Souvenirs d'Autos • Citroën

Souvenirs d'Autos (226) : les bonnes ID de mon père

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Ah... la nostalgie automobile que seules les bagnolardes et seuls les bagnolards peuvent comprendre... Merci Didier pour ce moment de vie et vive Citroën, une fabuleuse marque (à mon humble avis) !

Mon père m’a passé son amour des voitures. Non pas qu’il soit un « passionné » mais, de par sa profession (il travaillait dans les émetteurs de radio et télédiffusion), il aimait les choses techniques et mécaniques.

Aussi, après 3 Panhard, il avait commandé une Citroën  ID19 en 1965. Certes la DS offrait alors encore plus de technicité mais son prix était hors budget et je soupçonne mes parents de penser qu’elle ne correspondait pas à leur « niveau social ». Dans les années 60 la hiérarchie sociale était encore bien présente.

Il avait pris l’option « direction assistée », car contrairement aux DS, les ID en étaient dépourvues de série. Ce qui ne manqua pas de faire réagir un de ses collègues : « Mais tu vas te tuer avec une direction assistée ! ». Ce qui en dit long sur les préjugés de l’époque pour un équipement aujourd’hui standard dans la moindre citadine.

Le hasard fit que la voiture lui fut livrée le matin de l’inauguration de l’émetteur de la deuxième chaîne de télévision aux Essarts près de Rouen où tout le gratin régional et parisien de l’ORTF, nouvellement créée (avant c’était la RTF), était convié. Mon père utilisa fièrement la voiture pour transporter les invités au grand dam de ma mère qui dû attendre le soir pour essayer enfin la nouvelle venue. Certes, on n’avait pas pris la DS, mais il fallait quand même être vu dans l’ID !

Une autre ID19 confort lui succéda en 1968. Lors d’un des premiers voyages dans la région de Soisson, en fin de matinée, mon père remarqua en regardant la petite jauge imprécise qu’il était temps de faire le plein et décida de rechercher une station juste après le déjeuner. Ma mère toujours anxieuse de ne pas trouver de restaurant « de bon standing » était plongée dans le guide Michelin.

Un restaurant dans 10 kilomètres. Parfait ! Sauf que, à cause d’une déviation, nous ne sommes jamais passés dans le village. Décision est prise de continuer directement vers Soisson.

Mais quelques kilomètres après, mon père nous annonce : « on n’a plus d’essence… » Ma mère demande : « Combien de kilomètres peut-on faire encore ? » Mon père venant de ressentir un toussotement du moteur : « On n’a plus du tout d’essence ! » Suivi un grand silence : le moteur s’était arrêté de tourner.

Par chance nous étions en haut d’une côte et nous pûmes la descendre en roue libre pour arriver sur une sorte de petit parking où était arrêtée une splendide Mercedes Pagode dont le conducteur, nous le saurons plus tard, en avait pris possession la veille. Il venait de crever et finissait de changer la roue.

Mon père prit, avec quelques difficultés, place à l’arrière. Et le voilà parti dans cette belle voiture jusqu’à la prochaine station service. Comme elles étaient nombreuses à l’époque, il ne fut pas long à revenir avec un bidon du précieux carburant. Mais l’équipage avait changé car c’est le conducteur d’une vielle 203 dont les sièges défoncés avaient été regarnis avec des morceaux de mousse qui avait très gentiment accepté de le ramener.

Pour la petite histoire, bien que l’heure du déjeuner ait largement été dépassée, nous avons pu nous restaurer à l’entrée de Soisson dans un petit bistrot qui n’était pas dans le guide Michelin mais où nous avons savouré le déjeuner après tant d’émotions.

Enfin, en 1971 ce fut l’acquisition d’une D Super. Mon père toujours friand de nouveautés techniques pris alors l’option 5 vitesses (ce n’était pas encore la D Super 5 avec le moteur de la DS 21 et les 5 vitesses de série). Cette voiture mis fin aux ardeurs – très modérées – de conductrice de ma mère. Quatre vitesses c’était déjà assez ! Alors 5, pour quoi faire ?

En 1974, vient la CX dont un exemplaire ne tarda pas à remplir le garage paternel en remplacement de la D Super. Cette CX paraissait si moderne en comparaison du modèle D. Je vis pour la première fois une CX au magasin Citroën place de l’Opéra à Paris. Il y en avait deux et plein de curieux autour. Mais je ne pu m’empêcher d’aller au fond du magasin admirer une DS 23ie brun scarabée, toutes options, qui restait seule et n’intéressait déjà plus personne.



Épilogue. Dans les années 80, j’achetais une DS 20 Pallas de 1974. Elle me donna beaucoup de plaisir et remplaça surement de façon inconsciente la DS que mon père n’avait jamais eue. Elle fût la vedette de l’émission de la BBC « the car’s the star » présentée par Quentin Willson que l’on retrouve ici :

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion.  On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos….  On adore ça chez POA !

Merci.

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Vendredi 10 mai 2019

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