Réflexion sur le temps qui passe... en Porsche

Carte Blanche 

à Patrice Vergès

 

Il y a 35 ans je promenais mes deux filles sur la minuscule banquette arrière de ma Porsche 911 Targa.  Aujourd’hui ce sont elles qui me baladent au volant d’une Porsche. Réflexions sur le temps qui passe…. 

 

Patrice Vergès

 

Grâce à un concessionnaire ami (Auto 19), les bijoux Mauboussin et Natuzzi, j’ai été invité à découvrir les derniers modèles de Porsche sur le circuit privé d’Issoire. L’aînée de mes filles, Erica était coorganisatrice et Christelle était son invitée. 



Retour vers le passé 

 

A l’époque, ma Porsche n’était plus de première jeunesse, laissait des traînées d’huile pour signaler son passage et son entretien me coûtait une petite fortune. Je me souviens que le prix du pot d’échappement était l’équivalent d’un mois de salaire de l’époque. Elles étaient encore distribuées par l’importateur Sonauto qui, en bon intermédiaire, chargeait un peu la barque sur le tarif des pièces détachées. Ne me faites pas dire que les Porsche sont bradées aujourd’hui mais leur coût d’utilisation est devenu beaucoup plus raisonnable. Le temps a passé….. 

 

L’occasion était belle de monter au coté de ma fille Christelle au sein du petit habitacle d’un Boxster. Je ne me rappelle pas depuis combien de temps je ne m’étais pas fait conduire par ma fille. Plus de 20 ans certainement. Elle prenait parfois le volant de voitures prêtées par le service presse parisien des constructeurs. Et de me souvenir qu’elle pilotait déjà fort bien. Lorsqu’elles étaient ado, je leur montrais les trajectoires à prendre sur les routes désertes lorsque nous descendions chez mes parents qui dorment aujourd’hui avec les anges. Mon Dieu, c’était déjà il y a longtemps. Le temps a filé. Vite. 

 

« Comme une aventure extraconjugale » 

 

J’ai été étonné de voir ma fille qui conduit un trail franco-japonais tous les jours, maîtriser si facilement les 300 ch du Boxster et prendre les bonnes trajectoires. Un enfant quel que soit son âge, reste un enfant.  Quel était son sentiment autour de cette Porsche ?« Avoir une auto comme cela, c’est comme une aventure extraconjugale. C’est une voiture amant ! Jouissif. Je ne dis pas que je n’en aurai pas une un jour ».  En songeant à son mari, j’ai imaginé qu’elle me parlait de la Porsche dont elle m’a avoué, en revanche, ne pas aimer les commandes des clignotants bon marché et la couleur du cuir marron dont le tarif mériterait au constructeur de passer en correctionnelle. 

 

Je n’imaginais pas ma fille autant passionnée. Enfant, elle ne s’amusait guère lorsque travaillant pour Echappement ou Auto Hebdo, je l’emmenais avec moi dans une compétition automobile. C’est vieux tout ça, le temps a passé. Vite. Si vite. 

 

Tout est différent et pourtant pareil 

 

A cette époque, j’avais l’occasion d’essayer des Porsche au coté de pilotes. J’ai le souvenir de plusieurs tours de Magny Cours en Carrera 2,7 l RS de 210 ch dont le président du club Porsche local Jacques Perron m’a appris qu’elle coûtait de nos jours près de 300 000 euros ! Aujourd’hui, c’est le moniteur de pilotage Romain Delage qui m’a démontré qu’on pouvait faire avec une GTS de plus de 400 ch dont l’électronique était débranchée. Une enivrante leçon de pilotage. De nouveaux, des sensations que l’on croit oubliées  me sont revenues à l’esprit notamment l’habitacle surchauffé, l’odeur entêtante de l’huile chaude, le combat des mains du pilote entre le volant et le levier de vitesses. Plus rien de tout cela dans une Porsche moderne malgré 400 ch à passer aux roues. L’habitacle était frais refroidi par la climatisation, l’eau ne dépassait pas 80 degrés malgré les 30 degrés extérieurs et l’exploitation au maximum de la mécanique tandis que la boîte PDK qui gérait à merveille les feulantes rotations du flat-six, laissait libre ses deux mains qu’il laissait adroitement glisser sur le petit volant gainé de cuir. Tout est différent et pourtant pareil ! De nouveau, j’ai pensé que beaucoup de choses avaient changé au cours de ces 35 années qui avaient passé. Vite. Trop vite. Beaucoup trop vite. 

 

(Merci Romuald Terranova pour son objectif sûr et talentueux) 

 

Romain Delage dans ses …..œuvres



 Christelle (la blonde) , Erica (la brune) au sein de l’habitacle d’un Boxster 3,2 l S



 Pour Christelle, conduire une Porsche est digne d'une relation extraconjugale