Rover P5 3.5L coupé : il n'y a pas que Jaguar dans la vie

En France, la Rover P5 est un modèle infiniment plus rare que la P6 plus récente car peu importée en conduite à gauche. En 1969, année de la sortie du coupé P5 B de Thierry, cette Rover était déjà en fin de carrière puisque la berline Saloon  avait vu le jour en 1958 et le coupé en 1962. D'ailleurs sa production s'arrêtera en juin 1973 sans descendance car la British Leyland en rachetant la vieille marque ne voulait pas concurrencer la XJ6. Il faut préciser aussi qu'elle coûtait près de 35 000 francs (environ 60 000 euros) contre 27 500 francs pour la P6 plus moderne également à moteur 3,5 l V8.  Thierry dont on rappelle ses nombreuses participations au Paris Dakar notamment celle au volant d'une (fausse) Rolls Royce sponsorée par le parfum Jules, a toujours été amoureux de cette voiture acquise seulement il y a un an.

La Rover P5 étonne par sa silhouette massive à la calandre gourmande et  à son pavillon surbaissé

La P5 était une voiture volumineuse mesurant 4,74 m de long pour 1,78 m de large, des dimensions rares en 1958

Sous une couche de poussière

"Je l'ai toujours trouvé très classe et j'avais pu en conduire une dans ma jeunesse et elle m'avait beaucoup plu même si j'ai possédé 7 Jaguar MK2. J'ai toujours aimé les voitures rares, les moutons à 5 pattes comme je dis. Je la voulais en coupé évidemment et en boîte auto. Un ami m'a signalé qu'une P5 coupé dormait dans un parking parisien sous une épaisse couche de poussière car elle n'avait pas roulé depuis trois ans. Son propriétaire accepta de s'en séparer. Bonne nouvelle, elle n'avait parcouru que 100 km depuis qu'il avait fait refaire la boîte de vitesses, l'échappement, les freins, le train avant. Son kilométrage  est inconnu mais elle est en excellent état"

La V8 comptait 4 phares mais restait fidèle aux clignotants en bout d'ailes surmontés  par la languette rouge indiquant de l'habitacle que les phares sont allumés

Planche de bord très classe avec un zeste de vrai bois. Dès 1965, la montre a été repoussée face au passager

C'est une voiture impressionnante à admirer par ses volumes particulièrement par la massivité de sa calandre gourmande encadrée par les clignotants situés en bout d'ailes. Et surtout par son pavillon surbaissé de 7 cm par rapport à la Saloon qui avait choqué à l'époque. Depuis Mercedes a fait mieux ! Il lui avait donné le nom de coupé bien qu'elle ait conservé ses 4 portes en n'étant pas spécialement basse puisqu'elle mesurait encore 1,47 m de haut. Rappelons qu'elle était signée par le talentueux David Bache qui a aussi dessiné le Range Rover.

Ce déséquilibre entre ses flancs épais et son pavillon écrasé au pare-brise très incliné aurait pu la défigurer mais, au contraire, il lui donna un charme fou à travers une étonnante personnalité. Depuis ses origines, la P5 était mue par un 6 cylindres en ligne pas très moderne issu de la P3 sortie en 1948 bien qu'amélioré dont la puissance n'était plus de taille à concurrencer la Jaguar 3,4 l MK2.

Boîte auto à 3 rapports uniquement sur la version V8. Remarquez le dessin original du pommeau

Moquette épaisse, sièges cuir, contre-portes en bois précieux

Le moteur V8 de la Buick

Fin 1967, comme sa petite sœur la P6 déjà évoquée sur POA, elle hérita du 3,5 l V8 coulé en aluminium issu des Buick US dont Rover acheta les droits de licence. Mécanique qui motorisa longtemps poussée à plus de 4 litres le Range Rover. Dans la P5, alimenté par 2 carburateurs SU, il livrait la puissance plus intéressante de 160 ch DIN lui permettant de bien meilleures performances malgré ses 1800 kilos à tirer.

Dans la P5, on entend beaucoup moins le V8 que dans la P6, bien isolé dans le cocon luxueux de l'habitacle.  Accueillant et chaleureux et tapissé d'une épaisse moquette, il la joue classe et luxe. Sièges épais recouverts de cuir tandis que du vrai bois (faux sur la P6) ceinture les garnitures de porte et couvre l'originale planche de bord aux nombreux cadrans. La P5 n'était pas une sportive même si elle était censée rouler à 188 km/h laissant plutôt ce caractère à la P6.  Elle se meut en silence même si le grondement caractéristique du V8 se fait entendre lorsqu'on sollicite l'accélérateur.

La V8 était chaussée des jantes Rostyle à boulons apparents en 15 pouces lui donnant un aspect plus sportif

Moteur V8 en alliage léger d'origine Buick alimenté par deux carburateurs SU donnant 160 ch DIN ou 188 SAE

"D'abord c'est une voiture soigneusement fabriquée avec des solutions intelligentes et des composants de qualité. Elle est très douce à conduire avec sa boîte auto à 3 rapports Borg Warner et sa direction très assistée. Elle est confortable et sûre  encore de nos jours avec ses freins à disque. En plus, j'aime beaucoup sa ligne et encore plus sa planche de bord à la fois classe mais simple avec son ensemble compteur comptant de nombreux petits cadrans et ce grand volant avec son cerclo chrome. C'est un vrai salon roulant. Je l'adore !"

Assurément Thierry a bon goût. La prochaine fois nous évoquerons sa Studebaker 1953 restomod esthétiquement 100 % identique à l'originale mais qui cache un gros V8 de 350 ch aux accélérations impressionnantes avec des gros freins disques pour l'arrêter à 220 km/h.

L'ensemble compteur compte 6 cadrans sur deux niveaux. Deux gros en haut dont le compte- tours et quatre encadrant le grand volant à l'emblème du drakkar

Passionné de voitures, Thierry possède aussi une superbe Studebaker 1953   à la mécanique vitaminée

Thierry a construit le Jules II : 4X4 très original à 6 roues à moteur V8 Chevrolet de 360 ch avec lequel il a participé au Paris Dakar en 1984