Par Patrice Vergès.Concessionnaire Fiat pendant plus de 40 ans, Patrick a vendu autour de 30 000 Fiat neuves auxquelles il faut rajouter environ 10 000 d'occasion. Prétexte d'un retour en arrière sur les Fiat qu'il a préférées.
Patrick aime toujours les Italiennes. Ancien concessionnaire Fiat et Alfa Romeo, il va certainement commander la nouvelle Alfa Giulia (pas en diesel !) et pour son plaisir, a racheté une originale Fiat Multipla 1959. Pour la photo, ses petits 19 chevaux ont de la peine à nous entraîner sur les pentes du circuit de Charade dont son père fut l'un des instigateurs.
" Au début de ma carrière, je me souviens avoir vendu des Multipla en occasion. C'était le premier monospace puisqu'on pouvait monter à six dedans. Je ne te dis pas que ça allait vite surtout sur la première version à moteur 633 cm3".
Par sa passion, ses études (licence de physique chimie) rien ne prédestinait Patrick à devenir concessionnaire automobile. Mais son père, ancien concessionnaire Simca qui avait pris la distribution de la marque Fiat dès son lancement en France dès 1962, lui proposa d'entrer dans l'affaire. A condition qu'il apprenne le métier à fond. Patrick dut passer par tous les postes (mécanicien, magasinier, réceptionnaire, vendeur) avant d'épauler son père au coté de son frère Christian. Il en devint le PDG lorsque son père s'effaça, jusqu'en 2004 où ils cédèrent leurs concessions.
"Nous sommes partis d'une centaine de voitures par an vendues en 1962 jusqu'à 1300 au début des années 2000. Nous avons connu les bonnes années de Fiat mais aussi les mauvaises". En effet, il faut se rappeler qu'en France, Fiat vendait autant de Fiat en 1969 qu'aujourd'hui !
La 500 L noire se vendait comme des petits pains
" Au début de ma carrière, nous vendions beaucoup de Fiat 850, une voiture sympa et proposée à un prix très compétitif. Le coupé et le cabriolet qui en ont été dérivés ont connu un grand succès. Comme le coupé 124 lancé en 1967 qui n'avait pas de concurrence à l'époque jusqu'à l'arrivée de la Ford Capri. C'étaient d'excellentes voitures, belles et rapides avec leur moteur double arbre. En 1969, Fiat a dévoilé la 500 L, version Luxe de la 500 qui fut proposée en couleur noire. C'est elle qui a relancé la mode du noir. Avec son intérieur en skaï rouge, elle avait une classe folle et nous en avons beaucoup vendues".
Patrick qui avait subi une longue formation chez Fiat à Ambérieu se souvient avoir roulé à 200 km/h pour la première fois de sa vie sur l'autoroute de Lyon au volant du superbe coupé Fiat 2300. Ses 6 cylindres alimentés par deux carburateurs dégageaient un son digne de celui d'un Ferrari. "C'était une voiture extraordinaire en 1964. J'aimerai m'en acheter si j'en trouvais une en bon état".
La compétition en 128
Lancée en 1969, la 128 1100 cm3, première traction avant de la marque rencontra aussi un bel accueil commercial. Patrick qui s'était lancé dans la compétition, avait fait préparer en Italie par Ferraris (avec un s) une version groupe 2 poussé à 100 ch. " Le moteur montait à 8000 tr/mn comme un balle en lâchant un bruit de sirène. La 128 était une excellente voiture. Je n'ai vendu que deux Fiat Dino à moteur Ferrari, un coupé et un spider. Le client a voulu l'essayer sur 300 km et a tenu à payer en liasse de billets. On les a recomptées, toutes les liasses n'étaient pas complètes ! "
Fiat connait alors un mauvaise période. (Brigades Rouges), la racée Fiat 125 laisse la place à la pataude 132. " Pas terrible " avoue notre passionné. La grosse 130 6 cylindres est un échec, par contre la coupé est un chef d'œuvre esthétique. " Je m'en suis racheté un, il y a quelques années. Une déception, beau mais pas agréable à conduire". On évoque la corrosion qui a caractérise les Fiat des années 70. " Il n'y a pas que les Fiat qui rouillaient. Quand on avait un problème avec un client, c'est Fiat France qui prenait en charge les réparations". La 128 a été remplacée par la Ritmo dont la ligne ne l'emballait pas tandis que les 127 se vendaient très bien " Je me souviens avoir vendu d'un coup 150 Fiorino, version utilitaire de la 127". La 126 rencontra moins de succès que la 500 qu'elle remplaçait ce qui n'était pas le cas des 131 et des Uno qui se vendaient très bien..
Ah, le coupé Fiat 5 cylindres !
Après parmi les Fiat des années 80/90, il y a des voitures qui le passionnent moins telles les Ritmo, Chroma, Regata. Fiat n'a pas assez investi sur l'auto et commence sa descente aux enfers à cause de mauvais choix de ses dirigeants. " J'ai aimé la Stilo uniquement en version 3 portes et beaucoup le coupé Fiat des années 90.Je roulais en coupé 5 cylindres, quel bruit ! " En effet, en 40 ans, Patrick a compté une centaine de voiture de fonction qu'il conservait environ 6 mois ce qui lui a permettait de tester longuement certains modèles et pas toujours parmi les plus chers. "J'ai beaucoup aimé la Panda que j'ai trouvé géniale".
"Contrairement à ce qu'on imagine, les Fiat n'étaient pas fragiles. Beaucoup de clients atteignaient 300 000 km avec. Aujourd'hui, c'est encore une marque pour laquelle j'ai de la tendresse. Je n'aurais pas vendu des Renault ni des Peugeot. Les Fiat étaient alors des voitures différentes avec une véritable personnalité qui plaisait aux clients".
L’avis des Petits Observateurs
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