Souvenirs d’Autos (437) La femme à l’Océane

C’était en juin dernier le centenaire des 24h du Mans et Ferrari faisait son grand retour, quels moments, quelle course, que d’émotions de presque revivre la course mythique de 1966.

Et cela m’a ramené quelques années avant…

…Depuis 1962 j’étais au lycée à l’âge où comme tant d'autres je commençais à m’intéresser aux filles et aux bagnoles, et très vite j’ai été subjugué par la conjugaison d’une femme élégante un foulard noué sur ses cheveux, souriant au soleil du printemps, si fière, telle une amazone au volant d'un rare et sublime cabriolet Océane que j'apercevais quelquefois stationné devant la gare de Savigny, mais qui attendait-elle ? j'aurais tellement aimé que ce fut moi…

Mon meilleur copain de cette époque s’appelait Fabrice, nous étions du même patelin de banlieue sud et on se retrouvait dans notre bahut presque tous les jours - nous n’étions plus dans la même section, j'avais redoublé ma 5è - J'arrivais en train, et lui plus souvent accompagné par sa mère dans sa magnifique Simca 1300 bleue ciel (enfin il me semble).

Mes parents, dignes représentants de la classe moyenne laborieuse n’avaient pas encore de voiture, mais encore leur première télévision Thomson, petit écran protégé par une grosse boite en bois de placage sur laquelle nous avions le droit de regarder le dimanche soir “Les Globes Trotters”.*

Fabrice lui, avait la chance d'avoir un grand père garagiste dans les Ardennes et à cette période son grand sujet au retour des vacances était la nouvelle Jaguar type E que son aïeul avait essayé et qu’il trouvait extraordinaire, si ce n’était sa boite de vitesse qui chauffait terriblement, mon tempérament lunaire et rêveur qui ne connaissait de l’auto que ses photos vues dans "Pilote" déclencha mon second émoi esthétique pour une chose mécanique et j’imaginais que chauffer cela pouvait être pratique l'hiver ou pour le thermos de café lors d’un pique-nique, à 14 ans on avait de l'imagination!, nous montions des maquettes "Heller" de Mirage IV, du sous-marin "Polaris", avec ces petits bulbes de colle à la drôle d'odeur puis James Bond débarqua dans nos vies en DB 5, reléguant John Drake au passé…

…Et le mois de Mai 1966 arriva, et j’achetai mon premier "Sport Auto" au grand dam de ma mère qui ne comprenait pas pourquoi je dépensais n’importe comment le peu d’argent de poche qu’elle me donnait.

Bien entendu, influencé par son papy concessionnaire, Fabrice était à fond pour la moderne Ford GT40 dont il connaissait les moindres détails, moi plus romantique, avec un peu de sang de Reggio-Emilia dans les veines, pour Ferrari qui régnait sur le circuit, avec des autos aux formes tellement plus sensuelles, bien plus belles, plus rapides, et surtout plus rouges, on connaît la suite…

…Quand au souvenir du cabriolet Français, il est fort probable que je n’ai vu réellement qu'une une fois cette Simca Océane, à moins que ce ne fut un coupé Plein Ciel mais après quelques recherches infructueuses je viens de me rendre compte que l’élégante femme au foulard ne devait être qu’une publicité placardée sur des panneaux qui commençaient à envahir sournoisement le paysage urbain sur le quai des gares…

La mémoire vous joue de ses tours!

* clin d’œil au Commandant Chatel ;-)

Et bien entendu relire "Les plus belles femmes de Paris aiment la Simca Océane" de l’ami, Patrice Vergès :

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On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps…

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