Souvenirs d'Autos • Citroën

Souvenirs d'Autos (230) : Une Deuche m'a brisé le coeur

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Notre ami Matthias d’outre-Rhin, nous envoie, pour notre plus grand plaisir, une nouvelle aventure ! Vielen Dank, Matthias, hier in Frankreich lieben wir Ihre Autoerinnerungen (j’espère ne pas avoir fait de faute...)



Ma première voiture fut une 2 CV 6 jaune, qui n’avait que trois ans et environ 40.000 kms au compteur. Je l’ai eue quelques mois avant de passer mon bac. Mes copains au lycée me prenaient pour un con : « Quoi?? Tu as acheté CETTE voiture?? Je croyais que tu te allais acheter une vraie voiture ! »

Une vraie voiture, c’était pour eux une Volkswagen Polo, une Ford Escort, une Opel Kadett ou à la rigueur une 4L.

En Allemagne, on aimait la 2CV ou on la détestait, il n´y avait rien d’autre. Moi, je me foutais de tout ça, j’étais heureux avec ma Deuche, au moins au début.

On aurait dit une GTI avec ses quatre phares supplémentaires que le propriétaire antérieur avait montées, (deux phares de longue portée et deux phares anti brouillard) dignes d´une Alpine au Rallye Monte-Carlo, mais loin de ça, même très loin, parce que la petite bombe n’avait que 25 chevaux qui n´étaient même pas tout disponibles,  c´est-à-dire le moteur ne marchait pas tellement.

Un ami à l’époque avait aussi une 2 CV avec le même moteur de 600 cm2 et 25 chevaux. Il allait tout le temps comme un fou et une fois il s´est même fait verbaliser pour excès de vitesse!À l’époque, dans les années 80, il n´y avait pas mal de Citroënistes et aussi des amateurs de la 2CV en Allemagne, mais ces derniers ne mettaient jamais leurs deuches au garage quand il y avait un problème. Pas question, il fallait bricoler!

Ce fut aussi le cas du premier propriétaire de ma 2CV, qui était un bricoleur qui ne savait apparemment pas bricoler.

Résultat: La voiture avait ses problèmes de temps en temps.

La Deuche m’accompagna pendant tout mon service militaire, trois mois en Bavière et un an à Coblence. Je devais sortir très tôt de la maison, et ma mère disait toujours : « Quand j´écoute le „iiiiiiiii“ du démarreur, j´ai peur que la deuche ne va pas démarrer ». Mais non, elle démarrait toujours.

L’année suivante, moi, alors jeune étudiant de la langue française, je me décidais de suivre un cours de français dans les grandes vacances pour enrichir mes connaissances encore un peu rudimentaires de cette langue.

Ce cours d’une durée d’un mois eut lieu à l´université de Grenoble, plus exactement dans la zone universitaire à Saint-Martin-d’Hères. Comme la bagnole posait fréquemment des problèmes, je l’avais mis au garage avant de partir en voyage. Je ne me souviens plus combien de pièces on avait changé, mais la facture fut salée.

J’arrivais à Grenoble sans problèmes. J´ai fait la connaissance de quelques étudiants français avec lesquels je sortais parfois la nuit. Ils regardaient la deuche avec intérêt: « Tiens donc, une Deuche allemande »

Mais quelques jours après, la Deuche ne démarra plus. Je me suis mis à la recherche d’un garage Citroën que j´ai trouvé juste à l’autre côté du Boulevard qui passait près de la Zone Universitaire. Le garagiste s’est rendu sur place. Les phares fonctionnaient encore, il y avait donc encore de la tension.

Un ou deux jours après, je passai au garage. Le garagiste, en voyant mon visage préoccupé, me regarda avec une certaine compassion et mit l’alternateur dans ma main : « Que voulez-vous que je fasse, il est mort, il ne tourne plus ! »

En ce moment, mon amour pour la deuche mourut d´une seconde à l’autre, comme si on m´avait jeté de l´eau froide à la figure. La 2 CV, c´était fini pour moi, je n´en voulais plus. Furieux, je me suis promis de vendre cette bagnole problématique le plus vite possible.

Quelques mois plus tard, je l´ai changé par une Volkswagen Coccinelle, de ceux qui ont été fabriquées au Mexique, beaucoup mieux en ce qui concerne la technique, mais avec une carrosserie d´une qualité très mauvaise. Je l'aimais bien par sa forme et parce qu'elle ne me donnait pas de problèmes. Mais à 100.000 kms et cinq ans, la Coccinelle dut s´en aller à la casse. Le moteur était encore parfait, mais la carrosserie était morte. Cela m’a fait pas mal de peine. Mais c'est déjà une autre histoire.

P.S.  La photo a été prise en 1983 près du Boulevard Richard Lenoir à Paris. Le jeune homme à côté de la 2 CV c'est moi. Je m'excuse de la mauvaise qualité de la photo. C'est d´ailleurs la seule qui me reste de cette voiture

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps. Et si possible, joignez à votre histoire des photos. On adore ça chez POA ! Merci.

 

 

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Vendredi 7 juin 2019

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