Autolib, la mutation électrique est en marche

J’étais hier à la conférence de presse Autolib. J’ai constaté que la presse automobile n’était pas présente, ce qui prouve encore une fois que l’auto partage est un concept qui ne passe pas chez les essayeurs professionnels. Passons.

S’il est encore trop tôt pour juger du succès d’Autolib, les premières remontées sont encourageantes. Inauguré début décembre 2011, Autolib a déjà séduit 15 000 utilisateurs, dont 5198 abonnés à l’année. Un chiffre à mettre en perspective avec le point d’équilibre financier qui est de 80 000 abonnés à l’année. Le groupe Bolloré estime atteindre ce « point mort » d’ici 5 à 7 ans.

Actuellement, 1 500 Bluecar sont en service à Paris et région parisienne, au travers 500 stations. D’ici la fin de l’année, le dispositif complet sera de 3000 voitures et 1500 stations.

Les usagers d’Autolib sont majoritairement des jeunes hommes entre 18 et 35 ans, dont 70 % ne possèdent pas de voiture. Le kilométrage moyen effectué par rotation est de 12, 5 km. 115 000 rotations ont déjà été effectuées, soit plus d’un million de kilomètres. La BlueCar électrique fonctionne bien, n’en déplaise à ses détracteurs.

Malgré les craintes de départ, il y a eu peu de vandalisme ou de détérioration. On note quelques cas isolés ou des pépins de jeunesses. C’est en fait la conduite « automatique » qui déroute le plus. Peu habitués à avoir seulement deux pédales, certains conducteurs confondent freins et accélérateur, ce qui entraine quelques « bobos » sur la face avant. À tel point que les pare-chocs ont été renforcés.

Concernant le marché de la voiture électrique, les chiffres de ventes sont encore très faibles. Depuis le début de l’année en France, 1595 voitures électriques ont été immatriculées au 31 avril, dont :

982 Bluecar (commande de la ville de Paris)

178 Nissan Leaf

151 mia electric

96 Renault (Fluence et Kangoo)

96 Peugeot Ion

71 Citroën CZéro

15 Volkswagen

3 Tesla

3 Mitsubishi Imiev

L’arrivée de la Renault Twizy et en septembre de Zoé va permettre au marché de prendre de l’ampleur. Malgré tout, on est loin des 100 000 véhicules électriques prévue en France 2008. Le constat est le même dans le monde. Seulement 6 000 immatriculations en Chine, comparée aux 17 millions de voitures vendues. Aux USA, ni la Leaf de Nissan, ni la Chevrolet Volt n’ont véritablement décollé.

Faut-il pour autant enterrer la voiture électrique ? Bien sûr que non. La transition démarre à peine et il faut s’inscrire dans une mutation à 10 ans, voir 20 ans. L’offre va rapidement s’étoffer, créant de nouveaux adeptes qui seront eux-mêmes les premiers ambassadeurs. Le bouche-à-oreille restant à ce jour le meilleur moyen de convaincre un utilisateur.

À noter qu’avec 1 500 BlueCar et plus d’un million de kilomètres, le groupe Bolloré représente 20 % du marché mondial. À ce titre, Autolib est une expérience grandeur nature unique qui est observée par toutes les grandes villes, tant sur le principe de l’autopartage que de la voiture électrique.

Qu’il s’agisse d’Autolib, de la Bluecar, de la gamme Renault électrique, de mia electric qui commercialise déjà un véhicule urbain, ou de la Furtive e-GT, la France a beaucoup d’avance sur le sujet. Ne gâchons pas cette chance. Au lieu de voir le verre à moitié vide, mal très français,  il faut soutenir ces projets d’avenir ambitieux.

Un jour prochain, nous assisterons au « turning point », le moment où un marché naissant encore flou aux yeux des utilisateurs potentiels, se transforme en une évidence sociétale et économique. Le « turning point » se rapproche chaque jour un peu plus.  Toute la question est de savoir quand s’opérera la bascule ? À bon entendeur Messieurs les investisseurs…

Petites Observations Automobile - mai 2012