Ford Consul "il était si laid, que quand il faisait des grimaces, il l'était moins"

Continuons notre saga des voitures moches avec la Ford Consul 315 à la durée de vie très éphémère puisqu’elle n’a vécu que de 1961 à début 1964 ; un record de brièveté en matière de durée de vie d’une automobile. Pourquoi ? Patrice Vergès



A sa naissance, cette Ford arborait des lignes déjà démodées inspirées des modèles US

Parce qu’elle était laide. Epouvantablement moche. En évoquant un type laid, l’humoriste Jules Renard déclarait « Il était si laid, que lorsqu’il faisait des grimaces, il l’était moins ». Même, avec de la tôle froissée, la Consul 315 restait aussi moche. En 1961, lorsque la Consul 315 a pointé son capot plongeant troué d’une calandre composée uniquement de cinq étoiles entourées de clignotants boursouflés comme rapportés, lorsqu’elle a montré ses flancs creusés de nervures en forme de cicatrice mal cicatrisées, lorsqu’elle a dévoilé sa curieuse lunette arrière inversée et ses moignons pas mignons d’ailerons arrondis tombant vers le bas, le monde a été unanime à la trouver laide.

 La fameuse ligne Z

 Ce n’est pas sa lunette inversée, baptisée plus tard ligne Z, qui a choqué. Cette disposition avait le mérite d’accroître le volume pour la tête des passagers arrière et d’éviter que la vitre ne se salisse. La Ford Lincoln 1958 en hérita avant que l’Anglia produite par la filiale anglaise la démocratise suivie par Citroën avec l’Ami 6 puis de nouveau par Ford sur sa 315.En fait, le styliste de la 315, Colin Neal avait assez bien réussi son coup au niveau du dessin du pavillon. C’est pour le reste qu’il s’était planté grave avec trop de formes antinomiques rajoutées au petit bonheur la chance sans aucune cohésion stylistique. Elle était déjà datée à sa sortie.  Dommage car elle ne manquait pas d’arguments  de poids : un prix compétitif, des freins avant à disque et quatre phares, alors un signe de modernité absolu. De plus, elle était joliment finie avec une planche de bord agréable et un honnête volume intérieur appuyé par un coffre immense.

Las, outre son esthétique calamiteuse, elle montra rapidement un autre gros problème. Sous son capot plongeant, il y avait  un moteur de 1340 cm3 extrapolé du 998 cm3 de sa petite sœur l’Anglia dont on avait allongé la course. Trop allongé !  Pas assez puissant, ce moteur avouait une nette propension à chauffer. Non seulement il n’avait pas de génie mais il bouillait !



La Consul 315 innovait par sa lunette arrière inversée déjà vue sur l’Anglia puis sur l’Ami6 qui fut dévoilée à la même époque

Pire encore le coupé !



Dès 1963, la Consul 315 hérita d’une nouvelle mécanique 1500 cm3 plus moderne destinée à sa petite sœur la Cortina. Le coupé qui était dérivé de la 315, l’adopta aussi. Le coupé était encore plus loupé ! Baptisé Capri, un nom repris quelques années plus tard sur un autre coupé Ford, il semblait avoir été décapité avec un pavillon trop aplati à la custode trop inclinée par rapport à l’angle trop vertical du pare-brise et un arrière interminable. De profil, on ne savait pas toujours dans quel sens la voiture allait partir Evidemment, il ne plut pas davantage aux acheteurs.

Grâce à son excellent rapport qualité et ses lignes banales mais mieux proportionnées, la Cortina  porta un coup fatal à la 315 qui ne dépassa pas l’été 1964  En quatre ans l’aventure 315 était pliée. Presque un record en matière de longévité d’un modèle ! Elle aurait pu connaître une honnête deuxième vie en occasion puis plus tard en future de collection. Même pas. A croire que le malheur ne se repose jamais. La Consul 315 avait un autre vice avec la corrosion. Voilà pourquoi, elle a vite disparu de nos routes dévorée par ce cancer comme pour se faire  plus vite oublier en s’excusant d’avoir vécu autant de temps. Mourir aussi rapidement, c’était assurément un manque évident de savoir vivre.

 



Le coupé au pavillon trop incliné était encore moins réussi que la berline _le cockpit trop court entrainait une malle trop longue qui déséquilibrait sa silhouette