Alfa Romeo 75 Turbo : "je l'ai sauvée !"

Dans une situation financière difficile à l'époque avant d'être racheté par Fiat, pour sa nouvelle 75, Alfa reprit la base et les motorisations de la Gulietta lancée en 1977, elle-même issue de l'Alfetta. La 75 lui empruntait également des éléments de carrosserie (portes, pare-brise, etc). Coté motorisation, Alfa se montra plus ambitieux avec une version plus musclée turbocompressée réalisée à partir du bon vieux Busso 4 cylindres de 1,8 l, donnant 155 ch. Puissance élevée en 1986 qui lui permettait de pointer à 215 km/h avec des accélérations plus toniques (28,5 s aux 1000 m DA) et des reprises encore plus agressives.   

Sur la neige blanche, la silhouette noire originale de la 75 se dessine mieux

La 75 conserva la poupe massive qui avait étonné sur la Giulietta dont elle reprenait la structure

Son comportement routier avait progressé par rapport à l'ancienne Alfetta. Malgré son autobloquant, car l'antipatinage n'existait pas, il fallait se montrer réfléchi avec l'accélérateur sur une chaussée mouillée comme toutes les puissantes propulsions de cette époque. Produite jusqu'en 1993, la 75 a connu un honorable succès commercial puisque 386 000 exemplaires ont été fabriquées, dont 102 542 Turbo jusqu'en 1993, où la 155 lui succéda. En 1991, pour dynamiser ses ventes déclinantes, Alfa dévoila une série limitée à 1 000 exemplaires nommées Potenziata dont le 1,8 l était poussé à 165 ch lié à une présentation spécifique comme celle de Maxime.

C'était la mode des planches de bord dessinées à l'équerre. La direction n'était pas assistée

4 cylindres, double arbre, turbo, gros échangeur air-air, le filtre à air direct vert n'est pas d'origine

10 ans dehors

" C'est une voiture que mon ami Christophe m'a donnée en 2018 car je lui ai promis de la sauver de la casse. Il l'avait achetée en 2002 avec 194 000 km au compteur à une époque où elle ne valait rien du tout. Mais n'ayant pas pu rouler avec, il l'a laissée 7 ans dehors sur un terrain jusqu'en 2009. Puis, elle a été reprise par un autre copain Xavier, également passionné d'Alfa qui l'a encore laissée 3 ans dehors jusqu'en 2012 puis dans un garage avant que je la récupère en 2018 lorsque Christophe me l'a donnée.  Elle était restée 17 ans sans rouler dont 10 ans dehors ! J'ai décidé de la faire restaurer et cela a encore pris 18 mois jusqu'en juillet 2019 où j'ai enfin pu rouler avec " raconte Maxime.

Chance inouïe surtout sur une Alfa et malgré avoir passé dix ans sous la pluie et la neige et dans la boue, sa carrosserie n'était pas corrodée. Maxime a seulement fait repeindre quelques parties de celle-ci et refaire les jantes par un carrossier. Mécaniquement, il a fait changer les freins, tous les joints, les amortisseurs, silentblocs moteur et suspensions. Malgré   ses 194 000 km, le double-arbre était encore en pleine forme dont il n'a fait que changer son joint de culasse.

C'est la 75 qui permit à Maxime de devenir Alfiste à... 40 ans !

La Potenziata était chaussée de jantes spécifiques Speeline en 14 pouces

Alfiste d'après moi

Ce qui intéressait d'abord Maxime, c'était l'histoire de cette voiture dont il a retrouvé la trace de ses précédents propriétaire et de la sauver de la ferraille. " Surtout que c'est une rares série spéciale Potenziata de 1992 qui, outre le moteur poussé à 165 ch, est équipée de belles jantes Speedline et de sièges Recaro.   Je n'ai parcouru que 4000 km avec pour des sorties avec le sympathique club Alfa des Volcans dont je fais partie et quelques balades.  Avec elle, je suis devenu Alfiste malgré moi. J'aime son bruit particulier quoique feutré par le turbo, son excellente position de conduite due aux sièges Recaro, son moteur puissant qui a du couple à bas régimes. C'est une voiture un peu méconnue et discrète surtout dans sa couleur noire métallisée.  J'ai trouvé du tissu d'origine en Italie et je vais bientôt faire refaire les sièges. Je l'adore ".

Je me souviens que la 75 Turbo était un régal à piloter. Un vrai avion de chasse pour l'époque qui permettait d'oublier un doublé rien qu'en accélérant sans changer de rapport. Ca tombait bien car la commande de boîte restait perfectible avec trop de débattements liée à une course trop longue de l'embrayage.  La 75 avoinait fort surtout celles du service de presse d'Alfa peaufinées par un chef d'atelier prénommé, c'est amusant, Romeo. J'ai appris, par hasard, que les voitures destinées aux journalistes étaient légèrement préparées en trafiquant la soupape de décharge du waste-gate du turbo qui rajoutait de la pression au Garrett sensé souffler à 0,8 bars.

Avec cette voiture, Maxime a été atteint du virus Alfa et depuis une belle 156 V6 a rejoint sa 75 qu'il conservera toute sa vie car il lui a redonné la vie. Son rêve serait de joindre à ses deux Alfa, une troisième avec un coupé Bertone GTV.

Plaque numérotée sur la console centrale. 1000 ont été produites

Les commandes des glaces électriques sont situées sur le pavillon

Curieuse forme en poignée du frein à main

En 2018 Maxime a découvert son Alfa dans cet état après être restée 10 ans dehors

Mes souvenirs tous les mois dans le magazine Youngtimers