Par Patrice Vergès. La fin de la marque automobile Saab en 2012 a plongé les Saabistes du monde entier dans le chagrin et le désarroi. Pourtant en dépit des difficultés qu'ils rencontrent, certains passionnés continuent obstinément à rouler au volant de ces Suédoises à l'attachante personnalité.
Le garage de Daniel Valleix se cache au milieu d'une zone pavillonnaire de Beaumont. " C'est là où il y a des Saab partout" nous montre de l'index un riverain. En effet, des dizaines de Saab de tous les modèles s'entassent autour du garage et dans l'atelier ou une 900 Aero exhibe indécemment ses dessous. On vient de loin pour faire réparer sa Saab par le Garage des Dômes. " J'ai une clientèle d'environ 600 possesseurs de Saab" explique Daniel. "Des Français mais aussi des Suisses, italiens et Allemands. On trouve encore des pièces par internet aux USA et en Angleterre où il y a beaucoup de Saab qui roulent et toutes les pièces chez Opel pour les modèles plus récents. En revanche, trouver des boîtes de vitesses pour les 900 Turbo (synchros) est plus difficile. J'achète aussi beaucoup d'épaves pour les pièces".
Daniel a toujours aimé les Saab. Qu'on lui ait refusé la concession de la marque au début des années 90 n'a fait qu'aviver sa passion pour les voitures suédoises. Il a donné le virus à son fils Julien qui travaille à ses cotés et collectionne également les Saab (deuxième partie) ainsi qu'à son épouse Marie-Noëlle. Du coup, ils ont élargi leur activité de dépannage des clients, à l'assistance dans les rallyes et la préparation des 96 de compétition.
890 000 km !
Les Saab étaient réputées notamment pour leur extraordinaire fiabilité surtout les vraies. Celles dérivées de Opel à partir de 1994 surtout à moteur diesel GM ne sont pas des "vraies" Saab pour les puristes de la marque au griffon. " Ce sont des voitures incassables. J'ai un client dont la voiture totalise 890 000 kilomètres mais la moyenne du kilométrage des Saab que nous entretenons varie autour de 300 000 km. Les plus récentes sont plus fragiles souvent à cause de l'électronique trop coûteuse à changer". Le client Saab a un profil particulier. C'étaient souvent des architectes, des avocats et beaucoup de monde du milieu médical. "Les Saab sont des voitures sérieuses pour des gens sérieux et de véritables passionnés du moins pour les anciens modèles. Ils veulent garder le plus longtemps possible leur voiture et ne pas tomber en panne avec. Quelques clients qui ont vendu leur Saab, l'ont regrettée. Ils sont revenus pour en acheter une autre". (http://garage-des-domes.e-monsite.com/)
N'oublions pas que la marque suédoise qui a un glorieux passé sportif s'est imposée au rallye de Monte Carlo en 1962 et 1963 avec le pilote suédois Erik Carlsson (1929/2015) dont le surnom était "on the roof" car il terminait souvent sur le toit. Mais la solidité de la 96 à forme ronde qui roulait bien en tonneau liée sa force physique lui permettait souvent de remettre sa voiture sur ses quatre roues et de repartir et ...gagner.
De 1949 à 2012
Rappelons que la marque d'aviation Saab (Svenska Aeroplan Aktiebolaget) née en 1937 et située à Trollhättan s'est lancée dans la construction automobile au sortir de la guerre. D'abord avec la 92 qui s'est muée en 96 au fil des ans en troquant en 1967 son original et polluant 850 cm3 tricylindres 2 temps pour un 4 cylindres en V 4 temps 1,5 l d'origine Ford Taunus.
En 1968, elle fut épaulée par la 99 plus moderne toujours traction avant dont le moteur 1,7 l était d'origine Triumph. Voiture qui se mua en 900 à la fin des années 70. Vers le milieu des années 80, la gamme s'étoffa avec la 9000 plus ambitieuse dont les versions turbocompressées les plus puissantes (Aéro) délivraient 225 ch. Mais Saab restait un petit constructeur dont la production ne dépassait pas une moyenne de 125 000 voitures par an. Pour survivre, il chercha en 1990 un partenariat auprès de GM qui l'absorba entièrement en 2000. Hélas, les Saab perdirent leur âme en devenant peu à peu des Opel Vectra endimanchées. Les clients ne furent pas dupes et malgré quelques modèles intéressants, les ventes qui chutèrent inexorablement (23 000 voitures en 2009) poussèrent GM en grosse difficulté à se défaire de Saab. Après plusieurs années d'atermoiements, faux espoirs avec plusieurs repreneurs plus ou moins sérieux, la mauvaise volonté de GM, les Chinois reprirent les actifs de Saab pour produire des modèles électriques. De toute façon, Saab ne rimera plus jamais avec automobile. La suite, si vous le voulez bien, avec le portrait de trois Saabistes. Bientôt.
L’avis des Petits Observateurs
Soyez le premier a commenter
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire