Souvenirs d’Autos (118) : le parfum de l'Aura

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Décidément, Vince, Petit Observateur patenté, est prolifique. Il nous revient avec une histoire qui sent bon… les ennuis !



Début 1998, diplôme en poche, libéré des obligations militaires, je trouve mon premier job, loin du domaine familial. Ma fidèle War 9 (Renault 9 Avenue) faisant alors le bonheur de mon petit frère, je pars en quête d’une nouvelle voiture avec comme seuls impératifs, le solde de mon livret A et la motorisation, un Turbo D.

A l’époque j’avais une foi absolue dans le moteur diesel, symbole de fiabilité et de robustesse. Finis les problèmes d’allumage, de tête de delco et vive la force tranquille de cette motorisation agricole, anoblie depuis son mariage à un haut représentant de l’aristocratie automobile, Sir Turbo.

Avec un budget serré, les stars incontestées du moment, 306 et Golf, étaient hors de portée, je me rabattais donc sur des modèles un peu moins tendance. Comme le disait mon grand-père avec tout son bon sens paysan : « Va pas dépenser les sous que t’as pas encore gagné ».

Je trouve l’annonce adéquate « Vends ZX Aura 3 portes 1.9 Turbo D, 1994, 150 000 km parfait état, 32 000 Francs »

J’appelle et je tombe sur une charmante voix qui m’explique qu’elle est infirmière, que la ZX est son véhicule professionnel d’où le kilométrage, que l’entretien a été scrupuleusement suivi et que d’ailleurs le joint de culasse venait d’être changé ce qui faisait fuir les acheteurs et expliquait le prix intéressant. Je n’étais pas forcément emballé par le modèle mais bon, nécessité fait loi et puis hormis la carrosserie, une ZX c’est quand même un peu une 306.

Le rendez-vous est pris pour un essai. Notre infirmière était aussi charmante que la voix le laissait entendre et le véhicule aussi irréprochable que l’annonce le laissait présager, la transaction fut vite conclue.

Finalement, je l’aimais bien cette ZX 3 portes, en vert anglais avec ces faux airs de coupé et son moteur de 92 CV, plein comme un œuf, ça poussait, ça tenait la route. L’ajout d’une suralimentation donnait à cette mécanique besogneuse des velléités sportives, on pouvait vite se prendre pour Pierre LARTIGUE au volant de sa mythique Citroën Rallye Raid.

Cerise sur le gâteau, au fil des kilomètres parcourus à exercer son beau métier, la charmante infirmière avait durablement imprégné l’habitacle de son parfum délicat.

Ce que personnellement, je trouvais très agréable, n’était absolument pas du gout de ma chère et tendre. Me savoir conduire dans les parfums d’une autre la rendait « légèrement » irritable et il fallut être convainquant face aux soupçons d'une vie de débauches.

Le souvenir de la charmante infirmière s’estompât avec le temps, et pourtant, même avec un habitacle exempt de toutes traces féminines, j’étais injustement gratifié de remarques inquisitoires du genre : « C’est quoi ce parfum, je la connais ? ».

Alors que je préparais une riposte foudroyante, dents serrées, mains crispées sur le volant et profonde inspiration, j’étais coupé dans mon élan par un éclat de rire et un : « Tu verrais ta tête, je te fais marcher et toi, tu cours ». Ah ce que vous pouvez être cruelles.

J’ai gardé la ZX 5 ans et parcouru 160 000 km sans le moindre problème comme quoi, la foi fait des miracles.

Cette rubrique est désormais également la vôtre.

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