Peinture noire mat, nouveau must ou total ringard ?

Peut-être avez-vous remarqué ces étranges bolides aux peintures noires mates glissés subrepticement dans la nuit. À mi-chemin entre avions furtifs de l’US Air Force et carrosse gothique de la famille Adams, ces rejetons de Batmobile sont paradoxalement tout sauf invisibles. Sans aspect brillant ni métallisé, dénuée de tout reflet, la peinture mate crée un effet tôle brut qui est devenu furieusement tendance. Mais pour combien de temps encore ? par Renaud Roubaudi- décembre 2010


Jadis réservé aux motards purs et durs, le phénomène mat est né en pleine crise financière, initié par quelques concessionnaires indépendants qui voulaient conserver leurs clients exclusifs. Du footballeur au trader montré du doigt, les amateurs de sportives « bling bling » ont senti le vent du boulet et troqués sans peine le jaune canari de leurs Lamborghini pour un noir mat de circonstance, façon funérailles de première classe. 

Heureusement l’égo était sauf, car à 15 000 € en 2008, cette option sur mesure était digne d’une œuvre de Soulages. Flairant le bon coup et l’impact médiatique de ces conducteurs jet set, les fabricants de peintures ont alors démocratisé le « mat » en proposant deux solutions. 




Soit la pose d’un film sur la peinture existante qui a l’avantage d’être plus « abordable » financièrement et de pouvoir s’enlever une fois la mode passée, soit une peinture intégrale qui nécessite de décaper la teinte originale, mais offre une bien meilleure finition. 

Comptez 7000 euros pour une Lamborghini entièrement repeinte et environ 2 500 € pour recouvrir une Mini d’un film mat. Voilà qui explique la prolifération soudaine de Tokyo à Miami de petites caisses aussi sombres que ténébreuses. Signe des temps, Fiat et Lancia ont aussi surfé sur la couleur de Batman en intégrant la 500 Black jack (18 350 €) et la Lancia Delta Hard Black (de 31 000 à 35 000 €) à leurs catalogues. 

Désormais, la question n’est pas de savoir s’il s’agit d’une mode passagère, mais quand elle sera ringardisée ? D’un point de vue strictement people, le pic de branchitude a été atteint en début d’année quand Lapo Elkann, le très cool hériter du groupe Fiat, s’affichait publiquement en Maserati black édition. La peinture mate entre désormais dans sa phase de généralisation auprès du grand public, ce qui lui laisse encore un an (deux maximum) avant d’être totalement « has been ». C’est bien connu, la mode est cruelle et sans pitié.

Petites Observations Automobile - décembre 2010