Par le Commandant Chatel. Nous sommes à la fin des années 70, début 80. Je travaille à Radio-Monte-Carlo. L’agence de pub (j’ai oublié son nom) qui s’occupe du budget Talbot nous contacte. Le brief : monter une opération radio pour prouver que ces autos sont bien construites.
On carbure, on brainstorme, on réfléchit... et on propose un raid Paris – Cap-Nord avec trois Talbot pilotées par trois animateurs de radio. Max Meynier pour RTL, Marielle Goitschel pour Europe 1 et Gérard Klein pour RMC.
Ils feront la route, enregistreront des messages où ils racontent leur voyage dans la journée et nous balanceront le matériel la nuit par ligne.
À Paris, on montera et mixera les messages qui seront diffusés le lendemain sur les trois stations de radio comme si c’était en direct. C’est un petit mensonge de 24 heures, mais qui permettra de rester dans un coût de production presque « normal ».
Vendu ! On fonce.
Les Talbot sont de séries (sauf le chauffage qui a été renforcé). Chaque animateur sera accompagné d’un technicien radio avec un Nagra (magnétophone portatif de 15 kg... Vive le numérique) et il y aura quand même une voiture suiveuse avec deux mécaniciens de chez Talbot.
En fait, ils ne feront rien, car à part un accrochage et une portière enfoncée (celle de Gérard Klein) tout se passe comme sur des roulettes.
Donc, chaque soir on se retrouve au studio à Paris et on récupère les enregistrements. Nous sommes trois monteurs.
Chacun derrière son magnétophone et on bricole chacun une douzaine de message de 1 minute.
À deux ou trois heures du matin, c’est terminé, chacun dépose ses message à la régie finale de sa station (elles sont toutes les trois à l’époque dans le 8e arrondissement de Paris) et on va se coucher.
L’opération dure deux semaines à peu près et voilà nos animateurs qui rentrent en avion et les autos sur un plateau.
On fait une photo de famille dans un hangar, je ne sais plus où, devant les photos recouvertes de terre, de boue... franchement, elles sont magnifiques.
Tant et si bien que les grands manitous de la com’ décident d’exposer les autos dans le show-room de Talbot sur les Champs-Élysées.
Je ne sais pas pourquoi, je la ramène et je dis au directeur commercial :
- Il faut surtout les laisser sales ! Elles sont sublimes comme ça.
Il me répond un truc du genre :
- C’est une plaisanterie ?
La semaine suivante, on a rendez-vous sur les Champs-Élysées pour une nouvelle photo de famille. On se retrouve avec Gérard Klein, Max Meynier et Marielle Goitschel devant trois Talbot Horizon dont on a retiré les autocollants, toutes propres, la portière enfoncée changée.
Les gens passent devant en s’en foutant. Ces autos ne racontent plus rien...
Je fixe intensément le directeur commercial en question.
Comme un coq de bruyère, il pavane.
Tellement content de lui.
Cet imbécile vient de tout flanquer par terre.
Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA ! Merci.
L’avis des Petits Observateurs
1 commentaire au sujet de « Souvenirs d'Auto (235) : Une Talbot Horizon faut que ça brille ! »
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Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la page du site "Passion Horizon" consacrée à cette "aventure" :
passionhorizon.wifeo.com
Vendredi 11 février 2022 à 07h25