Par Patrice Vergès. Un média américain Edmunds a dressé il y a peu une liste des voitures les plus laides de tous les temps. Dans celle-ci on retrouve des modèles comme notamment la Renault 16 ou la R4 qui, a nos yeux d’Européens, n’ont jamais brigué ce titre. Classement qui a suscité l’envie de commencer une série des voitures les plus moches. C’est la Citroën Visa qui ouvre le bal !
La laideur a ceci de supérieur à la beauté, c est qu’elle dure. La preuve ? La Citroën visa a vécu près de 25 ans. Imaginez la tête des visiteurs du Salon de l’Auto 1978 devant le stand Citroën se demandant si c’était du lard ou du cochon. Des visages atterrés par ce véhicule aux formes lourdes et à la fesse molle brièvement ceinturée de caoutchouc grisâtre et affublée de surcroît, d’une grotesque calandre pare-choc en forme de groin de cochon. La vision de l’habitacle donnait le coup fatal avec une planche de bord habillé d’un affreux tissu gaufré d’où émergeait derrière le volant monobranche un curieux et lourd cylindre en plastique baptisé satellite. Du travail de cochon !
Un tour de cochon
Imaginée au début des années 70 à partir d’une base de Fiat, le rachat de Citroën par Peugeot en 1976, imposa au bureau d’études du quai de Javel reprendre la structure de la 104. Celle-ci fut rhabillée dans l’urgence et pas avec bon goût en particulier au niveau de la face avant en forme de groin.
Sous sa livrée grotesque, sa présentation criarde et son faux modernisme, la Visa ne manquait pas de qualités puisqu’il s’agissait en fait d’une 104 rhabillée qui n’était pas la plus mauvaise, loin de là des voitures de l’époque. Malgré une bonne publicité et l’artifice de séries spéciales plus sobres (Carte Noire et Sextant), les ventes ne décollèrent pas.
Là apparut un bon génie qui s’appelait Heuliez. Le regretté carrossier rhabilla la Visa avec trois fois rien ; un pot de peinture noire et une bande de plastique souple. Le noir pour entourer les surfaces vitrées afin de donner l’illusion qu’elles étaient plus vastes tandis que la bande de plastique mince ceinturant la carrosserie et le capot servait à masquer le bossage de l’ancien groin tout en allongeant la silhouette. Ajoutez une calandre redessinée de nouveaux feux rouges arrière débordant afin de donner l’illusion d’une caisse élargie. Cette petite opération esthétique transfigura la pauvre enfant rebaptisée Visa II. Sans aller jusqu’à dire que la citrouille était devenue carrosse, elle n’était plus aussi repoussante que l’ancienne qu’on évitait de montrer aux enfants le soir pour pas qu’ils ne fassent des cauchemars. Si t’es pas sage Kevin, on va te montrer la Visa !
Ajoutez une formidable communication signée Ségala et les ventes décollèrent enfin passant de 117 461 en 1980 à 212 540 en 1982 !
La Visa ça décoiffe !
Jusque là, la Visa ne décoiffait guère car elle était souvent vendue à des retraités généralement chauves. Désormais, elle attira une clientèle plus dynamique grâce à l’apparition de versions à moteur plus musclées comme la GTI ainsi que la diesel qui fit un carton auprès des représentants. Par ailleurs, Citroën concocta des versions sportives baptisées Chrono et Trophée afin de consolider son image auprès de la jeunesse et des pilotes en herbe nombreux à courir à son volant notamment avec la 1000 Pistes 4 roues motrices qui devait son nom à la victoire d’une Visa dans ce rallye sur terre. On vit même une Visa décoller du porte avions Clemenceau dans une pub télé qui marqua beaucoup les esprits.
Elle donna le jour à une version fourgonnette baptisée C15 qui tombait vraiment bien car il n’y avait plus de concurrente dans son segment. Si la berline quitta notre vallée des larmes en 1987 après plus de 1,2 million d’exemplaires produits, la C15 continua sa vie cumulant au total de 2,5 millions de Visa produites. Un chiffre exceptionnel pour une voiture qui avait pris un départ dans la vie aussi calamiteux.
En fait tout au long de son existence elle attira une large couche sociale, du retraité au jeune sportif en passant par le VRP pour terminer avec les chauffeurs livreurs. Cette mauvaise à rien devint une bonne à tout. Comme dans le cochon, tout était bon dans la Visa !
La première mouture de la Visa née fin 1978 avait une calandre en forme de groin
Un peu de peinture noire pour agrandir artificiellement la surface vitrée, une bande de caoutchouc montée latéralement pour masquer le groin. Et la citrouille devint carrosse. Enfin presque !
Les Petites News • Citroën
Citroën Visa , toujours un groin qui me rappelle !
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- Type de véhicule
- Citadine
- Marque
- Citroën
- Année
- 1978
- Modèle
- Visa
- dossier
- Les Petites News
- Tags
- Les Anciennes, France
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Jeudi 9 janvier 2014
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L’avis des Petits Observateurs
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