Souvenirs d’Autos (430) : Ma 4L se donne des ailes

En 1978, la Renault 4 de mes parents a déjà douze ans, elle devient ma première voiture, c’est un modèle 1966, vert foncé ou vert anglais, avec des pare-chocs en métal et une calandre trapézoïdale qui lui donne un air vieux-jeu. Le moteur est le fameux 747 cm3, cela a son importance pour la suite. Le levier de vitesses au tableau de bord permet de jouer au trombone à coulisse, avec trois notes, je veux dire trois vitesses.

Je suis surveillant d’externat dans un collège de Normandie et cette automobile me transporte à allure sereine de Rouen vers la vallée d’Eure.

Certains collégiens me regardent descendre du véhicule à losange avec scepticisme, d’autres arborent un sourire en coin. Ceux-là commencent bientôt, dés novembre, à me lancer quelques commentaires de niveau cinquième :

- M’sieur vous devez partir très tôt  pour arriver à l’heure ?! 

- R4 c’est Ralentir les 4 roues ! 

- Ma mère à la même, elle va aussi vite en marche arrière !

Leur imagination est sans bornes, on les entend moins dans les cours de mathématiques de la stricte Mlle Fromentin.

Mais ma voiture, deux mois après, dévoile une fente dans son tuyau d’échappement et l’engin émet un bruit plus sportif, je tiens ma revanche, j’élabore un plan. Je vais faire croire à ces trois fantaisistes de la 5ème 4 que j’ai un moteur spécial élaboré secrètement par des ingénieurs de l’aéronautique. Ils paraissent futés comme ça dans la moquerie, mais Mlle Fromentin me donne quelques renseignements sur le niveau général des lascars,  c’est moins brillant que les pare-chocs de ma bagnole…

J’ai trouvé un autocollant vantant les mérites d’une entreprise située à Roissy, j’en colle une partie sur la face intérieure du capot moteur qui s’ouvre d’arrière en avant, le mot « Roissy » sera bien en évidence et légèrement recouvert de graisse, sur ce montant devenu vertical  à l’ouverture. Un samedi matin, à la sortie, j’invite les meneurs à venir voir rapidement le compartiment moteur de la R4 garée sur le parking des profs. En leur donnant la consigne d’être discret :

- Attention, faut être prudent, la mécanique n’est pas validée par Billancourt !

Je sais que toute la classe sera au courant très vite le lundi qui suit. J’ai peint au pochoir le nombre 747 sur la circonférence noire du filtre à air. Je soulève le capot, je montre le 747 qui semble véridique puisque :

- Le carnet d’entretien indique bien la cylindrée, les techniciens sont malins c’est pour mieux tromper le grand public !

J’explique ensuite que  les ingénieurs ont en réalité emprunté une pièce à un Boeing 747, et que cela donne trois fois plus de puissance :

- Ça paraît étonnant mais c’est uniquement une tuyère coudée !

Et l’argument final :

- Bon, pour l’instant c’est un prototype, le principal pour moi c’est que la caisse tienne sa trajectoire car faut vraiment tenir le volant avec cette poussée !

Mines ébahies de mes trois moqueurs. J’étais tranquille jusqu’à la fin de l’année.

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On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps…

Et si possible, joignez à votre histoire des photos….

On adore ça chez POA !

Merci.