Les Essais de Patrice • BMW

BMW Série 3 2020 : la loi des séries est-elle une bonne solution ?

Par Patrice Vergès. Je suis au volant de la 7eme série de la BMW Série 3 330 i qui interpelle une forme de nostalgie en moi. Comme on se souvient toujours de son premier amour, l'essai de la première Série 3 E21 en juillet 1975 vient frapper à ma mémoire.



Plus agressive avec son naseau élargi, plus longue, plus basse, la nouvelle Série 3 est devenue une grande voiture

Je pense avoir conduit toutes les Série 3 au cours de mes 1 600 essais presse mais c'est le souvenir de la première qui me revient à l'esprit. Une 320 i animée par un 4 cylindres 2 litres à injection de 125 ch comparable à l'actuelle G20 baptisée 330 i bien qu'elle soit également animée par un 4 cylindres 2 litres essence turbocompressé.(il existe une 320 i moins puissante de 184 ch).

En 1975, la Série 3 dessinée par le Français Paul Bracq n'était proposée qu'en deux portes. La 320 comptait 4 phares contre deux pour les 316 et 318



La planche de bord faisait vendre

En 1975, les conducteurs sportifs furent légèrement déçus par la nouvelle Série 3 qui apportait peu par rapport à la prestigieuse lignée des 1602/2002 excepté une esthétique plus moderne. Avec une puissance inférieure à celle de la 2002 Tii de 130 chevaux affectée d'une suspension qui s'était embourgeoisée, d'aucuns trouvèrent qu'elle avait perdu son âme. En revanche, sa planche de bord séduisit ses acheteurs. Avec une instrumentation originalement tournée vers le conducteur et sa large console centrale, BMW inventait un concept dont tous les constructeurs allaient s'inspirer. Raisonnement commercial dont se servait le vendeur BMW dans le hall d'exposition (on ne disait pas show-room) qui terminait son argumentaire commercial en allumant les phares qui embrasaient d'une lumière orange son instrumentation ! Une lumière inédite à l'époque. Autre solide argument de vente avec la superbe trousse à outils fixée sous le couvercle de la malle arrière à cette l'époque où on tombait encore en panne. Dans la version 2019, la trousse à outils a disparu.



Véritable cockpit, l'habitacle et la planche de bord de la nouvelle Série 3 sont de très haute qualité autant visuelle que tactile

Avec ses cadrans orientés vers le conducteur qui s'allumaient en orangé la nuit, la Série 3 de 1975 lança une mode reprise par tous



Équipement incomparable

La planche de bord de la nouvelle Série 3 au design octogonal me parait aussi séduisante que celle de 1975. BMW a fait appel pour la première fois à une instrumentation digitale proposée en deux formats avec ou sans navigation intégrée face au conducteur. Bien entendu, aucune comparaison entre les deux au niveau des innombrables informations, de la sécurité active, de la praticité et des gadgets aussi utiles que parfois qu'inutiles destinés à satisfaire les geeks comme, par exemple, le BMW Intelligent Personal Assitant qui permet d'échanger vocalement avec sa voiture.

Notons la qualité en nette hausse de la finition et surtout du confort des sièges comparés à ceux trop fermes voire inconfortables de l'aînée. Par rapport à celle-ci, le volant de 2019 semble minuscule avec sa jante très épaisse et ses nombreuses commandes intégrées. La direction de la 320 I qui n'était pas assistée était très démultipliée comparée à celle d'aujourd'hui assisté et bien plus directe. C'est un minuscule morceau de plastique aplati qui jouait le rôle de l'airbag et il n'y avait pas de glaces électriques ni de climatisation ni pas le moindre écran tactile. L'équipement à fait de fabuleux progrès et la nouvelle Série 3 n'a pas à rougir face à celui d'une Série 7.



La fluidité des formes de la nouvelle Série 3 est évidente mais le manque de protection de la carrosserie comparée à son aînée est manifeste

L'arrière jugé trop lourd de la Série 3 de 1975 vit apparaître peu de temps aprés une grille noire chromé rejoignant les feux arrière déjà horizontaux

BMW 3 Series, first generation 1975 - 1983 (03/2011)



Plus sûre

Rien à voir également au niveau du confort de la suspension entre ces deux générations surtout que la nouvelle Série 3 innove par des d'amortisseurs à butées hydrauliques que certains confrères ont critiquée en estimant sa conduite plus floue. Moi, mes reins aiment bien ! En mode Sport, elle se montre plus ferme mais plus précise dans ses réactions avec une sonorité plus mate qui rappelle celle des premières M3 4 cylindres.

Aucune comparaison au niveau de la tenue de route. Une BMW de 1975 serait considérée comme terriblement dangereuse aujourd'hui avec un manque évident d'adhérence de train arrière déjà confié à des roues indépendantes. Dès qu'il pleuvait, il était conseillé à un conducteur de BMW de rester chez lui tant il était facile de se mettre en travers dans un virage en sollicitant trop l'accélérateur à cet époque où l'antipatinage n'existait pas. Ce manque de motricité donnait un parfum de danger aux BMW plutôt séduisant car il flattait les qualités de pilotage de son conducteur.

Si une Série 3 2019 ne doit pas être plus dégourdie sur la neige que son ancêtre, elle se révèle bien plusreposante et surtout plus efficace sur le mouillé grâce à l'adhérence de son essieu arrière (merci l'électronique) et un magnifique équilibre général (50/50) qui la rend plus agréable pour un conducteur qui aime piloter.



La 330 I de 2019 est équipée d'une boîte auto Steptronic de série à 8 rapports offrant plusieurs modes de conduite facturée 2 200 euros sur la 320 d livrée avec une boite mécanique à 6 rapports

Longue de 4,71 m, large de 1,83 m, la nouvelle Série 3 annonce un magnifique CX de 0,23 seulement !



500 kilos en plus

La 7eme Série 3 a encore grandi de 7 cm (4 cm d'empattement) en culminant à 4,71 m soit 35 cm de plus que son aînée, presque 25 cm en largeur hors rétros et 6 cm en hauteur. Sa silhouette est non seulement plus agressive mais pourtant plus pure en avouant un CX de 0,23 ! Coté dimensions, elle est plus proche d'une Série 5 de 1975 au grand bénéfice des passagers arrière car la Série 3 1975 était peu généreuse. BMW avoue avoir gagné 50 kilos comparé à la précédente en avouant 1550 kilos en ordre de marche contre seulement 1030 kilos à la 320 I. Un accroissement dû à une sécurité passive incomparablement supérieure, de nombreux accessoires supplémentaires malgré un moteur et trains roulants et des jantes en aluminium. Coté roues, 45 ans séparent les 185/13 de la 320 I contre les 225/17 de la 330 i. (19 pouces en option).



On ne connait pas le CX de la Série 3 de 1975 qui devait tourner autour de 0,43. Elle était plus courte de 35 cm et plus basse de 6 cm que la version 2019

Le dessin des phares de Série 3 de 2019 ne ressemble en rien avec celui d'un modèle âgé de plus de 40 ans où les équipementiers ne pouvaient offrir de telles formes. Les lasers sont optionnels (2050 euros)



8 vitesses contre 4 !

La 320 I était équipée d'une boîte de vitesses mécanique à 4 rapports de série contre 8 en automatique de série pour la 330 i dont le fonctionnement a été amélioré avec une rapidité accrue des passages. Si on m'avait dit en 1975 qu'un 2 litres essence de voiture de commerce développerait 258 ch en consommant 5,5 litres à 90 km/h, j'aurais crié au fou. Avec 125 chevaux, la Série 3 était la voiture la plus puissante de son segment avec l'Alfa Romeo, pointant son double haricot à 175 km/h et en engloutissant les 1000 mètres en 32, 5 secondes seulement. Il fallait y réfléchir à deux fois avant de s'attaquer à une 320 i sur la route. Aujourd'hui, avec son 2 litres essence turbocompressé qui délivre 258 chevaux, cette familiale pointe dans un silence bluffant à 250 km/h après avoir avalé le 1000 mètres en 27 secondes et le zéro à 100 en 5,8 s. Tout cela avec une consommation 40 % inférieure et une pollution (132g/km) certainement au moins deux fois inférieures (malus 210/613 euros selon la taille des jantes) .



La 320 de 1975 était équipé d'un 4 cylindres de 2 litres délivrant 125 ch en version injection. Ce même bloc poussé à 300 ch équipera des Formule 2 et Formule 1 Turbo en dépassant les 1100 chevaux !

La Série 3 de 1975 était équipé de sièges inconfortables ce qui n'est le cas de celle de 2019 qui tiennent bien le corps

Des tarifs... BMW

La 330 i est facturée 46 800 euros en finition Lounge un peu trop dépouillée, 50 500 en Sport correctement équipée et 56 000 euros en finition luxury (bois précieux, sellerie cuir, sièges éclectiques, Navigation Pro) qui correspond à ce qu'on est en droit d'attendre sur une voiture de ce segment pour culminer à 65 000 euros avec quelques accessoires (suspension pilotée, Hi-Fi Harman Cardon, conduite semi-autonome). Ce n'est pas donné mais c'est un prix au moins justifié par la qualité du produit et la plaisir qu'il procure. Comme il y a 45 ans, ce ne sera pas la version la plus vendue des Série 3. A l'époque, c'était la 316 90 chevaux, en 2019, ce sera la 320 d de 150 ch.

Il y a 45 ans, BMW ne bradait déjà pas ses voitures puisqu'une 320 i coûtait 42 000 francs. Après l'avoir comparé avec certaines des concurrentes de l'époque et celles qui lui correspondent aujourd'hui, je pense que les tarifs de la Série 3 sont en nette inflation confrontés à ceux de 1975. Mais ce n'est pas un problème semble-t-il puisque avec plus de 2,1 millions de voitures produites, BMW a multiplié par dix sa production pendant cette même période. Quoiqu'il en soit, hier comme aujourd'hui, les BMW restent des voitures passion. Bientôt vous la découvrirez mieux en vidéo avec les beaux Renaud et Cédric.



Chiffres en numérique dans des cadrans en forme d'octogone en série sur la Luxury et en option sur les autres finition avec l'affichage tête haute ( 1650 euros) . C'est une BMW !

La 330 i est chaussée de roues de 17 pouces de série. En option, contre 1000 euros il est possible de monter des roues de 19 pouces

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Lundi 18 février 2019

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