Souvenirs d’Autos (52) : Michèle Mouton à bout de nerf

Par Thibaut Chatel*. 1982.Je « couvre » le Tour de Corse où nous faisons des publi-reportages. Le souci, c’est que je ne me souviens plus pour quel client… Une marque d’huile ou d’essence ?  Peu importe.



Bref. Nous sommes quelques jours avant le départ de la course, installé à au Maquis près d’Ajaccio (il n’y a pas à se plaindre…)

Ce soir là, j’ai déjà une longue journée de boulot dans les pattes, et mon patron me dit :

-       Ah au fait, tu vas aller enregistrer « vite fait » Michèle Mouton dans sa bagnole. Tu lui poses « vite fait » les questions habituelles (comment c’est d’être une femme dans un monde d’hommes…. vachement intéressant comme question, mais bon), et tu me montes « vite-fait » une 30 secondes. Il faut que ça parte avant demain matin et voilà.

Je déboule sur le parking où je retrouve Michèle Mouton et son Audi Quattro. Un vrai monstre. Pas Michèle Mouton qui était une jolie femme, très sympathique… mais son Audi Quatro, très impressionnante avec ses nombreux phares !

Nous voilà partis… J’imagine que c’était le mulet… mais cette bagnole marchait du feu de Dieu et nous étions propulsés d’un virage à l’autre (je précise, sur route ouverte…)



Petit souci, on venait d’installer à Michèle Mouton un embrayage électrique pour qu’elle pilote à la nordique (un pied sur l’accélérateur pour maintenir le turbo au-dessus de 4000 tours) et l’autre sur le frein… Il y avait un bouton sur le levier de vitesse sur lequel il fallait appuyer pour embrayer et débrayer… Et, elle DÉTESTAIT ça !

Donc, j’enregistre avec mon Nagra, je pose mes questions idiotes et les réponses donnent, le tout dans un bruit d’enfer :

-       Eh bien, être une femme, c’est… putain ! merde ! fait chier cet embrayage à la con ! Oui, donc, être une femme ce n’est pas plus.. Oh merde ! saleté d’embrayage électrique… Oui, je disais… y en a marre de ce truc-là !!

Après une bonne demi-heure, nous rentrons au camp de base, moi secoué comme un prunier et elle jurant et pestant contre les ingénieurs d’Audi… Je vais dans ma chambre faire mon montage « vite-fait » qui me prend trois ou quatre heures pour couper les « putains » et les « fait chier » !

Mais c’était mon boulot… et le message part à l’aube…

En tout cas, merci Madame Mouton pour la balade, vous aviez un coup de volant fabuleux.

retrouvez les 52 souvenirs d'autos du Commandant Chatel



*Je m’appelle Thibaut, je suis né en 1959. Il se trouve que j’ai toujours adoré les automobiles… Pourquoi ? Sans doute parce que j’aime l’idée de liberté. On monte dans sa voiture, on démarre, on s’en va ailleurs. Là où il fait beau, au bord de la mer, à la campagne… peu importe. Parfois, je repense à des histoires d’enfance, d’adolescence, de jeunesse et j’ai décidé de les livrer à P.O.A.