Ford Scorpio : le droit à la différence

Par Patrice Vergès. Reprenons notre saga des voitures très moches avec la Ford Scorpio. Précisons, la deuxième série des Scorpio car si la première mouture n’était pas si laide, elle n’était pas un prix de beauté, non plus.



Fin 1994, la Ford Scorpio fut redessinée dans un style innovant qui fut unanimement rejeté par la clientèle . Elle ressemblait à un poisson chat.

En 1985, la Ford Scorpio remplaçait la Granada. Ce moyen-haut de gamme produit par Ford Cologne se voulait la concurrente des BMW 520,  Mercedes 250 et autres R25 et CX. Dessinée par l’équipe du français Patrick Le Quement qui travaillait alors pour Ford Cologne, la première Scorpio se caractérisait par son esthétique pesante style blockhaus. Le Quement s’était déjà pris les pieds dans le tapis avec la première Sierra qui fut restylée seulement au bout de trois ans, face au rejet de la clientèle qui la surnomma la crème en gelée.

Cela dit,  la Ford Scorpio ne manquait pas de qualités. A savoir, un bon confort, une habitabilité généreuse, une  tenue de route rigoureuse, un équipement copieux en Ghia. J’ai effectué à son volant des nombreux kilomètres et constaté que c’était une excellente routière offrant, comme toutes les Ford, un excellent rapport qualité-prix. Notons qu’elle fut la première voiture à proposer l’ABS de série, ce qui lui valut certainement le titre de Voiture de l’Année 1986.

Elle souffrait de moteurs un poil poussifs surtout en version diesel 2,5 l d’origine Peugeot Indénor et de ses antiques V6 trop gourmands. Comme les Opel, elle fut victime d’un déficit d’image et de son esthétique à deux volumes à hayon jugé trop utilitaire et aussi trop lourdingue surtout dans sa partie arrière. L’allongement de la malle en 1990, ne changea pas grand-chose sur les ventes asthéniques.



Née en 1985, la Scorpio offrait une ligne un peu lourde. Son hayon arrière ne fut pas jugé assez statutaire pour une voiture de ce segment

Deuxième série. La voiture poisson

En novembre 1994, apparut une nouvelle version en partie redessinée. On se demande ce qui se passa dans la tête des gens qui validèrent le projet. Avaient-ils trop fumé ou appris qu’ils étaient licenciés la veille ? Ce restylage s’inspirait du look des Ford US d’alors notamment les Lincoln. Il avait pour mission globale de donner une silhouette plus statutaire à la grosse Ford. L’avant aux phares en forme de demi-lune recouverts d’un carénage  triangulaire encadrant une petite calandre  en forme de bouche, faisait songer à la gueule d’un poisson chat. L’arrière, c’était plutôt à une limande avec une malle molle qui rejetait les feux rouges réduit à une fine lame  au dessus du pare-choc souligné d’une baguette chromée trop épaisse. Malgré des motorisations moins mollasses, inutile de dire que cette deuxième mouture fut unanimement rejetée par la clientèle. Avantage de ce désamour,  vous pouvez rouler aujourd’hui, au volant d’un Scorpio d’occasion pour le prix d’un vélo neuf avec dérailleur à 27 vitesses.



La poupe aux courbes molles se déterminait par ses feux rouges repoussés à la base de l’ouverture de la malle

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