Souvenirs d’Autos (29) : la Cadillac ou la maison, il faut choisir.

Par Thibault Chatel. 1985. Je suis associé à mon ami François Berthelot (lui aussi un passionné de voitures) au sein de Torpédo Productions, où nous réalisons des jingles publicitaires. Nous enregistrons, d’ailleurs, des campagnes radio pour Renault, Peugeot, Alfa-Roméo, etc. (le lecteur, que j’espère passionné, remarquera que le nom de la boîte avait été particulièrement bien choisi…)



À l’époque, nous travaillons souvent avec un immense musicien doublé d’un homme au cœur « gros comme ça. » Un prince Byzantin, un seigneur du show-business, un maestro du clavier. J’ai nommé Roland Romanelli. Il a accompagné Barbara pendant des années et il est un des pionniers du synthétiseur en France. Un mec formidable que j’adore.

Roland, comme nous tous, aime les belles voitures. Dans ces années-là, il roule dans une Ferrari 308 (je crois) et dans une Golf GTI, préparée par je ne sais qui, roulant à 220 avec un intérieur en cuir fabuleux !... Ben oui, Roland ne va quand même pas se déplacer dans une GTI lambda…

Un jour, nous travaillons au Studio des Dames dans le 17^e arrondissement de Paris et je vois mon Roland débouler au volant d’une Cadillac Séville blanche, intérieur cuir rouge, flambant neuve. Il est heureux comme un gosse au volant de sa magnifique auto… Mais, il y a un « mais » !

Remontons le temps de quelques jours : Roland passe avec sa Golf devant chez Jean-Charles (un importateur de voitures américaines dans le 16^e)… Il tombe en arrêt devant cette magnifique Cadillac, qui lui fait de l’œil dans la vitrine. Il veut se l’offrir… mais comme il manque de liquidités, il propose en échange sa Ferrari… mais comme ce n’est pas assez, il doit ajouter sa Golf (Le lecteur remarquera que si Roland est un immense musicien, son sens du commerce n’est pas sa qualité la plus aboutie)…

Bref, après ce coup fumant, il repart au volant de la Cadillac. Il rentre chez lui, dans la banlieue ouest, où il découvre, forcément navré, que son carrosse de 5,20 mètres de long ne rentre pas dans l’ascenseur descendant au parking (c’est un parking qui n’est pas équipé d’une rampe…) !

La chanteuse Barbara et Roland Romanelli

Je le vois contrarié à cause de cette histoire que Roland me raconte en prenant un café. Je lui dis :

-   Alors, qu’est-ce que tu vas faire ?

-   Vendre, bien sûr ! me répond Roland, avec un sourire forcé. Que faire d’autre ?

Je me dis, c’est triste, être forcé de se séparer d’une Cadillac toute neuve dont il rêvait… Mais c’était mal connaître « Le » Roland Romanelli. C’est l’appartement qu’il a vendu… pour garder la voiture !

Voilà ce que j’appelle un homme qui sait prendre des décisions !

Roland, tu es un King !

Et je me prosterne à tes pieds sublimes.

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*Je m’appelle Thibaut, je suis né en 1959. Il se trouve que j’ai toujours adoré les automobiles… Pourquoi ? Sans doute parce que j’aime l’idée de liberté. On monte dans sa voiture, on démarre, on s’en va ailleurs. Là où il fait beau, au bord de la mer, à la campagne… peu importe. Parfois, je repense à des histoires d’enfance, d’adolescence, de jeunesse et j’ai décidé de les livrer à P.O.A.