
L’avis des Petits Observateurs
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