Souvenirs d'Autos • Simca

Souvenirs d’Autos (409) : Histoire des voitures cubiques

Écrit par

Thibaut Chatel (Commandant Chatel, Petites Observations Automobiles)

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. L’excellent Alain Lyart nous propose une nouvelle histoire. Et, moi, je crois que nous avons tous vécus la même ? À vos commentaires !

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Vendredi 10 mars 2023


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Photo Thibaut

Thibaut Chatel Petites Observations Automobiles - Commandant Chatel

Alias "Commandant Chatel"  de POA.

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Lorsqu’on demandait à des enfants des années 1960 de dessiner une voiture, en dehors de quelques rares originaux comme moi qui s’essayaient à des formes aérodynamiques, déjà impressionné par le fuselage des Mirages III de Tanguy et Laverdure (1), et sans le savoir par les lignes du mouvement Streamline - sans davantage connaitre les dessins des nouvelles "Studebaker Avanti" que Raymond Loewy (2) était en train de créer - ces gamins dessinaient des sortes de boites plutôt noires sur roues, telles que certains autres plus bricoleurs en construisaient dans le garage familial avec l’aide de leur grand-père, d'une caisse de “Quaker Oats”, de quelques planches et de quatre roues de poussettes récupérées à la décharge.

Arriva le moment où, à 10-11 ans les portes de la grille du Lycée s’ouvraient pour nous et de l'autre côté de la guérite du gardien, celles du parking des profs. Au début on ne faisait pas très attention aux vieilles 403, aux 203 grises d’un autre âge, aux nombreuses 2cv cabossées, rien de bien intéressant, et puis on s’en fichait parce que notre pote Nicolas (il aurait pu s’appeler Lucien (3) n’arrêtait pas de nous parler de sa “Flandria” et de ses carburateurs “Dellorto” qu’il bricolait le dimanche pour que sa bécane roule encore plus vite, grand décalage pour ceux qui venaient en train comme moi et qui attendait patiemment de récupérer le vieux "Solex 1010" de sa cousine.

Et notre prof de math se pointait avec sa sacoche de cuir patiné, son feutre et son imper gris (4) sur sa mobylette orange, il nous faisait bien marrer quand on le suivait pour aller rejoindre nos préfabriqués tout au fond du parc, ses pantalons trop court montaient et descendaient comme des pistons quand il marchait d’un bon pas, c’est pourtant à cause de lui que j’ai fumé ma première clope car nous avancions dans la trace du parfum sucré de la fumée de ses Pall Mall, bien plus raffinée que celle des P4 qu'on s'échangeaient autour du nouveau Flipper "Williams" qui venait d'arriver au café-tabac du coin (5)…

On grandissait vite et enfin des autos modernes arrivèrent, les Renault 8, les Simca 1000 et les NSU Prinz. Les ingénieurs et les stylistes s’étaient mis d’accord, non seulement ils les avaient rêvées, désirées mais aussi construites, exactement comme celles qu’eux aussi dessinaient en CM1, identiques, mais de toutes les couleurs, c'est comme si elles avaient grandi avec nous, elles étaient de notre taille, elles étaient sympas voir drôles, petites et agiles comme les ados que nous étions. Il y avait toujours un grand cousin qui en avait une, un autre qui connaissait un gars qui faisait des courses à Montlhéry, un troisième qui avait même vu une Gordini, une vraie avec ses bandes blanches ! 

Peu importait la marque, chacun avait sa préférence, son clan, à cette époque de duels fameux, que ce soit aux 24h du Mans entre Ford et Ferrari, en Angleterre avec les Mods en Vespa contre les Rockers en motos, ou encore sur Europe 1 à l'heure de Salut les Copains : Beatles ou Stones ? Alors R8 jaune où Simca bleue, dès lors où elles avaient des volants en bois avec trois branches en alu trouées, des compteurs ronds avec un compte-tour, un levier de vitesse au plancher, elles nous étaient familières, elles seraient faites pour nous. Un peu plus tard j’ai même passé mon permis en R8, et je m’y voyais vraiment déjà…

Cerise sur le gâteau, mon permis en poche, j’arrivais à Paris pour mes études (les vraies) et j’accédais au graal avec la NSU TT de ma première conquête Wallonne qui avait fait la route depuis Louvain pour un week end de printemps (6)…

(1)    “Tanguy et Laverdure” BD de Charlier et Uderzo dans “Pilote” 1959
(2)    “La laideur se vend mal” Raymond Lœwy, Gallimard 1952
(3)    “Lucien”, BD de Franck Margerin années 80 
(4)     Le portrait de Raymond Souplex dans “Les cinq dernières minutes”
(5)     Pierre Lescure doit partager les mêmes souvenirs, il était dans ce Lycée depuis 1956 et a dû lui aussi fréquenter ce café situé dans l'angle de la place du marché, à côté du disquaire où on attendait l'heure du train avant de rentrer chez nous. 
(6)     Bande son (et film): "Pour moi la vie va commencer" J.Hallyday 1963

PS: lors de la sortie de la Renault 8, annoncée dans Pilote, un illustrateur avait fait un croquis nous annonçant que les feux de signalisation des futures villes nouvelles auraient la même forme horizontale que ses feux arrière si modernes!

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Faites comme Alain et racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. 

On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA !

Merci.

L’avis des Petits Observateurs

5 commentaires au sujet de « Souvenirs d’Autos (409) : Histoire des voitures cubiques »

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Dans les années 60, ces caisses trois volumes n'étaient pas rien. C'était les autos à papa, rangées à bonne hauteur sur l'étagère des familiales...
Pour les prolos y'avait la deuche ou la 4l, des deux volumes dont l'apparence frêle des tôles faisait plutôt penser à la boite de conserve discount chez Mammouth... 😉

Vendredi 10 mars 2023 à 10h14

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Je dessinais les formules 1 (des années 65) de Jim clark et Jackie Stewart. J'était donc plutôt dans l'aérodymique. Quant à la premièe clope : Un bout de papier journal, une feuille sèchée de peuplier et hop, le petit dèj qui ressort illico. Le lait retrourne dans la vache et le Banania dans sa boîte, sur l'étagère de la cuisine ! Du brutal comme dirait l'autre...

Vendredi 10 mars 2023 à 11h51

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J'ai bien sûr moi aussi rêvé de tableaux de bords aux multiples compteurs ronds et leviers de vitesses au plancher. Collant mon nez contre la vitre des voitures garées le long du trottoir, je considérais que si le compteur marquait 180, c'est que l'auto était capable de rouler à cette vitesse. Papa, après une P60 avec vitesses au volant, eu une Ford Cortina avec levier au plancher. L'honneur était sauf quand il me déposait devant l'école. En plus elle avait un tableau de bord d'enfer. Les copains étaient jaloux, j'étais fier. Elle aussi respectait le code caisse carrée.
En 1976, il acheta une R16 TS , c'était plus pareil mais j'avais grandi et le skaï des sièges ne me collait plus à la peau, je ne portais plus de shorts.

Vendredi 10 mars 2023 à 17h26

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Je n'ai qu'un très vague souvenir de la " 3 volumes" de mon père (404 blanche). Bien plus des "flashs" probablement dus à des photos que j'ai souvent vues.
Car peu après mes 4 ans, il est passé à la DS noire... Pas le choix, puisqu'il s'agissait de la voiture de fonction de tous les hauts fonctionnaires de l'époque (avec le macaron et le chauffeur allant de paire... 😉 ).
Ce n'est qu'une fois à la retraite qu'il est revenu à la "berline statutaire tricorps" avec des Mercedes (Impossible jusqu'alors pour quelqu'un qui considérait qu'au vu de ses fonctions, il ne pouvait rouler autrement que français).

Vendredi 10 mars 2023 à 20h44

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