Essai : 2000 km en Honda CR-V e:HEV

Vendredi 16 février - Croissy-Beaubourg - 9H15. Alors que je m'apprête à récupérer ce nouvel Honda CR-V au siège de la marque, je réalise, en me documentant ici et là, que la précédente génération du CR-V n'était ni plus ni moins que la quatrième voiture la plus vendue au monde en 2022. Alors que le CR-V fait un carrière relativement discrète dans nos contrées, cette information m'incite, de fait, à prendre un peu de recul sur le véhicule que j'ai en face de moi. Ce nouveau CR-V, tout comme l'ancienne mouture, est une World Car. Il faut comprendre par là qu'elle est destinée à trouver sa place sur tous les marchés ou presque, même si l'on peut considérer que le marché nord-américain a sans doute été un référent essentiel, comme en témoignent ses mensurations. Car oui, le Honda CR-V est devenu, au fil du temps, un beau bébé de 4,70m de long, ce qui correspond tout de même à 10cm supplémentaires par rapport au précédent. C'est par ailleurs bien au-dessus de la moyenne des SUV compacts du marché qui gravitent plutôt autour des 4,50m, et sur lequel Honda a déjà positionné le ZR-V. Le design sobre et discret du CR-V me conforte également dans ce constat : l'idée est de ne pas déplaire au plus grand nombre, et de séduire sur d'autres critères. Ça tombe bien, j'ai 2000 km devant moi pour me faire une idée sur les critères en question !

La douceur avant tout

Les premiers kilomètres au volant du Honda CR-V mettent en évidence une grande douceur de fonctionnement. La chaîne de traction hybride favorise le moteur électrique dès qu'elle le peut, ce qui arrive très souvent en milieu urbain, grâce à une bonne régénération de la batterie par le freinage. Le mode Brake, très agréable, permet d'optimiser tout cela. Si celui-ci ne suffit pas, c'est le moteur thermique qui fera office de générateur, mais celui-ci a le bon goût de ne pas se faire trop entendre. On évolue donc en ville dans un silence de cathédrale, ce qui est très appréciable. Malgré son gabarit relativement important, notre CR-V demeure agréable en ville grâce a la transparence de sa mécanique, mais aussi grâce à une bonne visibilité, une direction douce, et un bon rayon de braquage. Le système Multivues (vision 360°) permet de bien envisager son environnement. Parfois légèrement gadget sur des autos de taille moyenne, ce système prend tout son sens compte tenu des dimensions de l'auto, lors de certaines manoeuvres.

En ville, la bonne surprise vient des consommations qui peuvent sans souci se maintenir entre 5 et 6 l/100km, sans efforts d'éco-conduite particuliers. Pas mal pour un un gros SUV de 1875 Kg tout de même (1821 Kg pour la version 2WD). Voilà qui pourra faire hésiter les acheteurs potentiels de la version PHEV également disponible, certes capable de rouler 82 km en électrique, mais qui impose des recharges régulières.

Par ailleurs, on retrouve avec bonheur la transmission qui fait également les beaux jours des modèles cités précédemment au sein de la gamme Honda. Celle-ci simule des passages de rapports virtuels afin d'éviter la sensation d'emballement du moteur. Déjà vu chez d'autres constructeurs, le système est particulièrement maîtrisé dans le cas présent, comment en atteste une longue ascension de col dans les Pyrénées, effectuée avec 4 personnes à bord, et le coffre chargé à 100%. Un juge de paix, sur ce point, qui aurait pu être fatal à certaines de ses concurrentes.

Sur autoroute

Sans surprise, le Honda CR-V se prête parfaitement à l'exercice des longs trajets autoroutiers grâce à une très bonne tenue de cap et à un bon confort de suspension. Cependant, les bruits de roulement m'on semblé un peu élevés, tout en précisant que notre modèle d'essai était équipé de pneus neige, ce qui peut avoir une incidence négative sur la maîtrise du bruit. Les reprises sont correctes et le moteur arrive à maintenir ses vocalises à un niveau raisonnable.

Les aides à la conduite sont bien évidemment au rendez-vous sur ce CR-V : le régulateur adaptatif fait le job, même s'il vous gratifie, de manière très occasionnelle, de réactions un peu brusques lors de certaines accélérations. Mention spéciale par contre à la caméra qui affiche sur l'écran centrale l'angle mort à droite du véhicule lorsque vous activez le clignotant droit : pratique par exemple quand on se rabat sur la file de droite après un dépassement. Le système s'avère précis, et donc utile, tout en étant fonctionnel également la nuit, y compris sous une pluie battante. Enfin, les plus grincheux pourront pester contre le signal sonore de dépassement de la vitesse autorisée, certes désactivable, mais qui nécessite d'accéder à un sous-menu du système multimédia, à chaque démarrage.

En termes de consommation à 130 km/h sur très long trajet, j'ai noté une consommation proche des 8 l/100 km, ce qui est quelconque dans l'absolu, mais raisonnable pour un véhicule 4x4 essence de ce gabarit. S'agissant d'une vraie transmission intégrale mécanique (donc énergivore), on peut s'attendre à ce que la version 2WD, également plus légère, soit plus efficiente sur ce type de terrain.

On achète ou on n'achète pas ?

Soyons clairs, le Honda CR-V ne manque pas de qualités. Confortable, efficient au quotidien, bien construit, il pourra séduire une clientèle rationnelle, fatiguée des exubérances stylistiques propres au segment des SUV d'aujourd'hui, tout en étant rassurée par la réputation de fiabilité du constructeur japonais. Cependant, son positionnement tarifaire ne va pas lui rendre la tâche facile. Honda a en effet choisi de proposer une gamme simplifiée avec beaucoup d'équipements dès le départ, imposant ainsi un tarif élevé. La gamme commence en effet à 54 980 euros en version Executive 2WD alors que notre version d'essai Advance 4WD est facturée à 57 980 euros. De quoi lorgner vers le ZR-V, moins cher, suffisamment habitable - à part le coffre un peu juste -  et bénéficiant d'un malus au poids plus clément (1730 euros dans le cas de notre version d'essai). Il reste cependant au CR-V un privilège, celui d'être le seul modèle de la gamme à proposer également une version hybride rechargeable, qui s'échange contre 63 150 euros.