Simca 1308 Jubilé : rarissime !

En principe, un jubilé fête un cinquantième anniversaire mais aussi un sympathique anniversaire puisque après le titre de voiture de l'Année 1976 pour la 1308, l'Horizon le recevait deux ans plus tard.  Lancée en mars 1979, la mission de cette sympathique série spéciale était de soutenir les ventes de la 1308 qui avaient brusquement chuté depuis l'apparition de l'Horizon. Ce fut hélas sa concurrente numéro un dont le volume trop proche de cette dernière souhaité par Chrysler US détourna de futurs acheteurs de 1308. La Jubilé était un mix entre la 1307 et la 1309 se reconnaissant à sa peinture bicolore, ses boucliers peints et ses belles jantes en alliage à 16 bâtons Pedrini et à son toit ouvrant de série. Intérieurement, elle adoptait des glaces teintées à commandes électriques à l'avant, d'une direction assistée et d'un garnissage des sièges en beau velours.  Produite moins d'un an, elle était facturée 39 950 francs contre 35100 francs pour la 1307 S et 42 950 francs pour la luxueuse 1309 SX.

Comme toutes les Jubilé, celle de Fabrice est bicolore avec le bas de caisse gris onagre dont le foncé est estompé par l'ombre et le haut gris futura plus clair

Les boucliers en composite de la Jubilé étaient peints en noir contre gris clair pour la 1307 S

Achetée avec 18 000 km seulement

Nous avons parcouru une vingtaine de kilomètres au coté de Fabrice heureux possesseurs de cette rare Jubilé qui totalise seulement 62 000 km.

"Je l'ai achetée en 1999 avec 18 000 km au compteur. Son propriétaire étant décédé, sa voiture dormait dans son garage au sec bien protégée sous une couverture. Avec, j'ai parcouru 44 000 km en 23 ans sans aucune problème " avoue Fabrice. Hormis le 1440 cm3 de 85 ch dont la sonorité un peu trop présente dans l'habitacle dénote aujourd'hui, la 1308 apparait encore étonnante de modernité.

La planche de bord comprenait la même instrumentation à 6 cadrans de la 1307 et 1100 Ti dont un mano d'huile

Sièges à appui-tête recouverts d'un beau garnissage en velours gris

Sa suspension est très confortable, ses freins à à disque à l'avant suffisamment puissants dans notre circulation tandis que sa direction assistée la rend plus docile à conduire et à manœuvrer. Quant à la visibilité, elle est bien meilleure que celle de notre auto actuelle.  Chance inouïe comparée à d'autres 1308, la sienne était quasi-exempte de corrosion.

"Je l'ai fait simplement repeindre extérieurement peu de temps après l'avoir achetée au printemps 2000 et changé l'embrayage avec évidemment l'entretien classique. C'est une voiture encore très sûre et sécurisante et super confortable. Je n'ai pas peur d'envisager de longues distances avec surtout lors de concentration Simca. Avec je suis allée en Angleterre, soit plus de 1000 km aller et retour sans aucun ennuis !"

Classique 4 cylindres Poissy qui dans cette version 1442 cm3 délivrait 85 ch taxé en 7 CV fiscaux contre 8 l'année précédente

Jantes en alliage de 13 pouces à 16 rayons Pedrini

Simcatiste depuis 30 ans

Dans la famille de Fabrice, on roule Simca. Déjà enfant, il a voyagé sur la banquette arrière de la 1307 paternelle et dès 1993 il a acheté successivement deux Simca 1100 suivies d'un joli break 1301 S qui ont précédé sa 1308.

"C'est une voiture rare en Jubilé. Au club Simca France dont le fais partie, on n'en compte que trois. On me fait souvent des propositions d'achat que je refuse évidemment. C'est une voiture que je conserverai"

Sur le hayon arrière, le sigle Jubilé 1308 S

Depuis juillet 1970, la marque Simca n'existe théoriquement plus, rebaptisée Chrysler France déroutant quelque peu les acheteurs

Passionné par les Simca, c'est à son volant que Fabrice rejoindra du 18 au 21 mai prochains le rassemblement organisé par le Club Simca France à Gujan-Mestras près d'Arcachon. Il y retrouvera environ autres 250 Simca dont des 1308 et 1510 sans oublier la 1300 qui fête cette année son 60 e anniversaire.

Fabrice roule en Simca depuis 30 ans et près de 24 ans avec sa 1308. Et ce n'est pas fini 

Début 1975, l'Action Automobile annonce la prochaine sortie de la future Simca

Une marque sacrifiée

Je reviendrai peu sur ses caractéristiques déjà évoquée sur POA à travers la Solara SX de Fabien Labbé et la 1308 de Didier Sourmais ainsi que dans plusieurs de mes bouquins. On imagine mal aujourd'hui le succès que la 1308 a rencontré lors de sa sortie. Invité à sa présentation chez le concessionnaire local, je n'ai pu entrer tant qu'il y avait de monde dans le show-room ! J'ai retrouvé il y a peu un essai tout jauni d'une 1510 publié en octobre 1979 qui était quasi-identique à la 1308 sauf sa face avant et ses feux rouges. Je l'ai publié sur ma page Facebook, le 9 février dernier.

Et de conclure en 1979 "La 1510 n'a pas vieilli mais elle s'est bonifiée et que si nous devions la noter comme une écolière, nous lui donnerions 16 sur 20  avec une petite annotation dans la marge "élève doué" mais pourrait atteindre la perfection avec un petit effort ". C'était gonflé de la part d'un type comme moi qui était un gros nul à l'école.

L'histoire tragique de cette marque est passionnante depuis sa naissance jusqu'à sa disparition. S'il y a un coupable dans l'histoire de la marque depuis 1936 jusqu'en 1986, ce n'est pas Fiat qui l'a créée et encore moins Peugeot comme on le lit trop souvent. C'est Chrysler qui, à partir de 1972, n'a plus assez investi, considérant sa filiale française comme une simple machine à cash avant d'être lui même aux portes de la faillite le contraignant à vendre ses filiales européennes. Simca méritait mieux !