Opel Commodore GS/E : Les amis de mes amis sont mes amis !

En effet, son premier acheteur l'a vendu à un de ses amis en 1979 qui l'a revendu à un autre ami qui l'a transmis à un de ses amis avant de la céder à Didier depuis peu, quatrième propriétaire de cette voiture en 49 ans. Fait rare, cette Opel affiche un livret d'entretien à jour avec les révisions et toutes ses vidanges.  Son nouveau propriétaire Didier qui préside à la destinée du Musée automobile "La Virée d'Antan" à Brassac les Mines est un véritable passionné.

"J'ai du posséder autour de 200 voitures et j'en compte actuellement 36 dans ma collection personnelle. De la Rosengart en passant par la Ford Granada coupé, la Manta CC ou la Pontiac Transam 7,4 l ou une rare Fiat 133 issue de la 850.  En fait, j'aime conserver. Je ne vends rien !"

La Commodore était dérivée de l'Opel Rekord proposée autant en berline qu'en coupé

Ce coupé datant de mars 1973 est dans un état exceptionnel totalisant seulement 88 000 km

Cocktail entre la Rekord et la Kapitan

Un peu d'histoire. Née en 1967 l'Opel Commodore était un cocktail entre la Rekord 4 cylindres et la Kapitan dont elle empruntait le nouveau 6 cylindres en ligne en 2,5 l. Opel la déclina en version plus sportive, d'abord en GS puis en GS/E à injection en 1970. 
Début 1973, Opel lança la GS/E 2,8 l issue de la nouvelle Rekord II. Proposé en berline ou en coupé 4 places, cette version sportive ne faisait pas dans la discrétion. Il se reconnaissait, comme le précédent à son pavillon recouvert de vinyle noir et surtout par sa face terriblement suggestive due à un épais spoiler ceinturant l'avant.

J'ai possédé, il y a longtemps, un coupé Commodore GS/E rouge vif pas du tout discret. Il suffisait de pointer expressément le mufle de la voiture dans un rétroviseur pour que la voiture précédente vous cède poliment le passage.

La planche de bord était identique à celle de la Rekord  mais en plus cossue et plus sportive avec des manomètres supplémentaires

Moteur 6 cylindres en ligne de 2,8 l de cylindrée et alimenté par injection donnant 160 ch Din

160 chevaux, 200 km/h

Cela dit, il y avait suffisamment de monde sous son long capot pour que la voiture précédente comprenne vite et bien. Un 6 cylindres de 2,8 l en ligne tout en fonte  alimenté par injection électronique Bosch donnant la puissance de 160 ch DIN. Un chiffre impressionnant pour l'époque où la Renault 12 avec ses 54 ch était la voiture la plus vendue en France.

Autant par sa cylindrée que par sa puissance, la Commodore faisait partie de l’élite de la route où on ne retrouvait que quelques Mercedes 280 SE et BMW 2800.  Un coupé GS/E mieux profilé que la berline flirtait avec les 30 secondes aux 1000 mètres départ arrêté et 200 km/h en pointe. Un chiffre tout ce qu’il y avait de respectable en ce début de 1973 où la vitesse était encore libre, plus très longtemps sur autoroute.

Bien moins chère que les BMW et Mercedes, la Commodore faisait appel à du vrai plastique et du faux bois. Ce modèle a tout de même les sièges en cuir

La Commodore existait en GS à deux carburateurs et en GS/E signifiant injection. Le pot d'échappement à double sorties était de série

Du brutal !

Pour une voiture de son segment, la GS/E cachait des dessous plébéiens issus de la Rekord notamment son essieu arrière rigide. Bien sûr, Opel avait sévèrement bridé la suspension, monté des amortisseurs Bilstein à gaz, et glissé dans les jantes chaussées de Michelin XAS 175/14, des disques ventilés à l’avant pour suppléer les tambours à l’arrière. Mais, 160 chevaux, c’est 160 chevaux !

Va encore sur le sec et le bien goudronné où tout ne se passait pas si mal malgré une direction assistée trop démultipliée. Mais dès que la chaussée devenait gras mouillée ou dégradée, le train arrière ruait violemment en patinant et hop, bonjour le survirage ! En fait, ce coté brutal et mal élevé donnait encore plus de charme à la GS/E qu’il fallait respecter.

Seul gros défaut avec l'essieu arrière très rigide, c'était son appétit d’ogre. Difficile de descendre sous la barre des 15 litres, facile de monter à celle des 25 litres en ouvrant un peu trop les gaz. A sa décharge, l’Opel coûtait 25 à 40 % moins cher qu'une Mercedes 280 CE ou BMW 30 CSI !

Le coupé offrait 4 vraies places et un coffre gigantesque

La Commodore était chaussée de roues en tôle de 14 pouces équipées de 175 à l'époque !

Une vraie sportive

Nous recherchons un coin photo. Didier avoue qu'il connaissait mal la Commodore GS/E. Sur les petites routes autour du musée qu'il connaît par cœur, il est ravi par la vivacité de sa monture dont le 6 cylindres chante fort dans l'habitacle. Ah, que c'est bon à entendre un six en ligne !

"Elle est bien plus sportive à conduire que ma Granada 6 cylindres. Elle marche beaucoup plus fort grâce à son moteur plus nerveux. En plus, elle est plus amusante en tenue de route. Enfin, elle est dans un état mécanique exceptionnel. Tu as vu le moteur ? Il n'y a même pas une goutte d'huile qui suinte !"

Dans sa communication, Opel insistait sur le coté sportif de la GS/E

Au milieu des années 70, Jacky et Jean-Louis Ravenel ont réalisé des exploits en course de côte avec leur coupé Commodore

Même après presque un demi-siècle, la GS/E reste impressionnante. Il ne faut pas oublier qu'elle a été une bonne voiture de compétition.  Elle était la reine en tourisme de série (Groupe 1) autant en course de côte qu’en circuit. Elle était non seulement puissante mais relativement légère (1250 kilos). Henry Greder et Marie Claude Beaumont en circuit, les deux frères Ravenel en côte et bien d’autres remportèrent à son volant de nombreuses victoires.

Au total, 40 000 coupés GS et GS/E ont été produits entre 1973 et 1977. Pas si mal si on se rappelle que par sa fiscalité et sa gourmandise, elle a été sévèrement touchée par la crise énergétique de 1974. Dire qu'il y en a qui n'aiment pas les Opel !