Souvenirs d'Auto (33) : Un démarreur ? Mais pour quoi faire ?

Par Thibault  Chatel*. Été 1973.Je prends l’avion pour Bastia où je vais traditionnellement passer deux semaines de vacances avec mon père. Il possède une petite maison près de Moriani, au sommet d’une colline plantée d’oliviers et j’adore cet endroit si beau.



Sur la rampe du parking, une surprise ! Mon père n’est pas venu avec la vieille 4L qui tombait en morceaux et il me désigne sa nouvelle auto (garée dans le sens de la descente) : une magnifique 403 noir avec toit ouvrant ! La classe !Il vient de l’acheter aux Domaines avec 400 000 kilomètres au compteur. La carrosserie est en bel état. Les fauteuils sont un peu défoncés (il a même placé un coussin à la place conducteur pour voir la route) mais ils sont en cuir fauve. Cette 403 a une certaine gueule.



Cette voiture ma fascine, car on ne peut pas la fermer à clé (vu qu’il n’y a pas de serrure) et sur le Neiman, il y a une sorte de clé en Bakélite (qu’on ne peut pas retirer) pour démarrer et couper le moteur. Donc, n’importe qui peut monter dans cette auto, démarrer et s’en aller ! Moi, du haut de mes 13 ans, ça m’inquiète… Mon père, lui est très calme et me dit « Mais qui irait voler cette voiture ? »

Moi, je pense « tout le monde ! »

On monte en voiture, mon père met le contact, retire le frein à main et laisse la voiture prendre de la vitesse… puis, il embraye, passe la seconde et la voiture démarre !

Je lui dis « Le démarreur est en panne ? ».

Il me répond « Oui, c’était son seul défaut ! »

J’ajoute « Tu ne le fais pas changer ? »

Il conclue, royal « Un démarreur neuf ? Pour quoi faire, il y a des pentes partout dans ce pays ! »

La 403 des Domaines restera encore quelques années en Corse avec mon père. Il ne fera jamais réparer le démarreur  et la 403 ne sera jamais volée !

Quelques 35 années plus tard, je tourne un film documentaire sur l’histoire de la marque Peugeot et j’ai l’occasion de conduire une 403 (décapotable celle-là) ! Je retrouve les vitesses au volant, le large tableau de bord. C’est comme un voyage dans le passé qui fait du bien.





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*Je m’appelle Thibaut, je suis né en 1959. Il se trouve que j’ai toujours adoré les automobiles… Pourquoi ? Sans doute parce que j’aime l’idée de liberté. On monte dans sa voiture, on démarre, on s’en va ailleurs. Là où il fait beau, au bord de la mer, à la campagne… peu importe. Parfois, je repense à des histoires d’enfance, d’adolescence, de jeunesse et j’ai décidé de les livrer à P.O.A.