Souvenirs d'Autos • Alfa Romeo

Souvenirs d’Autos (136) : comme un bruit d’animal

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Merci à Bruno pour ces moments de vie.

Alfa_Romeo_1750_berlina_grey-front

 

Eté 1976. Il fait chaud, très chaud. C’est la canicule. En ce qui me concerne, j'ai depuis quelques mois huit ans et je passe mes vacances d'été en famille dans le sud de l'Italie, en Calabre. Déjà à cette époque, je regarde tout ce qui bouge (les voitures...bande de chenapans ! ) et me passionne pour toutes les marques. Alors évidement en Italie je me régale.

Le pays de Ferrari, la marque ultime que tout le monde vénère. Ces grands prix de Formule 1 où je vois mon père surexcité à la vue de ces bolides rouges. La Fiat 500 de mon oncle, avec ce joli bleu foncé et son intérieur en simili. Et cette odeur aussi que l'on retrouve dans les anciennes Fiat que j'aurai bien du mal à d'écrire mais qui me marque à tout jamais. C'est aussi toutes les Vespa, et ces jeunes qui virevoltent à leurs guidons et dans ma tête d'enfant, la Vespa  représente une sorte de liberté absolue, un truc énorme.

Quoiqu'il en soit par un bel après midi, au bas mot 40 degrés à l’ombre, mon père décide de nous emmener voir un cousin éloigné et nous partons dans sa magnifique Fiat 128 blanche. Pas de clim évidemment et même à moitié déshydraté, j'étais heureux car j'ai toujours adoré me trouver dans une voiture et rouler pour rouler.

Arrivée vers 15h dans un petit village typique. Je m'aperçois, qu'a part peut-être quelques mamas en noir, il n'y a pas une âme qui vive. Vers 16h, quand les hommes se décident à se réveiller, nous avons pris une petite collation sur la place du village. Les hommes parlaient fort en faisant des grands gestes et rigolaient beaucoup, bref, tout le charme de l’Italie.

Et c'est à ce moment là qu'il s'est passé quelque chose qui allait se graver profondément dans ma mémoire. Un bruit de moteur tout d'abord, comme une musique. Quelque chose de rageur qui vous prend aux tripes. Quelque chose qui vient vers vous et qui vous effraye presque, comme un bruit d'animal. Mais en même temps, qui vous attire, qui vous parle.

Puis, une apparition. Une auto que je n'avais jamais vu. 4 portes, vert clair métallisé, des roues larges avec des jantes en étoiles. 4 phares ronds agressifs, une ligne tendue, belle à en pleurer. Je me suis levé, je crois même que j'ai titubé, mon père m'a dit quelque chose mais  je n'ai rien entendu. C'était trop tard, le mal était fait.

Je me suis approché timidement de cette voiture qui pour je ne sais quelle raison était pour moi la voiture, la seule, l'unique. Je fis le tour tout doucement, n'osant la caresser, et je vis sur le coffre un nom et un chiffre : Alfa Roméo 1750.  Je ne savais pas à l'époque que ce chiffre était celui de la cylindrée mais je peux vous assurer que pendant quelques années, j'ai cru que 1750 représentait quelque chose de magique. Je le crois toujours d'ailleurs.

Vous l’aurez compris, j’aime profondément cette marque. Son histoire, son image, ses icônes même si je dois bien avouer que je suis déçu par ce qu'elle est devenue.

Après une Alfa 156 1800 TS, j’ai eu successivement une Mini absolument géniale qui m’a permis de faire mes premiers pas dans le monde de la collection, une 145 2.0 ts quadrifoglio verde tout aussi passionnante,  et enfin je suis arrivé à une sorte de graal avec une superbe Alfa spider 1600 junior de 1976. Une sorte d’accomplissement de rêve de gosse et la découverte de la conduite en plein air. Une ligne superbe, un moteur fabuleux et le cui cui des oiseaux le soir au fond des bois.

En résumé, j’avais réussi à atteindre une sorte de plénitude automobile qui n’est pas toujours simple quand on est (né) passionné.

Et  un jour, un peu lassé des caprices de ma belle et des garages qui sous prétexte que vous roulez en ancienne vous prennent pour un américain, je décidais de vendre ma beauté italienne. Et puis pas mal de frais se présentaient et  ma vie de famille ne me permettait pas d'assurer le budget et je n'avais surtout pas envie de la voir dépérir.

Peu de temps après, je trouvais une auto qui me faisait de l'oeil depuis quelques années : une Mazda MX5, version limitée dite Phoenix de 2002 avec 57000 kilomètres absolument superbe dotée d’un moteur 1800 de 146 chevaux.

Et depuis ? QUE DU BONHEUR ! Cette voiture est magique et comme le dit ma fille, Eva, 11 ans :

- Ta Mazda mériterait d'être une Alfa...

À part le son peut être.

Mazda

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Vendredi 23 juin 2017

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