Les Petites News

Les journées d'automne

Carte Blanche à Adrien Malbosc

Adrien* est un jeune petit observateur éclairé qui en connait un rayon sur l'automobile. Il roule en Alfasud et sa fiancée en Lancia Fulvia berline. C'est donc un véritable connaisseur qui m'a proposé de  raconter pour P.O.A sa virée lors les journées d'automnes qui réunit des passionnés de voitures anciennes. En route...

Stands - Allard J2 V8

Pourtant, je lui avais dit de venir. Je lui avais vanté le trajet vers le circuit par les petites routes, dans mon Alfasud, avec les odeurs d’automne mêlées à celles du 10w40. Je lui avais dit que pas moins de sept Bugatti (les vraies, celles d’avant guerre) seraient présentes, et pas franchement pour y faire de la figuration. (l’Amilcar C6 qui les affronta pourra en témoigner) Je lui avais promis de lui présenter mes amis passionnés, qui auraient lâché leur baquet avec plaisir. Je lui avais fait miroiter les belles pièces de gibier, les partenaires prestigieux (Chapal, Veuve Clicquot, Ruby…) la forteresse du XIIIe coiffant le superbe château de Nesles. Mais comme aurait écrit Paul Morand, Renaud Roubaudi est un homme pressé, et le zèbre n’a pas pu se déplacer. Pour tacher de réparer cette erreur monumentale, une seule solution : le bombarder de photos, et pondre un texte tentant de restituer l’ambiance incroyable de ce week-end.

Le week-end en question, ce sont les « journées d’automne », événement exclusif organisé par l’Ecurie Epicure, la société Profirst, et l’aide des partenaires sus-évoqués. Il s’agit d’une journée sur le circuit des écuyers sans aucun esprit de compétition, mais avec des voitures extrêmement désirables, le tout suivi –pour ceux qui le souhaitent- d’un rallye le lendemain. Nous avons pris la route dés le vendredi après-midi, armés d’un appareil photo reflex et d’une carte Michelin pour ma fiancée… et d’une Alfasud supportant tant bien que mal mes errements derrière le cerceau pour ma part.

retour des JO13Après deux heures d’enfer pour quitter la capitale, les petites routes désertes approchent, avec ces senteurs typiques et cette lumière rasante. Le boxer respire enfin, son conducteur aussi. Nous arrivons sur un circuit presque désert, la nuit, et l’ambiance est magique. Comme dans les coulisses d’un théâtre, tout ce petit monde s’affaire pour demain. Les stands des partenaires se préparent, avec une rare Wolseley chez Chapal : une Austin Mini avec coffre apparent, cuir et bois pour l’habitacle. Rare, décalé, et terriblement séduisant, surtout dans cette teinte ! Le temps de diner avec quelques amis, créer des liens avec ceux que nous ne connaissons pas encore, il est temps de retrouver notre chambre d’hôtel : une grande cabane dans les arbres. Renaud, qui n’a rien perdu de sa sensibilité d’enfance, aurait adoré !

Alfasud JA

Réveil dés 7h00 le lendemain. Il fait très beau. La petite alfa coupé est belle sous cette lumière, pleine de rosée du matin. Sur la route, j’aperçois dans la lunette arrière des lueurs que j’identifie comme étant amies : ce sont les organisateurs qui roulent –vite- en convoi avec une 356, une XK120, et une Lotus Seven. Quel panache ! Le petit déjeuner se prépare, et les premières autos arrivent. Je remarque tout de suite une superbe Lancia Appia Zagato. La voiture est très rare, et me rappelle la Fulvia Berline de ma fiancée, avec le V4. Les Bugatti arrivent dans une déferlante sonore qui me donne des frissons, et une Amilcar vient jouer les troubles fêtes avec ses 6 cylindres en échappement –presque- libre. Brett Sinclair était là, avec une Aston DBS turquoise et un cabriolet bleu ciel de toute beauté. Une armée de Mini semble chercher des noises à une horde de vieilles 911, façon Monte Carlo 1967… Mes yeux se remplissent d’étoiles à la vue de cette Ferrari 275 GTB/4. Inutile de faire le détail, mais les voitures sont sublimes, et roulent très vite sur le circuit. Des paddocks, on entend les crissements de pneus, et quelques moteurs franchement libérés, comme cette incroyable Porsche 906.

Armée de 911

Armee de Mini

Je sympathise avec monsieur Blot, dont le nom de famille ravira les amateurs de films noirs -Paul Meurisse dans le « deuxième souffle » jouant un commissaire homonyme-. Il s’agit d’un propriétaire d’une Morgan 3 roues de 2012, qui me propose un tour de manège... Renaud, crois moi : ce machin pousse comme rarement j’ai senti une automobile accélérer ! Les pneus hurlent à la mort à chaque virage, l’arrière part gentiment en dérive, et la vue sur l’ensemble « roues/freins/suspension » est jouissif. Pas de fenêtres ni de vrai pare-brise, on en prend plein la tête. Le meilleur est à venir, puisqu’on me propose le volant. Je ne suis pas un pilote, et je n’irai pas jusqu’à exploiter l’auto comme son propriétaire peut le faire, mais je prends déjà un plaisir fantastique. L’embrayage est dur comme du bois, mais il suffit d’une toute petite pression pour passer les vitesses à la volée. La direction me fait tout à fait penser à celle d’un kart, et je suis assis à quelques centimètres de la route ! Le tout, avec environ 500kg pour 115ch… Merci encore, monsieur Blot.

Allard J2 1950

Allard cuir chapal

Une automobile de compétition au long capot attire mon attention : il s’agit d’une rare Allard J2, appartenant à la maison Chapal. Dans une patine fantastique, avec ses chromes légèrement piqués, elle a un charme fou. La peinture porte les stigmates du temps, sans trace de corrosion puisqu’il s’agit d’aluminium. Toute l’auto est là pour témoigner d’une époque révolue, et nous raconter des histoires du temps passé… Le grommèlement du vieux V8 américain achève de me convaincre, et j’embarque pour quelques tours en passager. Le moteur dégage une chaleur incroyable, le bruit me fait penser à un Riva, et le tableau de bord détonne avec ces vieux compteurs typés avant-guerre. Très reculé dans l'auto, la vue sur le long capot est magique. L’adhérence est meilleure que je ne le pensais, et il faut vraiment insister pour que la modeste cavalerie mette en défaut le train arrière. La conduite de Jean-François Bardinon, le dynamique président de Chapal, est souple, et s’accorde bien avec le caractère onctueux de la voiture : inutile de cravacher le V8 qui n’aime pas çà, ni de taper dans les freins comme un sourd. Le circuit est rapide, assez vallonné, et je m’agrippe où je peux… c'est-à-dire sur la boite de vitesse, dont une partie du mécanisme est apparent. L'auto alterne entre cet univers brut, compétition, sans luxe superflu, et une très belle finition avec une carrosserie en alu, de belles pièces de chrome, et une superbe sellerie en cuir de taureau… réalisée dans les ateliers de la firme il y a plus de dix ans. Noir de prime abord, le cuir révèle sa délicate teinte vert foncé au soleil, tout en nuance. Avec Julien Capoulade, mécanicien de talent, nous nous penchons sur le V8 : imposant, restauré dans l’esprit de ce qui se faisait à l’époque, avec pour volonté que l’ensemble ne paraisse pas trop neuf, brillant, et clinquant. Certaines pièces sont donc très légèrement jaunies, comme polies par des années de compétition, et l’effet est saisissant.

Stands - Allard J2 V8

Allard Chapal circuit

Les pas de ma douce fiancée me tirent soudain de ma rêverie : elle revient d’une session en 911 RS de 1972, préparée d’époque, et semble avoir du mal à s’en remettre ! Environ 285ch pour 900kg, et un coup de volant exceptionnel expliquent l’état second de ma meilleure moitié, et sa couleur rouge que n’aurait pas renié une Ferrari… Quelques vidéos de l’événement, trouvées sur le net, en témoignent : pas un seul virage sans que cette auto ne dérape généreusement, dans le son rageur et métallique du 6 à plat de trois litres.

911 rs

Le temps est passé trop vite, et déjà le circuit ferme. Le moment est venu d’aller diner, et d’assister à une brève remise de prix : casques & blousons de prestige, champagne, les partenaires sont à la hauteur ! Cette forteresse du XIIIe siècle, avec ces belles pièces de gibier et cette ambiance incroyable acheva cette journée en beauté.

911+FORTERESSE

Nous décidons de rentrer le lendemain en fin de matinée, sans suivre le rallye. La pluie était au rendez-vous, autorisant notre petit coupé à quelques dérives rigolotes, au son du pétillant 4 à plat dont je ne me lasse pas… Quel dommage ne pas avoir filmé ces moments : clairement, il nous a manqué un Renaud Roubaudi, trimbalant avec curiosité et gourmandise sa petite caméra !

* Adrien travaille pour la marque Chapal, spécialisée dans le cuir et la fourrure depuis 1832. Chapal propose une collection d'objets luxueux (prêt à porter et sur mesure) toujours fortement influencée par l'Automobile de prestige : blousons, chaussures « pilotes », gants, casques, lunettes, sacs, pour ne citer que ces articles parmi une gamme particulièrement riche. Vous trouverez plus d'informations sur le site internet et la page Facebook de cette vénérable manufacture française."

le lien vers la maison chapal

le lien vers la page facebook : https://www.facebook.com/pages/Chapal/147944648596364?fref=ts

  "La maison Chapal et l'Automobile. Une longue histoire d'amour, qui a commencée grâce à Pierre Bardinon, descendant direct des fondateurs de l'entreprise, et père de l'actuel président. La famille poussera la passion jusqu'à construire un circuit dans la Creuse à proximité de leurs manufactures, le célèbre circuit du « Mas du Clos ». De nombreux événements autour de l'Automobile y seront organisés, dont la présentation de la Jaguar XKR « Chapal » en 2004, où Renaud Roubaudi était présent !

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Mercredi 6 novembre 2013

L’avis des Petits Observateurs

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