Certaines automobiles peuvent-elles être considérées comme des œuvres d’art ? Sont-elles des placements aussi rentables et surs qu’un Gauguin, un Matis ou un Picasso ?
par Renaud Roubaudi/Photo Laurent Nivalle Laurent Nivalle
(Lancia Fulvia Zagato)
Si la question divise encore certains experts, les récentes enchères de voiture de collection ont atteint des sommets qui n’ont rien à envier aux tableaux de maîtres. Lors du dernier salon Rétromobile en février à Paris, une Ferrari 250 GT California a changé de main pour 4,5 millions d’euros. Certes la belle avait appartenu au réalisateur Roger Vadim, mais un modèle équivalent s’échangeait pour seulement 450 000 € en 2000. Une multiplication par dix de sa valeur en dix ans qui n’a rien d’un phénomène isolé. Partout dans le monde, les cotes explosent et les records sont régulièrement battus. Une Aston Martin DB4 GT a été vendue plus d’un million d’euros par la maison Bonhams en début d’année et une Delage de 1935 a dépassée les 320 000 euros.
(Citroën DS Coupé le Dandy par Chapron)
Cette frénésie pour la chose automobile de collection rappelle étrangement celle de la fin des années 90. En pleine crise financière, déjà, certains investisseurs s’étaient mis à spéculer sur les voitures d’exceptions, multipliant les cours de façon extravagante. Il n’était pas rare à l’époque de voir de simple bon de commande de Ferrari F40, le dernier modèle crée sous la houlette du Commendatore Enzo Ferrari, se monnayer pour dix fois leurs valeurs, avant que la bulle n’explose en 1992. Aujourd’hui, et c’est nouveau, cette valorisation ne vise plus seulement les grands archétypes de l’automobile ancienne, Mercedes 300 SL papillon, Jaguar Type E, Lamborghini Miura…
(Mazda Cosmo Sport)
Elle touche désormais des modèles plus populaires. Ainsi, une simple Citroën DS 23 Pallas de 1972, parfaitement restaurée, a trouvé preneur pour 183 000 € lors de la dernière vente Artcurial au Salon Rétromobile. Pour mémoire, la DS a été produite à plus d’un million et demi d’exemplaires et elle représentait, parfois en bien triste état, la voiture des manouches dans les années 80. D’un coup, tous les possesseurs de vielles DS qui estimaient benoitement leur voiture entre 10 et 20 000 € (la côte officielle) se sentent pousser des ailes. Mieux encore, une 2CV de 1965 en provenance de Californie s’est vendue 60 000 €. Son prix incroyable s’explique par son kilométrage qui ne totalise que 116 miles. Livrée neuve à un concessionnaire américain, ce dernier ne l’a tout bonnement jamais utilisée, faisant d’elle une relique sur quatre roues.
(Porsche 914)
N’allez pas croire pour autant que toutes les citrouilles se transforment en carrosse. Il faut un modèle rarissime ou exclusif, soit par son état d’origine, sa restauration, son faible kilométrage ou sa provenance particulière. Un cocktail subtil que les spécialistes résument par le mot « pédigrée ».
(Edsel par Ford)
Pour Pierre Novikoff et Mathieu Lamour, le sémillant duo qui dirige le département Motorcars d’Artcurial sous la houlette de Maitre Poulain, chaque auto doit raconter une histoire et c’est cette histoire qu’ils s’attachent à promouvoir et mettre en scène. En 2010, une Bugatti à l’état d’épave, miraculeusement retrouvée au fond d’un lac en Italie après y avoir séjourné 72 ans, a agité les convoitises du petit monde des collectionneurs. C’est un américain qui l’a emporté pour une fortune et l’expose tel quel dans un musée privé. Pour renouveler l’intérêt du marché et dégoter la perle rare, Pierre Novikoff et Mathieu Lamour n’hésitent pas à se transformer en véritable détective privé. Arpentant les campagnes, visitant les granges, questionnant les pompistes, les anciens des villages, ils traquent sans cesse la voiture oubliée qui fera demain la une des salles de vente. Prêchant pour leur paroisse, les deux hommes sont convaincus que la collection d’automobiles est un investissement d’avenir et réfutent les comparaisons avec la spéculation des années 90. Pour eux le marché est devenu mature, les amateurs plus connaisseurs, sans parler du niveau des restaurations dans les règles de l’art qui ne cesse de progresser offrant de plus en plus de produits de qualité.
(Bmw 503)
Mais au fait qui sont ces collectionneurs qui alimentent les enchères ? Chez Bonhams, on estime à 300 000 personnes le nombre d’amateurs capables de débourser au moins 100 000 euros pour une auto ancienne. Un chiffre stable que l’arrivée des nouvelles fortunes des pays émergents n’a pas significativement impacté. Certes, on voit plus qu’auparavant des Russes, des Américains du Sud, quelque Chinois, mais sans véritable culture automobile, ces derniers sont pour le moment plus sensibles aux voitures de luxe modernes.
(Fiat X 1/ 9)
Heureusement, le plaisir de rouler en ancienne n’est pas réservé aux privilégier. Il suffit pour s’en convaincre de feuilleter l’hebdomadaire La Vie de l’Auto pour constater que des ventes beaucoup plus abordables sont régulièrement organisées dans toute l’Europe. De l’Ami 6 à la Coccinelle, en passant par des vielles Rolls défraichie, on trouve de tout et à tout les prix, pourvue qu’on est le temps de se pencher sur la question. Plus que dans les grandes ventes médiatiques, c’est là qu’il y des bonnes affaires à dénicher. Dernière tendance en date, la montée en puissance des « Youngtimer », des autos produites entre 1980 et 2000, qui séduisent de plus en plus les jeunes trentenaire. Car quel que soit les milieux sociaux, on achète le plus souvent la voiture dont on a rêvé enfant. Achetez ce que l’on aime, roulez avec, voilà sans doute les deux meilleurs conseils pour éviter toute déconvenue en cas de retournement de tendance.
Renaud Roubaudi
Photos Laurent Nivalle
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http://www.laurentnivalle.fr
(Opel Kapitan)
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Jeudi 17 mai 2012
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